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Dissertation sur le fantastique. Mérimée disait : Commencez par des portraits de personnages bien arrêtés, bizarres mais possibles. La transition avec le surnaturel se fera insensiblement, bien avant que le lecteur se soit aperçu que le monde réel est loinderrière lui. Illustrez à l'aide de vos lectures cette définition du fantastique.

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Le monde du fantastique est avant tout celui des lois naturelles. En effet, Les romans ou nouvelles fantastiques s'inscrivent dans un cadre réaliste, où le personnage confronté à des événements étranges finit toujours par revenir à la réalité et à la raison. Afin d'écarter toute invraisemblance, le livre fantastique suit d'abord une trame réaliste. Il s'agit, en effet, d'inviter le lecteur dans un monde vraisemblable, plausible. C'est en cela que le fantastique se différencie de la science-fiction et du récit merveilleux. Dans le conte, l'histoire se déroule dans un hors-temps, un autre monde rempli de monstres plus incongrus les uns que les autres., de personnages dotés de pouvoirs... De même, le récit de science-fiction, on envisage le devenir du monde, et le lecteur se trouve dans un monde futuriste où il perd ses repères.

« Ces phénomènes feraient alors partie intégrante de la nature.Ces phénomènes étranges, au delà de ce que l'homme peut concevoir, vont alors se multiplier.

Plus le récit avance,plus les bizarreries s'intensifient et s'accumulent, rendant l'atmosphère du personnage de plus en plus oppressive etprovoquant en lui une peur de l'inexplicable.

Les lois naturelles sont transgressées et ce qui paraissait impossibledevient possible.

Le personnage évolue au milieu des vampires, des loups-garous, des revenants, pactise avec lediable, des objets se déplacent et s'animent...Dans "la Cafetière" de Maupassant, le personnage voit d'abord lesbougies s'allumer toutes seules puis les objets de sa chambre sortir de leur cadre, les personnages du tableauprennent vie et sortent de la toile pour danser.

Le phénomène surnaturel est objectivé et semble être bien réel : lespersonnages de tableau dialoguent et boivent le café.

Le narrateur peut lui-même inviter une jeune femme à danser.On ne peut conclure à un rêve car le narrateur voit le temps défiler grâce à l'horloge.

De même à la fin de lanouvelle, le dessin qu'il fait se révèle être le portrait fidèle de la jeune femme avec qui il a dansé : c'était la s½ur deson hôte, décédée d'une fluxion de poitrine lors d'un bal.

Le personnage a donc perdu peu à peu ses repères etl'élément surnaturel semble bien réel.L'accumulation du surnaturel touche à son paroxysme avec la chute de la nouvelle fantastique.

Le personnage estde plus en plus convaincu de l'existence des choses qui lui arrivent et finit par admettre l'impossible.

la réalité estlointain derrière lui, il ne peut p)lus revenir en arrière.

Il n'y a plus d'explication rationnelle satisfaisante.

Ainsi dansLa Peau de Chagrin de Balzac, Raphaël, le personnage principal, voit la peau se rétrécir au fur et à mesure de sesv½ux.

D'abord rationnel, il refuse de croire que cette peau lui procurera tout ce qu'il désire, mais comprend qu'il nepeut échapper à son destin.

Il cherche en vain à étirer la peau pour retarder sa mort, et finit par ne plus rien faire,ne plus vivre, convaincu que la peau est responsable.

Cette impuissance du héros est récurrente dans la littératurefantastique : le héros se résigne et admet le surnaturel.

Il n'y a finalement qu'une alternative possible pour serassurer et revenir à la réalité : la folie du personnage.

Si le personnage est en effet fou, alors tout s'explique : touta été inventé, le lecteur est satisfait et retombe sur ses repères.

Combien de romans et de nouvelles s'achèvent parle réveil brutal du personnage principal qui s'aperçoit qu'il a rêvé ou fait un cauchemar ? Quel crédit accordé aunarrateur du Horla quand il est en plein délire le 19 août sur la théorie de l'évolution, parlant du papillon géant, et del'être supérieur venant sceller le sort de l'humanité ?Il n'est toutefois pas si facile pour le lecteur de trancher sinettement et d'admettre cette dernière idée.

La littérature fantastique se révèle être un art et une écriture del'ambiguïté où l'on ne peut vraiment opter pour telle solution rationnelle ou telle solution surnaturelle.

Le sort dulecteur est donc indissociablement lié à celui du personnage. En effet, le lecteur est vraiment pris au piège par l'auteur, et voit dans les peurs du personnage ses proprescraintes et est maintenu jusqu'à la chute par le suspense et le doute.

Le véritable vainqueur se trouve être l'auteurqui parvient jusqu'à la toute fin à laisser planer l'ambiguïté.La littérature fantastique est un genre qui s'attache à provoquer chez le lecteur des émotions et des sentiments àpartir de stimuli capables d'occasionner une peur ou une terreur, réelle ou imaginaire.

Tout cela dans le but de lemener au bord du gouffre près duquel elle évolue continuellement.

L'enjeu du narrateur de tout récit fantastique esten effet de faire monter l'angoisse, de créer une situation dans laquelle le lecteur va peu à peu perdre sesréférences.

Celle-ci va être causée par l'intrusion du surnaturel, entraînant chez lui une crainte funeste pour lespersonnages.

Une menace pointe, la mort rôde, la douleur, faisant sombrer les personnages, et le lecteur quis'identifie à eux, dans une peur intense.

Le fantastique tente en effet de réveiller "la plus vieille, la plus forteémotion ressentie par l'être humain" comme la nommait Lovecraft, ajoutant que la "forme la plus puissante découlantde cette peur, c'est la peur de l'Inconnu." Chaque lecteur de récits fantastiques accepte, et mieux encore,recherche cette peur qui conduit parfois à l'effroi.

C'est ce qui explique en partie le succès des romans de StephenKing.: Shining, Dead Zone, ça, Christine...La cadre réaliste s'effondre brutalement et le lecteur comme lepersonnage ne sait pas à quoi il a à faire.

S'agit-il d'un monstre ? Pourquoi les protagonistes se retrouvent-ilsenfermés dans un hôtel désaffecté lors d'une tempête de neige ? Le fantastique est alors proche de nos fantasmesles plus enfouis.

Le personnage incarne des peurs que nous avons ressenties : menace animale, la maison hantée,les créatures surnaturelles, la mort sont des thèmes souvent associés au rêve.

Aussi de nombreuses histoiresfantastiques s'achève par le réveil brutal du personnage comme dans la Cafetière de MaupassantLe lecteur est donc pris au piège d'une part en s'identifiant facilement au héros.

Il adhère assez facilement auxémotions ressenties.

Pour cela il faut que l'histoire paraisse un témoignage irréfutable.

L'Appel de Cthulhu deLovecraft commence par la phrase suivante "trouvé dans les papiers du défunt Thurston, de Boston".

Escamotagede Richard Matheson débute par "pages reproduites d'après un manuscrit trouvé, voici deux semaines, dans undrugstore de Brooklyn." Le recours à la première personne et à un point de vue interne est souvent privilégié.L'Etrange Histoire de Peter Schlemilh de Chamisso débute par la phrase : "J'ai connu Peter Schlemilh en 1804 àBerlin.

".

Le roman épistolaire relève du même procédé.

L'auteur fait croire qu'il a correspondu avec les personnagesou qu'il a découvert la correspondance cachée d'un parent ou d'un ami.

Le lecteur est donc porté à croire cesdocuments authentiques.

D'autre part, même s'il prend de la distance par rapport au héros qui peut sombrer dans lafolie, le personnage est emporté par l'intrigue.

L'auteur, par de savants et subtils effets, ménage du suspense et faitmonter la tension en crescendo.

Dans la Vénus d'Ille, tout un réseau d'indices aurait pu permettre au narrateurcomme au lecteur de comprendre ce qui allait survenir.

L'auteur essaime de nombreux effets d'annonce et ce dèsl'incipit avec la citation en exergue : "".

A cela il faut rajouter toute l'ironie de Mérimée qui annonce le danger avecles citations latines et les paroles malencontreuses de M; de Peyrehorade : (C'est vénus toute entière à sa proieattachée, ah te voilà donc coquine ...) Il en va de même dans le Sixième sens de Night Shyamalan qui grâce àl'ellipse temporelle du début ne livre la solution qu'à la fin.

Au début, le personnage principal, psychologue pourenfants, reçoit la visite d'un ancien patient qu'il n'a pas su guérir et qui veut se venger; Le metteur en scène nousentraîne ensuite à l'automne suivant.

Le fantastique a surgi pendant cette coupure.

Le spectateur n'apprend qu'à lafin que le héros est mort.. »

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