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De quelle manière et dans quel but le jeu théâtral transforme-t-il la relation entre martres et valets ?

Publié le 15/03/2015

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À flouer ainsi la donnée de base de la relation, la question devient, pour le maître comme pour le serviteur, celle de l'identité. À ce point, deux définitions de l'identité sont en compétition. Pour le maître, être, c'est avoir, pour le serviteur, être c'est faire. En cela la problématique est essentiellement théâtrale, puisque sur scène « dire, c'est faire «.

 

Les valets vont donc compenser leur absence d'avoir par une virtuosité du faire. La plupart d'entre eux se félicitent ouvertement des talents qu'ils déploient. Dès son entrée en scène, l'Arlequin du Jeu de l'amour et du hasard sollicite l'approba­tion de son patron : « Eh bien, Monsieur, mon commencement va bien « (I, 8), et Lisette, de son côté, fait valoir à Monsieur Orgon la force irrésistible de ses charmes sur celui qu'elle prend pour le fiancé de sa maîtresse (II, 1). Les Fausses confidences s'achèvent par le cri de triomphe de Dubois : « Ouf ! ma gloire m'ac­cable ; je mériterais bien d'appeler cette femme-là ma bru. «.

« D 1 S S E R T A T 1 .0 N S LITTÉRAIRES Le désir de possession Si la relation de propriété mise en scène est univoque (seul le maître est proprié­ taire de son valet), elle se double au théâtre d'une relation de désir réciproque, et même, peut-on dire, équivoque.

Si la propriété est pouvoir de droit, la possession n'est que maîtrise de fait, exercice constamment menacé, sans cesse remis en question, d'un rapport de force fondé sur le besoin du maître, et non plus du valet.

Pour conquérir Rosine, le Comte, tout grand d'Espagne qu'il est, a besoin de Figaro.

Sans Dubois, Doran te n'aurait pas eu accès à la maison d' Araminte, et cette dernière n'aurait rien su de la passion de son intendant (Les Fausses Confidences).

Enfin, tout le stratagème des jeunes gens du Jeu de l'amour et du hasard repose sur leur connivence avec leurs serviteurs, Lisette et Arlequin.

D'une certaine manière, le maître se démet d'une partie de son pouvoir de droit pour risquer le jeu de la complicité, tandis que le serviteur.

pris à ce jeu, oublie volontiers que le maître ne fait que suspendre la loi pour y substituer une règle (du jeu) qui sert encore ses intérêts.

Il -QUESTIONS D'IDENTITÉS A voir et faire À flouer ainsi la donnée de base de la relation, la question devient, pour le maître comme pour le serviteur, celle de l'identité.

À ce point, deux définitions de l'identité sont en compétition.

Pour le maître, être, c'est avoir, pour le serviteur, être c'est faire.

En cela la problématique est essentiellement théâtrale, puisque sur scène « dire, c'est faire ».

Les valets vont donc compenser leur absence d'avoir par une virtuosité du faire.

La plupart d'entre eux se félicitent ouvertement des talents qu'ils déploient.

Dès son entrée en scène, r Arlequin du Jeu de l'amour et du hasard sollicite !' approba­ tion de son patron : « Eh bien, Monsieur, mon commencement va bien » (I, 8), et Lisette, de son côté, fait valoir à Monsieur Orgon la force irrésistible de ses charmes sur celui qu'elle prend pour le fiancé de sa maîtresse (II, 1).

Les Fausses confidences s'achèvent par le cri de triomphe de Dubois:« Ouf! ma gloire m'ac­ cable ; je mériterais bien d'appeler cette femme-là ma bru.

».

Enfin, tous les comparses de Figaro s'inclinent, parfois en dépit d'eux-mêmes, devant l'inventivité dont il fait preuve en toutes circonstances (cf les exclamations enthousiastes d' Almaviva - « excellent », « supérieurement vu », « tu as raison » - à la fin de la scène 4 du premier acte du Barbier, ou encore, dans Le Mariage de Fi­ garo, les répliques de Suzanne:« On peut s'en fier à lui pour mener une intrigue», et de la Comtesse:« Il a tant d'assurance qu'il finit par m'en inspirer», II, 2).

Au risque de se perdre Cette connivence entre maîtres et valets, nécessaire à la mise en place et au dé­ roulement de l'intrigue, ne va pas sans risques, pour les uns comme pour les autres.

Mis en position d'infériorité, le maître ne peut échapper à la remise en cause de son pouvoir.

Il lui faut se plier, tel un acteur docile, aux indications de son valet.

Figaro dicte son rôle à Almaviva, tout comme Dubois à Dorante.

Le premier ne se prive pas de glisser dans ses recommandations quelques piques assassines à l'égard des« grands», tandis que le second s'impatiente des scrupules de son an- ~MAÎTRES ET VALETS. »

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