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En quoi l'Odyssée est-elle un récit épique ?

Publié le 17/01/2022

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La matière du récit épique est claire : imiter, nous dit Aristote dans la Poétique (5), « à l'aide du mètre, des hommes de haute valeur ». L'epos se consacre donc à des hommes dont les exploits, les aventures sont dignes d'être transmis publiquement. C'est pourquoi on peut rapprocher l'épopée de la chanson de geste médiévale. La geste (du latin gesta, « faits accomplis ») d'un personnage consiste dans le récit de ses faits de gloire. Le personnage de l'épopée est donc un héros, au sens fort du terme.

« I] L'epos, une parole grandiose a) L'épique ou ce qui est digne d'être raconté Le mot grec epos signifie « parole ».

Est « épique » tout ce qui mérite d'être dit à haute voix en public, dans le présent et pour l'éternité.

Ainsi, au chant VIII de l'Odyssée, dans le palais d'Alcinoos, est mis en scène un aède, Démodocos, à qui l'on demande de chanter « la gloire des hommes », et un « récit dont le renom touchait alors le ciel » (VIII, v.

72-73).

Cette parole de « gloire » et de « renom » a presque une valeur divine, comme l'indique le terme « ciel », et elle est capable d'émouvoir les Hommes, comme le prouve la réaction d'Ulysse qui pleure en écoutant le récit de l'aède. b) Un récit versifié Contribue aussi à la grandeur du récit épique sa dimension poétique.

L'Odyssée est écrite en vers appelés « hexamètres dactyliques ».

Par sa taille, son ampleur et sa relative régularité, l'hexamètre est un peu l'équivalent de l'alexandrin pour la poésie française.

Depuis Homère au moins, il est le vers de l'épopée antique (on le retrouvera chez le poète latin Virgile).

Pour faciliter la mémorisation de ces poèmes récités par cœur, le vers épique emploie nombre de formules répétitives (demi-vers, vers, voire groupe de vers) qui formaient des points d'appui pour soulager la mémoire.

Ainsi, à chaque fois que l'aurore se lève, revient la même formule : « l'aube aux doigts de rose », (V, v.121, 228 ; VIII, v.1 ; XIII, v.18).

Les noms propres sont très souvent accompagnés d'épithètes fixes qui apportent un segment métrique stable et facilement mémorisable pour l'aède : ainsi Calypso est -elle appelée « la merveilleuse Calypso » trois fois en l'espace de quelques vers (V, v.78, 84, 116). c) Un poème dramatique Composé pour la diction scénique, l'épopée doit être aussi vivante qu'une pièce de théâtre.

Elle est donc aussi drama, « action par la parole », comme le théâtre.

Les dialogues y sont nombreux : les personnages parlent, racontent, s'exclament, se lamentent.

Mais chaque rôle est tenu par le seul aède.

Ainsi, le chant V débute par une assemblée où dialoguent les dieux : Athéna prend la parole, Zeus lui répond, puis elle s'adresse à Hermès à qui elle donne ses ordres.

Chaque prise de parole s'accompagne souvent d'un vers ou d'un demi-vers stéréotypé qui annonce le personnage en même temps qu'il introduit le discours : « Celui qui sait rallier les nuages lui répondit » (V, v.21) ; « La merveilleuse Calypso dit à Hermès » (V, v.84) ; « Le messager éblouissant lui répondit » (V, v. 145).

Ces formules, qui équivalent aux didascalies théâtrales, permettaient à l'auditoire d'identifier à coup sûr le personnage qui prenait la parole et au récitant de préparer son rôle.

Dans l'Odyssée, ce caractère « dramatique » est renforcé par le fait que, des chants IX à XII, le récit est pris en charge par un seul personnage, Ulysse.

Ce récit est donc d'abord un discours d'Ulysse à ses hôtes.

Il est dès lors chargé d'émotion : Ulysse l'annonce à Alcinoos au début du chant IX : « Mais tu m'as questionné sur l'objet de mes plaintes/ et mes plaintes ne vont qu'en redoubler » (v.12- 13). II] La geste du héros Ulysse La matière du récit épique est claire : imiter, nous dit Aristote dans la Poétique (5), « à l'aide du mètre, des hommes de même valeur ».

L'epos se consacre donc à des Hommes dont les exploits, les aventures sont dignes d'être transmis en public.

C'est pourquoi on peut rapprocher l'épopée de la chanson de geste médiévale.

La geste (du latin gesta, « faits accomplis ») d'un personnage consiste dans le récit de ses faits de gloire.

Le personnage de l'épopée est donc un héros, au sens fort du terme. A l'évidence, les aventures d'Ulysse dans l'Odyssée sont bien des aventures héroïques et par là même épiques : Ulysse affronte les dieux, les éléments, des monstres, ses ennemis.

Toutes les dénominations homériques le présentent comme un héros.

Tout d'abord, c'est son nom qui donne son titre à l'épopée : le mot « Odyssée » vient d'Odusseus, « Ulysse » en grec.

Dans le récit, l'un des substituts du mot Ulysse est souvent le mot « héros » (V, v. 241 par exemple).

Les épithètes accolées à son nom mettent en avant ses qualités héroïques : il est d'abord « divin » (V, v.198 ; VI, v.217 ; v.230), mais aussi « le généreux » (V, v.150) « l'endurant » (V, v.171), « le patient » (V, v.31), « l'industrieux » (V, v.203), « l'ingénieux » (V, v.215).

Nausicaa, dès l'instant où il est lavé et habillé, et avant même de savoir son nom, reconnait en lui l'étoffe du héros : « Ah ! si un tel héros pouvait être dit mon époux » (VI, v.244).

Quand Ulysse se présente aux Phéaciens, il n'hésite pas à souligner la grandeur de sa renommée : il est celui « dont les ruses/ sont fameuses partout, /et dont la gloire touche au ciel » (IX, v.19-20).

D'ailleurs, l'aède Démodocos chante déjà ses exploits, signe qu'ils sont passés dans la légende : la querelle avec Achille (VIII, v.72-84), puis l'épisode du cheval de Troie (VIII, v.492-520).

On voit également Ulysse, lors du banquet chez Alcinoos, répondre au défi d'un Phéacien et «. »

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