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En quoi le voyage participe-t-il de la construction du sujet-voyageur ?

Publié le 07/11/2022

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« « Il n’y a pas d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé ».

En vous appuyant sur le poème de Blaise Cendrars, vos connaissances personnelles et vos lectures, vous commenterez cette citation en un développement structuré et argumenté. Pourquoi voyage-t-on ? D’après le philosophe français du XIXème siècle Hippolyte Taine « On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées ».

A travers cette citation, Faine affirme que l’intérêt du voyage n’est pas tellement la destination, mais le changement de perspective qu’il nous offre.

Cette idée s’illustre dans le poème de la Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars dans lequel le poète parle de son propre voyage à bord du train Transsibérien lorsque ce dernier était plus jeune.

Cette citation de Faine et le poème de Cendrars font écho à Lamartine quand ce dernier déclare « [qu’] il n’y a pas d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé ».

Le voyage peut alors remplir de nombreuses fonctions : il peut être au premier abord divertissant, touristique, mais de manière plus importante il permet aussi à l’homme de réfléchir, de se confronter à de nouvelles idées et par conséquent de changer, d’évoluer.

Ainsi, nous sommes amenés à nous demander en quoi le voyage participe-t-il de la construction du sujet-voyageur ? Premièrement nous étudierons le voyage dans l’espace comme l’expérience d’un monde nouveau, puis nous nous pencherons sur la forme initiatique que peut prendre le voyage. Lorsque l’on évoque le voyage, notre première pensée est celle du déplacement.

Quand on voyage, on ne reste pas au même endroit, de ce fait le voyage est caractérisé par un mouvement physique et un changement géographique.

Ce dernier se fait par l’intermédiaire de différents modes de transport.

Ainsi, dans le poème de la Prose du Transsibérien, Cendrars nous embarque dans un voyage à bord d’un train.

Le poète se situe à « 16 000 lieues du lieu de ma naissance » (ligne 3), à Moscou.

L’utilisation de cette expression souligne la distance qui sépare le poète de son lieu d’origine.

Les moyens de transports sont souvent au cœur de différentes œuvres.

Parmi ces dernières, nous pouvons citer sûrement celle la plus mémorable, à savoir Le tour du monde en quatre-vingt jours écrit par Jules Vernes en 1872.

Dans ce roman d’aventure, le protagoniste part à la traversée du monde grâce à différents moyens de transports tels que le bateau, train et même à dos d’éléphant. Entre Paris et la Russie, le paysage est complétement différent et Moscou est décrit via le champ lexical de la cuisine dans la partie suivante : « Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare Croustillé d'or, Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches Et l'or mielleux des cloches...

» Ce dépaysement apparait ici de manière presque clichée, le jeune poète alors semble exagéré les traits exotiques de la capitale Russe.

Cela fait écho aux voyages de Marco Polo et à ses récits dans son œuvre Devisement du Monde publié en 1299.

Il est intéressant de noter que le nom alternatif attribué à cet ouvrage est Le Livre des merveilles.

Celui-ci reprend ce côté si incroyable, voire extraordinaire que l’on trouve au voyage.

Les écrits de Marco Polo relate des témoignages de ses voyages vers et en Chine, et son admiration devient presque extase devant ces nouveaux paysages et civilisations. Toutefois, la description de Moscou est contrastée par les déformations qui s’en suivent, conséquences de la vitesse vertigineuse du train.

Peu après l’admiration pour ce nouveau paysage, Cendrars décrit « les gares lézardées obliques », « les poteaux (…) grimaçants », « le monde [qui] s’étire s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmente » et « les locomotives en furie ».

Ce monde nouveau qui paraissait si exaltant au début, devient alors presque effrayant. Le monde nouveau est donc aussi un monde qui peut faire peur, et il est important de souligner que certains voyages sont contraints, et ne s’effectue pas dans une optique positive.

En effet, à l’instar de la fratrie Doutreleau dans le roman de Jean-Claude Mourlevat L’enfant Océan publié en 1999, Yann et ses frères sont contraints de fuir leurs parents, et donc d’entamer un voyage vers l’océan.

Mais celui-ci ne se fait pas sans peine, et est loin du voyage touristique, plaisant et merveilleux qu’a pu décrire par exemple Marco Polo. Le voyage n’est parfois pas planifié.

Autrement dit, le déplacement survient au-delà de notre volonté et est souvent lié à l’égarement.

Ainsi, la peur du monde nouveau devient la peur face à l’inconnu.

Dans le livre Le Royaume de Kensuké, écrit par Michael Mopurgo, le héros du roman, portant d’ailleurs le prénom de l’auteur, est un adulte se remémorant sa jeunesse, et ses aventures, notamment celle où il se perdit en mer et s’échoua sur un île.

Le jeune Michael est alors désemparé, apeuré par cet endroit qui lui parait sauvage et regorgeant de danger.

D’autant plus qu’il n’est pas seul du cette île, et que Kensuké ne semble pas au prime abord être des plus chaleureux. Le voyage est donc d’abord un déplacement géographique, effectué par l’intermédiaire de transports, qui peut être exaltant comme terrorisant, selon l’appréhension que la personne se fait du monde nouveau, et qui est parfois désiré ou contraint. Cependant, la dimension du voyage ne s’arrête pas là, et comme nous l’a dit Taine, ce n’est pas le changement de lieu qui importe, mais le changement d’idées. Le voyage aurait alors une fonction initiatique, et le sujet voyageur à travers l’expérience du voyage en reviendrait changé. Nous avons vu dans une première partie que le voyage se fait grâce à un déplacement géographique, et il est intéressant de voir l’impact des éléments externes et comment ces derniers amènent le voyageur à faire une introspection sur lui-même. Dans le poème de La Prose du Transsibérien, le poète utilise les éléments extérieurs pour faire comprendre au lecteur la passion qu’il ressent « mon cœur, tour à tour, brûlait (…) comme la Place Rouge de Moscou ». Cette passion fait écho au thème de l’adolescent avide de nouveauté.

Le voyage initiatique prend alors une dimension temporelle où le sujet voyageur grandit du fait de ses expériences. Afin de grandir, le voyageur a besoin de se défaire de son passé, et parfois il en vient à rejeter son enfance.

C’est le cas d’Alice dans l’œuvre de Lewis Caroll publié en 1865 Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles, dans lequel l’héroïne entreprend un voyage initiatique dans un monde étrange dans lequel elle subit des changements physiques, en grandissant ou en rapetissant.

Elle s’en retrouve changer, et on pourrait argumenter que son voyage dans le monde des merveilles.... »

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