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dissertation Gargantua: le savoir est-il pris au sérieux dans Gargantua ?

Publié le 18/04/2022

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gargantua

« Proposition d’éléments de corrigé pour la dissertation (bac blanc, mars 2022) En plaçant l’homme au centre de sa réflexion, le mouvement humaniste de la Renaissance interroge les capacités humaines à maîtriser les techniques et les sciences, à s’affranchir des croyances et à développer une pensée autonome.

Moine et médecin, Rabelais incarne cette ambition : la série de cinq romans qu’il consacre aux aventures farcesques de géants évoque des héros aux prises avec le savoir.

En 1534, Gargantua relate l’initiation du père de Pantagruel : si, dans la tradition des contes populaires, les frasques du géant prêtent évidemment à rire, si les épisodes parodiques et la veine satirique manifestent un parti pris comique, la métamorphose du personnage éponyme en prince humaniste instituant l’abbaye de Thélème témoigne de l’importance du savoir dans la quête du héros et les préoccupations de son auteur.

Mais le savoir est-il pris au sérieux dans Gargantua ? La réflexion sur la connaissance et le sens de l’apologue ne disparaissent-ils pas sous l’énormité du rire ? La coexistence du sérieux et de la dérision fait l’originalité du roman : en effet, Rabelais, en « génie du non-sérieux » (Milan Kundera) réussit à imposer le rire comme seule pratique sérieuse du savoir.

Ainsi, l’itinéraire de Gargantua peut-il se lire comme une quête divertissante et peu sérieuse du savoir.

Cette quête passe ensuite par les étapes de la dérision des savoirs établis, afin de mener à une pratique du savoir qui prend le rire au sérieux. I) Le roman manifeste d’abord un parti pris de divertissement : l’apologue représente une quête peu sérieuse du savoir. 1) Les aventures « très horrifiques » d’un bon gros cancre. - personnage issu de la tradition populaire : vocation carnavalesque de la farce.

Il s’agit de remettre en cause par le rire les conventions et les vérités établies : Ex : onomastique joyeuse (étymologie fantaisiste à partir de connaissances linguistiques ou par rapprochements phonétiques approximatifs : Thubal Holopherne = général de la confusion, Gargantua, Tripet, …), ou développements sur la naissance merveilleuse de Gargantua et la crédulité supposée du lecteur : un homme de bon sens croit toujours ce qu’on lui dit et qu’il trouve par écrit, chap.VI) - grande variété des types de comique, dont burlesque et héroïcomique, signale un parti pris de dérision, un décalage qui jalonne l’initiation du géant qui agit, relativement au savoir, comme un cancre sympathique : Ex : chap.

XI la discipline instituée par Grandgousier confine au dérèglement d’une vie dévolue à la satisfaction des besoins primaires (à boire, manger et dormir ; à manger, dormir et boire ; à dormir, boire et manger), les chevaux factices qui doivent parfaire la formation du chevalier sont détournés de leur vocation pédagogique Dans ses aventures donc, Gargantua ne prend pas le savoir au sérieux. 2) Gargantua est un apologue où coexistent monstrueusement le sérieux et la dérision - dualité signalée malicieusement dès le titre et le sous-titre d’une œuvre placée sous l’égide du rire : l’anagramme de François Rabelais, le vocabulaire de l’alchimie et l’avis au lecteur vouent la lecture à une réflexion axée sur le rire.

Parce que rire est le propre de l’homme est une justification autorisée par la connaissance de la nature humaine.

(ainsi des observations livrées par La Fontaine dans « Le pouvoir des Fables » = il faut amuser l’esprit humain pour le mener à la réflexion) - le ton de familiarité qu’emploie Rabelais dans le Prologue et dans ses farcissures pseudo-savantes (« les propos des bien ivres » / énigmes ou listes (chap.II, XXII, LVII) cadre mal avec les références à la philosophie antique. - la structure de l’œuvre reproduit pourtant le schéma narratif d’une quête du savoir aboutissant à l’institution d’un symbole du savoir, l’abbaye de Thélème (chap.

LII à LVIII), incitant à penser que Gargantua serait l’allégorie de l’apprentissage (ironie ; c’est l’invention du « torche-cul » qui révèle à Grandgousier l’excellence des dispositions de Gargantua).. »

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