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É. ZOLA, Le Messager de l'Europe

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

zola

Les Parisiens montrent aujourd'hui un goût immodéré pour la campagne. [...] Le dimanche, la population, qui étouffe, en est réduite à faire plusieurs kilomètres à pied, pour aller voir la campagne, du haut des fortifications. Cette promenade aux fortifications est la promenade classique du peuple ouvrier et des petits bourgeois. Je la trouve attendrissante, car les Parisiens ne sauraient donner une preuve plus grande de leur passion malheureuse pour l'herbe et les vastes horizons. Ils ont suivi les rues encombrées, ils arrivent éreintés et suants, dans le flot de poussière que leurs pieds soulèvent; et ils s'assoient en famille sur le gazon brûlé du talus, en plein soleil, parfois à l'ombre grêle d'un arbre souffreteux, rongé de chenilles. Derrière eux, Paris gronde, écrasé sous la chaleur de juillet; le chemin de fer de ceinture siffle furieusement, tandis que, dans les terrains vagues, des industries louches empoisonnent l'air. Devant eux, s'étend la zone militaire, nue, déserte, blanche de gravats, à peine égayée de loin en loin par un cabaret de planches. Des usines dressent leurs hautes cheminées de brique, qui coupent le paysage et le salissent de longs panaches de fumée noire. Mais, qu'importe! par-delà les cheminées, par-delà les terrains dévastés, les braves gens aperçoivent les coteaux lointains, des prés qui font des tables vertes, grandes comme des nappes, des arbres nains qui ressemblent aux arbres en papier frisé des ménageries d'enfant; et cela leur suffit, ils sont enchantés, ils regardent la nature, à deux ou trois lieues. Les hommes retirent leurs vestes, les femmes se couchent sur leurs mouchoirs étalés; tous restent là jusqu'au soir, à s'emplir la poitrine du vent qui a passé sur les bois. Puis, quand ils rentrent dans la fournaise des rues, ils disent sans rire : «Nous revenons de la campagne. « É. ZOLA, Le Messager de l'Europe, août 1878.

Vous étudierez, sous la forme d'un commentaire composé, cet extrait d'un article de Zola. Vous pourrez, par exemple, montrer comment, « travers une description précise, l'auteur parvient à suggérer le caractère dérisoire de cette promenade «à la campagne«.   

zola

« 1.

...

leur «passion malheureuse» pour une nature désolée et amputée, une campagne à l'image de leur vie (a). • Grand écart qui réside entre le paysage qui les entoure et le sentiment qu'il leur inspire (a). 2.

Ton narratif.

L'article de journal est présenté comme une anecdote (b). • Réalisme en gros plans et contrastes (b). 3.

Page constituée de deux tableaux reliés par une promenade qui est en réalité une véritable et difficile équipée. • Prose vivace.

Caractère pictural. B. • Ce qu'ils fuient : Paris, symbole de leur dur labeur, de leur étouffement, de leur encerclement. 4.

Description négative de la cité, présentée en premier par une sensation de manque d'air, d'atmosphère lourde. • Ville malsaine. 5.

Paris des usines et terrains vagues.

Peinture par les verbes réalistes • Industrialisation fait perdre les derniers espaces verts et prive spécialement les quartiers populaire. • Air vicié. 6.

Tristesse, monotonie, où «blanc» est aussi pénible que «noir».

Tout est présenté par des sensations, mi-tactiles,mi-visuelles. • Décor noir.

Vocabulaire particulièrement dur. • Activité fébrile. • Pire l'été qui n'est jamais fait pour les grandes villes, à cause de l'entassement humain. • On n'y peut avoir de bonheur, on y survit seulement. 7.

Bruit permanent.

Donc sensations auditives. • Sonorités imitatives pour en traduire le tumulte. c. • D'où l'effort pour échapper à ces nuisances, à cet emprisonnement... 8.

...

marqué par la direction même : ils grimpent jusqu'aux murs qui encerclent : les fortifications. • Peintures célèbres et fréquentes de ces lieux de misère. • Mais il faut d'abord y accéder. 9.

Or on est pauvre, c'est donc un long et pénible cheminement. • Caractère épuisant de cette ascension vers le beau, le pur, le naturel. • Addition des difficultés à surmonter. • L'énumération exprime la lente progression, les différentes étapes, l'élan des promeneurs, leur avidité... • ...

le poids des obstacles rencontrés. 10.

Déjà ce pénible chemin de croix apporte une note dérisoire à l'expédition dominicale.

Que de peines! Noterl'anaphore. • Mais le résultat est encore plus dérisoire... • Peut-on parler de campagne!. »

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