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Du symbolisme au surréalisme

Publié le 08/04/2012

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Définitions symbolisme : Système de symboles agencés selon des règles et qui servent à la formalisation d'un raisonnement. [LITTÉRATURE] Mouvement littéraire et artistique de la fin du XIXe siècle, qui réagit contre le naturalisme et le Parnasse en donnant une vision symbolique et spirituelle du monde. surréalisme : André Breton a été à la tête pensante du surréalisme, mouvement qui s'est développé dès la fin de la première guerre mondiale. Le surréalisme intègre des idées empruntées au communisme et à la psychanalyse. Sa principale revendication consiste à rejeter le monde dit "réel", celui de la logique et de l'exploitation des classes ouvrières, pour exalter le rêve, espace libérateur par excellence. Du symbolisme au surréalisme Poetry is a divine instinct and unnatural rage passing the reach of common reason. (Spencer) Depuis le milieu du XIXe siècle se poursuit et se consolide sous nos yeux une révolution poétique dont le caractère radical, soupçonné, n'a peut-être pas été assez vigoureusement mis en évidence : avec Baudelaire et après lui, ce n'est pas seulement la " diction " poétique qui change, les thèmes communs, tropes ou versification ; subtilement, l'idée même qu'on se fait de la poésie, de ses pouvoirs et de ses fins, de son apport à la prose, de l'usage spécifique du langage qui la constitue, se transforme du tout au tout, pour une rupture sans doute définitive avec la tradition de quatre siècles. 

« pluralité des objets, opacité du réel.

" Tout le mystère est là, écrit-il à Vielé-Griffin en 1891 : établir les identitéssecrètes par un deux à deux qui ronge et use les objets, au nom d'une centrale pureté...

" A l'insolence de la chaise(ou de la rose, de la console, de l'oriflamme, de tout ce que l'on voudra) qui n'est rien d'autre qu'une chaise,essence ineffable, incommunicable, défi permanent porté au langage, le poète répondra par cette ruse qu'est larhétorique ou plutôt réseau de multiples ruses.

Renonçant à nommer les objets, il les suggère seulement, comme il ledéclare à Jules Huret, refusant ainsi d'entrer dans le jeu, d'obéir à leur muette persuasion, n'acceptant pas que,comme ils le proclament mensongèrement, ils ne soient " qu'eux-mêmes ", niant même qu'ils " soient quelque chose ".D'où tous les procédés que l'on a signalés chez lui : la métaphore implicite qui refuse de poser comme deux objetsles deux termes de la comparaison, ce qui serait leur consentir une exagérée réalité, et se borne à nommer l'un, oùl'autre était attendu ; le tic qui consiste à n'évoquer un objet que par son absence ; l'hypallage par où les choseséchangent leurs qualifications usuelles (la " fauve agonie des feuilles " de Soupir), ou bien les mettent en communcomme dans " la blancheur anime l'eau...

repos " du Faune, où s'unit à celui de la source l'ondoiement candide desnymphes ; les métonymies et autres syllepses, bref tout ce ballet de vocables qui mime les idéales métamorphosesque le poète ne peut effectuer.

D'où aussi le caractère délibérément anecdotique, insignifiant, des objets au hasardassemblés qui servent de prétexte, de tremplin à tant de poèmes (Une dentelle s'abolit...

Ses purs ongles trèshaut...

Quelle soie aux baumes du temps, la chevelure vol d'une flamme) ; parfois expressément méprisés,Quelconque une solitude...

ou d'avance anéantis comme dans Surgi de la croupe et du bond où le seul objet effectifest le vase, désigné pour être vide, la rose n'est pas là, la nymphe non plus, et le baiser ne sera jamais donné.

Aquoi bon, en effet, élire tel objet plutôt que tel autre ? Le seul intérêt vient de ce qu'ils se trouvent être là, qu'ilssoient, qu'ils aient reçu en partage le Dasein (une " interminable étude " que Mallarmé n'a jamais achevée devaits'intituler : " C'est ").

Ils sont tous également bons à être volatilisés par l'opération poétique.

Ne les encourageonspas, ne leur faisons pas trop d'honneur en préférant l'un d'eux, puisque aussi bien ils ne sont que pour êtredéfigurés, abolis.

D'où le toast qui leur est indifféremment porté : Solitude récif étoile A tout ce qui valut Le blancsouci de notre toile.

Mépris courtois mais féroce, allègre fureur, grâce auxquels le poète réussit contre tout espoir àfaire exactement ce qu'il voulait : " Tentative proche de créer " car, par un jeu de bascule, une fois tous les objetsindividuels anéantis, le poème surgit comme un nouvel objet, existant aussi durement que les choses concrètes,comme elles ineffable, impossible à résumer, vide de contenu, de signification, sans équivalent intellectuel imaginablequ'on puisse lui substituer hors de l'acte de lecture pour en donner idée à qui ne le percevrait pas (telles la rose oula couleur jaune à qui ne les pourrait voir).

Ce n'est pas seulement le vers " trait incantatoire " qui refait unenouvelle et indissoluble réalité mais, à travers le glissement continu des métaphores, l'échange savant que font lesobjets de leurs caractéristiques, la non-ponctuation même, les ambiguïtés syntaxiques, le poème tout entierparvient à exister, opaque, indivisible, immuable comme sont les choses, persévérant dans son être sans se référerà rien d'autre.

Mallarmé pouvait mourir en paix.

Face à la non-signification du monde, il avait réussi à dresser sonoeuvre comme une non moins énorme, non moins aveugle évidence.

Non point son parèdre Rimbaud, enfant trop vitecomblé, tôt fourvoyé.

Dès le début d'ailleurs en marge sans doute de la tradition poétique (" spirituellement exotique" comme l'a décrit Mallarmé) quoi que lui-même ses contemporains aient pu penser.

Il ne s'est jamais agi pour lui decréer des poèmes qui soient beaux, ou simplement qui soient, mais de saisir directement, au sein d'un mondeengendré par l'imagination ou peut-être simplement appréhendé par elle, une Vérité, qu'on pourra ensuitecommuniquer aux autres hommes par l'intermédiaire des visions où elle s'est incarnée.

Ambition très proche, on levoit, de celle des romantiques anglais, Blake ou Coleridge ; le merveilleux palais de Kubla Khan, les " fenêtresmagiques " qui dans l'Ode au Rossignol de Keats s'ouvrent sur des océans féeriques et désolés, préfigurent lesarchitectures fantastiques des Illuminations.

La beauté n'a de prix que parce qu'elle est vérité.

L'intentionrimbaldienne n'est esthétique que secondairement, ce qui autorise une interprétation " scientifique " de son attitude,comme celle donnée par Etiemble.

L'entreprise échoue parce que commencée sans critique, elle n'obtient pas pourses résultats une suffisante garantie d'objectivité et de communicabilité.

Malgré l'application, la fanatique minutieavec laquelle Rimbaud recopie les visions qui lui ont été données, il ne crée pas un monde.

Il lui manque l'implacableinimitié dont le distant Mallarmé poursuit doucement le monde sensible.

Sans trop savoir à quoi il s'engage, Rimbaud,lui, pactise avec le réel ; enfant grisé (pas seulement d'absinthe), dormeur du val, heureux par la nature commeavec une femme, il lui emprunte, sans de suffisantes destructions préalables, son matériel de poète.

Vigny, lui, avecplus d'air, s'était méfié de " l'impassible théâtre ".

Mais même le sagace Baudelaire avait, occasionnellement il estvrai, et entraîné par Delacroix, traité l'univers en dictionnaire à l'usage des artistes, en réservoir d'images tenubénévolement à leur disposition.

Quelle imprudence ! On a noté la ressemblance " objective " des paysages du Harraravec les visions des Illuminations.

Il est possible que le voyant ait cru trouver là ce qu'il avait toujours cherché, missans effort à sa portée, qu'il l'y ait trouvé effectivement.

On regrette que la mère Rimbe, en bonne avare, ait omisde lui apprendre à se méfier des dons, ou qu'il n'ait pas assez médité le précepte qu'il avait bien du traduire au lycéede Charleville : Timeo Danaos et dona ferentes.

Et l'on comprend le dédain poli avec lequel son rival objectifMallarmé crématoire autant que creuset, chez lui, la fournaise poétique parle de la griserie demandée au " bazard'illusion des cités ", qui livre au démon adolescent, un soir, quelque vision grandiose et factice continuée, ensuite,par la seule ivrognerie.

Haine de la création chez Mallarmé prolongeant celle, moins cohérente, moins patiente, deVigny.

Haine de Dieu chez Rimbaud, en un cri passionné trop pour être efficace.

Après ces deux positionsdiversement hyperboliques, les poètes transigent.

Une réconciliation intervient (ou bien un compromis).

Et c'estApollinaire, que Mallarmé, Saint-Just de la création poétique, aurait sans doute inculpé de complicité avec le monde.Poésie essentiellement chaleureuse que la sienne, qui dit oui à la vie, Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers accueille,sans nulle jalousie, tout ce qui existe Et je souris des êtres que je n'ai pas créés en contraste absolu avec lafrigidité mallarméenne, impérialisme du visionnaire Rimbaud ou les impertinences surréalistes.

Poésie du coeur, plusque de l'intellect ou de l'imagination, au sens le plus physiologique du mot, et qui fait battre en nous aussi ce grosmuscle turgide, pulsivement gonflé d'un sang généreux, feu liquide, alcool transparent (Ta vie que tu bois commeune eau-de-vie ou bien Soirs de Paris ivres du gin flambant de l'électricité), substance merveilleuse, fluide etincandescente à la fois, qui coule dans les veines du poète comme elle circule à travers la Création et jusque dans. »

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