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Emile Zola : Au Bonheur des Dames: Analyse stylistique du fragment L'enterrement de Geneviève

Publié le 16/06/2011

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   Émile Zola, écrivain et journaliste français, considéré le chef du naturalisme, est l'un des romanciers  français les plus populaires, l'un des plus publiés, traduits et commentés au monde. Son oeuvre est un des grands monuments de la littérature mondiale. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations et dont chacun des représentants d'une époque et d'une génération particulière fait l'objet d'un roman.

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« jeune fille comme la première victime (comparaison), c'était une obsession, ce pauvre corps (mise en relief par tourprésentatif).

L'emploi des périphrases métaphoriques "un beau cortège de carcasses", "cette queue de faillites" etdes métaphores "la marche aveugle et muette de boeuf assommé, il lui semblait entendre le piétinement d'untroupeau conduit à l'abattoir" renforce l'idée du déclin, de la faillite, de la défaite des petits artisans et rend d'unemanière expressive le portrait psychologique et l'état abominable des petits commerçants.Les personnages qui composent le cortège funèbre sont nombreux, ce que est prouvé par l'emploi de la syntagme"queue du monde".

Ils sont unis par un même sentiment: ils viennent rendre un témoignage de sympathie à la familleendeuillée.

On peut les classer en deux catégories: personnages actifs: Denise et Bourras et passifs: Baudu, Jean,les boutiquiers, Robineau, Vanpouille, Deslignières, Piot et Rivoire.Mais l'union des boutiquiers est vaine.

La longue énumération de Baudu désigne ceux qui souffrent de l'expansiond'Au Bonheur des Dames.

La gradation ascendante rend l'état maladif et chétif des petits commerçants, ils souffrentdes maladies comme la jaunisse, les jambes cassées, coup de sang à cause de leur travail lourd et de leur étatpsychologique tensionant résultant de l'ascension du grand magasin.

La gradation atteint l'apogée dans la phrase"un beau cortège de carcasses".

Au petit commerce sont constamment associés, dans l'extrait comme dans leroman tout entier, des termes négatifs évoquant l'insalubrité: pataugeant au milieu des flaques, la boue noire deParis.

À l'inverse, Au Bonheur des Dames éclate de lumière grâce à « ses vitrines claires, ses étalages éclatantsL'enterrement de Geneviève est, au-dela d'un dernier témoignage, l'expression de la colère des ancienscommerçants.

Rassemblés dans la peine, ils sont animés d'un même sentiment contre le Bonheur des Dames, ilslevent des regards de haine vers le magasin et leur réunion ressemble à une manifestation contre la cause de leurmalheur.

Mais le jeu d'opposition entre le monde du petit commerce et le grand magasin montre qu'ils ont dès àprésent perdu.Le tragisme du fragment est peint par les groupes de mots et les expressions qui expriment l'état d'âme et la douleurcuisante de Baudu en suivant sa fille dans son dernier chemin: Baudu suivait le corbillard d'un pas lourd et machinal,elle voyait l'oncle s'entêter derrière le corbillard de son pas alourdi, regardait le trou d'un air béant.Denise représente le personnage qui est partagé entre tradition et modernité.

Elle se présente comme un équilibreparfait entre idéalisme et sensualité.

Le rôle de la jeune fille dans ce fragment est d'assurer un lien entre les deuxcatégories des commerçants.

Denise se situe dans le camp de la modernité, elle soutient le progrès du grandcommerce.

Courageuse, intelligente, clairvoyante et fière, elle possède toutes les qualités, et conduit Mouret àaméliorer les conditions de travail dans une perspective de plus grande justice sociale et met en place desinnovations en matière de protection .

En même temps, elle ne rompt pas les liens avec la tradition, animée d'undésir sincère d'aider les anciens commerçants à s'adapter aux nouveaux conditions économiques: "laissez-moiarranger les choses"Denise est obsédée par le jugement des autres.

Elle est prête à renoncer au bonheur pour sa respectabilité.L'attitude positive et bienveillante de la société envers elle se dégage de l'affirmation de Baudu: "Est-ce que c'estvous qu'on déteste!"Si Denise est le symbole de la modernité, Bourras représente l'opposition vivante de la tradition.

Il se distingue parson courage, entêtement dans le bon sens du mot, désir de vaincre, de remporter la victoire.

Pour lutter contre legrand magasin, il paie beaucoup de sommes d'argent pour les avoués et les avocats, se bat contre les huissiers, sadécision est fière:" je dirai non même lorsque je serai cloué entre quatre planches, comme la petite qui s'en va".

Onpeut le comparer à Don Quichotte de Cervantes et à sa lutte avec les moulins à vent.

Le langage de Bourras estsuggestif, la structure et l'organisation syntaxique de son monologue le rend affectif par l'accumulation desarguments, des impressions, des sentiments, des émotions, c'est un langage parlé, transposé dans l'écrit, desphrases courtes incadrées dans une seule phrase, exclamations.

Le langage est de même une marque del'appartenance sociale.

Le personnage est un représentant des classes moyens de la société.Mais en fin du compte Bourras doit céder: "ce que Bourras ne disait pas nettement, c'était la misère noire où il étaittombe, la tête perdue dans les tracas du petit boutiquier, qui sombre et qui s'entête pour durer, sous la grêle desprotêts"."Les faibles sont voués à être tôt ou tard dévorés par les forts", c'est le principe du darwinisme que Zola adoptedans son roman.

Cette philosophie est justifiée par la défaite de l'ancien commerce et la naissance des grandsmagasins, ère ouverte par la révolution économique et sociale.

Les phrases "Nous devrions tous nous coller dans cetrou… l'ancien commerce peut aller rejoindre ces roses blanches qu'on jette avec elle" expriment le pointculminant du fragment.

À travers la mort de Geneviève, c'est tout le petit commerce qui agonise, victime d'undarwinisme social qui donne à cette scène pathétique une dimension symbolique.Le thème de l'extrait c'est l'enterrement de Geneviève, l'idée centrale c'est l'impuissance de l'ancien commerce faceà l'épanouissement des grands magasins et la mort douloureuse des petits commerçants. Sujet désiré en échange :Mérimée refusait d'être apparenté à un mouvement romantique.

Or peut-on dire que Carmen n'est qu'une nouvelleréaliste ?. »

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