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Destins individuels, histoire collective dans La Peste de Camus

Publié le 09/08/2014

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Au début de cette troisième partie du roman, qui est pour Camus l'occasion de tracer un tableau d'ensemble de l'épidémie et de ses ravages, le narrateur note : «... en fait, on pouvait dire à ce moment, au milieu du mois d'août, que la peste avait tout recouvert. Il n'y avait plus alors de destins individuels, mais une histoire collective qui était la peste et des sentiments partagés par tous. «

Roman dans lequel évoluent des personnages à l'identité bien marquée, récit qui relate le drame d'une société unifiée soudain par la crainte et la douleur, La Peste, tout au long d'elle-même, tresse ensemble l'his­toire de tous et celle de chacun. Les gros plans et les visions d'ensemble alternent : soigneusement sélection­nés pour leur exemplarité, quelques portraits se déta­chent sur la toile de fond de l'épidémie; de la réunion de quelques destins émerge la figure d'une collectivité. De cette dialectique du « je « et du « nous « naît, dans une large mesure, le sens de La Peste.

Personnages et types

Dans La Peste, six personnages au total occupent, à tour de rôle, le devant de la scène. C'est à la fois peu et beaucoup.

 

Beaucoup, si l'on compare le second roman de Camus avec L'Etranger ou La Chute : dans ces textes, tout se ramène sans ambiguïtés à la conscience singu­lière d'un être unique par lequel existent tous les autres protagonistes. Nous ne connaissons Marie, Céleste ou Raymond qu'à travers Meursault : le filtre du récit à la

histoire

« première personne s'impose à tous les protagonistes et la transparence délibérée de la narration ôte presque toute substance aux personnages.

En ce sens, et dans une première lecture, le passage de L'Etranger à La Peste s'interprète comme un pas­ sage non seulement de l'absurde à la révolte, mais éga­ lement du «je» au «nous».

L'univers se peuple: une collectivité surgit là où n'existait, dans son isolement, que l'individu.

Six personnages, cela est peu cependant si l'on évo­ que les grands romans russes auxquels Camus vouait une profonde admiration, ou même si l'on pense à la tradition du réalisme français.

Cela est peu également si l'on se souvient que le narrateur de La Peste ne cesse de proclamer sa volonté de raconter l'histoire d'une ville et d'une collectivité.

L'intention de Camus n'est certes pas de «faire concurrence à l'état civil».

Il n'entend pas peupler ses fictions d'une foule nombreuse et colorée.

Il ne veut pas davantage tracer dans le détail des portraits qui ne laisseraient d'un individu aucun trait ou aucun détail dans l'ombre.

Fidèle en cela à un idéal d'économie et de retenue qui était à ses yeux l'essence même du classicisme français, Camus ne nous dit de ses héros que ce qui est nécessaire à la réalisation de son projet littéraire.

En quelques lignes, il nous en livre une description physique qui, dans sa brièveté même, les éclaire et les situe déjà.

Il n'évoque de leur passé et ne révèle de leur action que ce qui permet au lecteur de comprendre le «pourquoi » et le «comment» de leur attitude face au fléau.

C'est pourquoi on a pu reprocher à Camus de construire des «types» plutôt que de faire vivre des personnages.

Ce reproche tombe de lui-même si l'on. »

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