Dissertation sur Rimbaud: « Que voulez-vous, je m'entête affreusement à adorer la liberté libre […] »
Publié le 14/04/2025
Extrait du document
«
Rimbaud, Les Cahiers de Douai
Parcours associé : « Emancipations créatrices »
Sujet d'entraînement à la dissertation
Voici un sujet de dissertation sur Les Cahiers de Douai.
Répondez au sujet ci-dessous pour vous entraîner à l'écrit (travail non noté).
Sujet :
A la suite d'une fugue, Rimbaud écrit le 2 novembre 1870 à son professeur Georges Izambard :
« Que voulez-vous, je m'entête affreusement à adorer la liberté libre […] »
En quoi cette citation éclaire-t-elle vote lecture de l'oeuvre ?
Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur la lecture
des Cahiers de Douai ainsi que des textes renvoyant au parcours « Emancipations créatrices ».
Corrigé
1.
Analyse du sujet
- Le sujet comporte deux formules importantes.
La plus importante est celle de « liberté libre » qui
est une redondance/un pléonasme (= expression ou mot qui consiste à redoubler la même
information).
La seconde est la formule « je m'entête affreusement ».
L'expression « liberté libre » insiste sur l'importance pour Rimbaud de s'émanciper des contraintes,
tant littéraires que celles qui contraignent sa vie personnelle.
- Rimbaud présente la liberté comme un absolu mais aussi comme une quête.
Elle n'est pas donnée
mais conquise.
- La question « En quoi...
» amène un plan thématique.
De quelle « liberté » s'agit-il ? Il faudra la
caractériser sous différents aspects.
Ce sujet demande de discuter le rôle de la liberté dans l'écriture des Cahiers de Douai.
On peut étudier plus précisément les termes du sujet :
- « je m'entête » : je m'obstine.
Le verbe suggère une action qui captive totalement, qui empêche de
penser à autre chose.
- « affreusement » : de manière à susciter la souffrance.
Le goût pour la liberté n'est pas décrit ici
comme une posture légère mais comme une passion dévorante, douloureuse.
- « adorer » : aimer comme on aime Dieu.
Le terme est donc provocateur.
- « liberté libre » : il s'agit d'un pléonasme à valeur d'insistance, qui suggère qu'il y a différentes
formes de liberté et que certaines ne sont qu'illusoires.
2.
Questionnement du sujet et formulation d'une problématique
- Le sujet dit explicitement que Rimbaud veut être libre et on vous interroge sur la place de cette
liberté dans la création des Cahiers de Douai.
Il peut s'agir d'une liberté politique, religieuse,
morale, esthétique, physique, ...
- Implicitement, le suggère que la « liberté libre » est une quête de chaque instant, si exigeante
qu'elle en devient douloureuse.
Contester, critiquer, mettre en cause, est-ce vraiment être libre ?
Est-ce que finalement l'opposition ne se définit pas par rapport à un modèle dominant ?
On peut en venir à l'idée que tant qu'on s'oppose à quelque chose, on en est encore dépendant, on
n'est pas tout à fait libre.
La liberté serait non pas de se révolter mais de créer sur une page blanche,
totalement vierge.
- Formulation de la problématique :
- Le jeune poète rebelle des Cahiers de Douai parvient-il à se libérer de tous les carcans ?
- En quoi Les Cahiers de Douai illustrent-ils la quête d'une liberté totale, à la fois physique,
intellectuelle et artistique ?
3.
Proposition de plan détaillé
I/ Rimbaud revendique la liberté d'aller et venir à sa guise
1.
La fuite de la pesanteur du foyer familial et de la ville de Charleville
2.
La figure du poète en train de marcher et d'errer
II/ Il revendique la liberté de penser et remet en question la pensée dominante
1.
Le rejet de la morale bourgeoise et des interdits moraux de la bourgeoisie
2.
La critique du pouvoir et du régime de Napoléon III
3.
La révolte contre la religion
III/ Le poète souhaite se libérer des modèles poétiques du passé
1.
Une liberté poétique et langagière
2.
La poésie, également une aventure existentielle
3.
Mais le poète encore jeune ne renie pas encore totalement la tradition poétique
4.
Devoir rédigé
Introduction
(auteur + œuvre + contexte) Ecrits par Rimbaud, à peine âgé de dix-sept ans, les Cahiers de Douai
retiennent l'attention par leur audace.
En dépit d'influences encore décelables, ils ouvrent un chemin
jusqu'alors inexploré.
(sujet + problématique) Dans cette dissertation, nous nous répondrons à la question suivante : En
quoi ce recueil illustre-t-il cette quête d'une « liberté libre » dont, usant d'un pléonasme, Rimbaud se
revendiquait.
(plan) Dans un premier axe, nous évoquerons la liberté physique totale à laquelle aspirait
Rimbaud (I); dans un second temps, nous évoquerons sa liberté intellectuelle, sa liberté de penser et
la remise en question de la pensée dominante (II); pour finir, nous nous intéresserons à sa volonté
d'écrire librement et de créer une poésie nouvelle en se libérant des modèles du passé (III).
Développement
I/ Le désir de liberté physique, la liberté d'aller et venir à sa guise
1.
La fuite de la pesanteur du foyer familial et de la ville de Charleville
La biographie de Rimbaud nous apprend qu'il ne supporte plus la pesanteur du foyer familial
dominé par sa mère bigote ainsi que l'étroitesse de Charleville, la ville de province dans laquelle il
réside.
Rimbaud préfère fuir et fugue à plusieurs reprises.
La liberté que réclame donc en premier
lieu le poète est la liberté d'aller et venir à sa guise : n'était-ce pas l'une des libertés fondamentales
réclamées par les Révolutionnaires français de 1789 dont le souvenir est toujours vivace en
Rimbaud comme en témoigne « Le Forgeron » ?
2.
La figure du poète en train de marcher et d'errer
Par ailleurs de nombreux poèmes des Cahiers de Douai mettent en scène la figure du poète en train
de marcher, d' « aller ».
Ce verbe apparaît dès le premier vers du poème « Sensation » : « j'irai dans
les sentiers ».
On le retrouve dans « Ma Bohême » qui relate une errance (nocturne?) à travers
champs : « Je m'en allais ».
Le poète se déplace fréquemment à Charleville, dans sa ville et dans la campagne environnante.
Dans « Roman », il va « sous les tilleuls verts de la promenade ».
Avec Nina, il gagne « la ravine »
des « grands sous-bois » dans « Les Réparties de Nina ».
Cette envie d'aller et venir à sa guise se concrétise surtout par des fugues tout au long de l'année
1870, lesquelles sont évoquées dans plusieurs des poèmes du recueil écrit la même année : par
exemple, dans « Rêvé pour l'hiver » ou « Au Cabaret-vert » : « Depuis huit jours, j'avais déchiré
mes bottines / Aux cailloux des chemins.
»
Influencé par Rimbaud en qui il voit un modèle d'émancipation, le poète René Char lui rendra
hommage en 1948 dans son texte : « Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud ! » (Fureur et
mystère ) et louera son goût de la liberté, sa capacité à fuir, à s'émanciper de sa « famille ardennaise
un peu folle » et à « [l']éparpiller au vent du large ».
Transition : La liberté que revendique avec force Rimbaud ne se limite toutefois pas à la possibilité
physique de circuler à sa guise.
Le poète entend également pouvoir exprimer librement sa pensée.
II/ La liberté intellectuelle : la liberté de penser et la remise en question de la pensée dominante
La....
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