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« En vérité, les adversaires des bandes dessinées [...] oublient que, héritières d'une civilisation de l'image, elles sont le produit d'une société ». Discussion.

Publié le 29/03/2011

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Introduction ■ La B.D. est confinée presque jusqu'à la 2e guerre mondiale dans le domaine des histoires réservées aux enfants. ■ Elle est longtemps ignorée (mal famée même) ou maudite du public adulte. ■ Depuis 1956 : 1er ouvrage critique consacré à la B.D., de F. Caradec : Christophe Colomb. Grasset et 1958 : défense des B.D. avec Tintin, héros d'une génération, d'E. Morin. ■ Les B.D. se répandent à vitesse impressionnante dans la presse adulte puis en volumes indépendants. ■ Est-ce : — renaissance d'un moyen d'expression très ancien ? — mode? — ou tentative pour trouver la forme littéraire de notre temps ?

« La technique spécifique de la B.D.

se caractérise, par « un découpage du récit visuel en plans exprimant une idéetrès courte et dont le montage obéit à un rythme obtenu par la manipulation du format de l'image et de l'angle devision ».

(Lacassin). Voilà bien une technique en rapport avec une nouvelle civilisation où l'image devient de plus en plus reine (depuisla publicité envahissant nos murs et nos écrans, jusqu'aux illustrations des livres et journaux dont l'importance parrapport au pourcentage de texte devient de plus en plus grande; aux films; à la T.V...). Comme le cinéma allie images et sons, de même la B.D.

structure son récit sur une imbrication harmonieuse du son(paroles, bruit) et de l'image, le 1er figurant à l'intérieur de la seconde. Un réalisme phonétique très poussé produit des onomatopées graphiques (Vroââr = puissante voiture; Cataclopcata-clop — cheval au galop; Rac pont pont — vieille bagnole) qui « ondulent, éclatent ou serpentent à l'intérieurdu cadre, le parcourant en tout sens » (Lacassin). Voilà donc le « son [...] devenu image comme dans les anciennes écritures idéographiques » (id.). Étudions les toutes 1res véritables B.D.

de la fin du xixe siècle : La Famille Fenouillard (1889), Le SapeurCamember, Le savant Cosinus, de Christophe —, où l'auteur prétend avec modestie « faire du neuf avec du vieux »—, découvrent des astuces graphiques pour restituer l'illusion du mouvement : travellings et panoramiques que lecinéma non encore né n'a pas encore pu découvrir; scènes nocturnes, ombres chinoises : contre-jour et clair obscurdu futur cinéma, tandis que le morcellement d'une même scène restitue la durée comme le découpagecinématographique le fera. Les 1res B.D.

américaines (1890) vont faire preuve d'inventions de même type. De même, plus tard : Les Pieds Nickelés, Bécassine, Zig et Puce, Bicot...

où de plus apparaît un comique assezproche de celui qu'engendrent parallèlement, après 1910, les bandes filmiques, telles celles de Mack Sennett,comique doublé de satire sociale et d'ironie, d'abord aimable, puis cruelle et violente; de parodie, de pastiche, dedémystification, de dénonciation par le rire et l'absurde (Peanuts et le chien Snoopy; Tintin; Astérix; Lucky Luke);ou plongeant le héros dans l'exceptionnel (Tarzan). Peut-on alors parler de mode, quand l'engouement pour la B.D.

va la faire déborder hors du cadre de la presseenfantine, à partir de Barbarella et qu'elle envahira tous les journaux et hebdomadaires d'adultes? (ainsi les B.D.

deBretecher dans le Nouvel Observateur, ce même hebdomadaire qui en 1967 avait pourtant laissé publier un véritable« éreintement » de la B.D., à propos d'Astérix, citons aussi Wolinski dans Charlie Hebdo ou ses recueils comme LesFrançais me font rire). N'est-ce pas plutôt un tâtonnement — de plus en plus ferme, de plus en plus proche du but —, vers un desmoyens d'expression d'une civilisation dont les mutations profondes exigent un langage transformé ? Conclusion Une mode qui prend et qui dure n'est pas une mode. « Le combat contre les mythes du temps est devenu impossible.

Les mythes se défendent bien.

» (Céline). La B.D.

est un réservoir de personnages mythiques, de héros collectifs, de même genre que les types exemplairesde la littérature, mais qui ne sont plus réservés à un public privilégié.

De plus, elle vulgarise, en les utilisant, lestypes littéraires célèbres (ex.

: B.D.

sur l'Odyssée, sur l'Enéide dans France-Soir). D'autre part la forme littéraire de notre temps ne serait-ce pas celle où « l'image et le texte seraient en symbiose »? Car les millions de lecteurs modernes ont pris l'habitude d'associer dans une même vision des articles illustrés dephotos et dessins.

Il est possible que « la lecture de pages vides de toute forme d'illustration devienne bientôt aussiardue que lire un livre en langue étrangère ». Cette nouvelle forme littéraire ne sera-t-elle pas faite d'un ensemble où texte et images seraient inséparables ?. »

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