Dissertation manon lescaut l’abbé prévost
Publié le 19/05/2023
Extrait du document
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« Outre le plaisir d’une lecture agréable, on y trouvera peu d’évènements qui ne
puissent servir à l’instruction des mœurs ; et c’est rendre, à mon avis, un service considérable au
public, que de l’instruire en l’amusant.
», peut-on retrouver dans les premières pages de l’avis de
l’auteur du L’histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut.
Ce roman, plus connu sous le nom de
Manon Lescaut, écrit en 1731 par l’Abbé Prévost est le septième tome d’une série.
Dans Manon Lescaut,
le plaisir de la lecture est souvent en con it avec la morale.
L'histoire dépeint la vie tumultueuse et
passionnée du chevalier des Grieux et de son amante Manon Lescaut, ce sont des marginaux.
L'af rmation de l'auteur Renoncour dans son avis de l'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut
peut être considérée comme une invitation à considérer le roman non seulement comme une œuvre
littéraire agréable, mais aussi comme une source d'enseignement moral.
Ainsi, nous nous demanderons si le plaisir de la lecture s’accommode-t-il toujours de la
morale dans Manon Lescaut ?
Nous nous interrogerons, dans un premier temps, sur les personnages et aventures qui
soulèvent des questions morales puis nous étudierons les limites d’une lecture morale et didactique
du récit pour en n analyser le fait que ni le plaisir ni la morale ne semble primer dans le roman.
Premièrement, le plaisir de la lecture s’accommode de la morale dans Manon Lescaut
car les personnages et les aventure soulèvent des questions morales.
En effet, ce roman est une satire de la régence.
L’Abbé Prévost donne une image satirique de
la société française du XVIIIème siècle où règne la corruption et le vice : Manon est une libertine,
Des Grieux et elle volent, il y a des jeux d’argent, le matérialisme de l’élite de la société, etc.
Le récit
met en évidence la trahison, la prostitution et le vol ; des actes immoraux qui servent à satisfaire
leurs désirs.
Lorsque le couple se retrouve aux Etats-Unis, en Louisiane, Manon est loin de toutes les
tentations de la société française et n’a pas de problème à rester dèle à Des Grieux, les deux amants
ne pensent pas qu’à leur bien-être, ne sont plus égoïstes : « J’étais réglé dans ma conduite.
Manon ne
l’était pas moins.
Nous ne laissions point échapper l’occasion de rendre service et de faire du bien à
nos voisins.
» (page 188, lignes 1903-1905).
En somme, le roman soulève la question de l’in uence
de la société française sur les actions des personnages : « Mes larmes, que vous avez vues couler si
souvent depuis notre départ de France, n’ont pas eu une seule fois mes malheurs pour objet.
» (page
187, lignes 1868-1870).
De surcroît, le roman contient des leçons de morale, et Tiberge, l’ami de Des Grieux, les
délivre souvent.
Tiberge joue un rôle important dans la morale de Manon Lescaut, c’est un
personnage moralisateur, il incarne une réelle sagesse (il est prêtre, représente la vertu et la moralité)
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et critique, juge les aventures de son ami Des Grieux mais aussi l’immoralité et la super cialité de
Manon.
Tiberge est opposé aux actions immorales de Manon et de Des Grieux et fait la moral
plusieurs fois à Des Grieux : « Il me tint là-dessus un discours sérieux, qui dura plus d’un quart
d’heure, et qui nit encore par la menace de me dénoncer, si je ne lui donnais pas ma parole de me
conduire avec plus de sagesse et de raison.
» (page 31, lignes 329-332).
Il est toujours là pour son
ami, c’est un soutien moral mais il est présent pour rappeler les valeurs morales et essaye de
convaincre Des Grieux de s’éloigner de Manon pour retrouver la voie de la vertu et reprendre ses
études de théologie : « Le poison du plaisir vous a fait écarter du chemin » (page 45, lignes 741-742).
Il ne soutient pas le chemin que prend Des Grieux mais ne l’abandonne pas pour autant et l’aide
jusqu’à la n : « Je ne pouvais marquer trop de reconnaissance pour un ami si généreux et si
constant.
» (page 201, lignes 2271-2272), lorsqu’il rejoint Des Grieux en Amérique.
De plus, la marginalité des héros est un des thèmes principaux du roman.
Les actions de
Manon et de Des Grieux ont des conséquences.
Ils se font arrêter car ils entravent plusieurs fois la
loi : «Je maudissais ma prison et la tyrannie qui m’y retenait.
» (page 84, ligne 1850).
Le roman
enseigne aux lecteurs, implicitement les répercussions de comportements immoraux : ils vont en
prison deux fois et Manon nit par être déportée.
Chaque erreur qu’ils font ni par être sanctionnée
; c’est la morale de l’histoire : chaque action à une conséquence et il faut être prêt à l’affronter, c’est
une réalité moraliste.
Manon et Des Grieux essayent d’échapper aux conséquences en s’échappant
de prison : mais la réalité revient très vite et il y a des répercussions.
En n, la sanction nale est la
mort de Manon à la n du roman.
Même si à la n, son amour semblait réel : « je reçu d’elle des
marques d’amour au moment même qu’elle expirait », (page 196, lignes 2170-2172) et qu’elle
semblait avoir changée : « Mais vous ne sauriez croire combien je suis changée » (page 187, lignes
1867-1868), cela n’a pas suf t à la sauver : « Je la perdis » (page 196, ligne 2170).
En ce sens, le
roman peut être considéré comme un avertissement moral sur les dangers de l'excès et de la
poursuite du plaisir à tout prix.
Cependant, le plaisir de la lecture ne s’accommode pas toujours de la morale dans
Manon Lescaut car il y a des limites dans une lecture morale et didactique du récit.
Effectivement, Manon Lescaut, étant un roman ayant pour thème l’histoire d’amour entre
deux personnages, contient des passages romantiques : « J’embrassai Manon avec ma tendresse
ordinaire » (page 36, ligne 475).
Ces passages peuvent détourner l’attention du lecteur et lui faire
oublier la morale du récit.
La critique de la société de l’époque n’est donc pas toujours évidente
pour les lecteurs du roman, qui se concentrent principalement sur l’histoire d’amour tragique des
deux protagonistes.
Manon Lescaut est également un récit émotionnel ; Des Grieux souffre très
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longtemps de la trahison de Manon : « Demande donc ma vie, in dèle ! repris-je en versant moimême des pleurs, que je m’efforçai en vain de retenir ; demande ma vie, qui est l’unique chose qui
me reste à te sacri er ; car mon cœur n’a jamais cessé d’être à toi.
» (page 50, lignes 886-889),
Manon meurt à la n : « Je formai la résolution de l’enterrer et d’attendre la mort sur sa fosse.
»
(page 198, lignes 2182-2183).
Le roman a donc un impact affectif sur les lecteurs, le roman est
captivant et l’objectif didactique peut être éclipsé.
La description de la passion amoureuse entre Des
Grieux et Manon Lescaut : « J’avais perdu, à la vérité, tout ce que le reste des hommes estime ; mais
j’étais le maitre du cœur de Manon, le seul bien que j’estimais.
» (page 181, lignes 1681-1683), avec
ses hauts et ses bas, peut captiver les lecteurs et leur faire oublier les implications éthiques des actions
des personnages.
En outre, le plaisir de la lecture de Manon Lescaut peut ne pas toujours s'accompagner
d'une morale clairement dé nie parce que le roman est connu pour sa description des passions
humaines, de l'amour passionnel, de l'ambition et de la recherche du plaisir, qui peuvent souvent
aller à l'encontre des normes morales et sociales.
Dans ce récit, l’amour sert souvent à excuser le vice
; le roman décrit avec une grande intensité les sentiments passionnés qui animent les personnages,
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