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En vous appuyant sur l'oeuvre ou les oeuvres étudiées, vous direz à quelle maîtrise parvient, selon vous, le héros d'un roman d'apprentissage.

Publié le 17/01/2022

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La notion d'apprentissage suppose nécessairement celle de maîtrise : un apprenti est quelqu'un qui devra devenir, plus tard, un maître. Mais à quelle maîtrise parviennent les héros de ces romans ? S'essayant d'abord à la maîtrise du réel, ils seront vite renvoyés à la maîtrise d'eux-mêmes, avant de comprendre que la maîtrise est peut-être une illusion, et que l'apprentissage ne se fait que dans l'échec.

« comprendre les sentiments de Madame Arnoux, et méprisant sa maîtresse Rosanette, parce qu'elle est une fille dupeuple. Mais elle est aussi de l'ambition, mais une ambition incontrôlée, maladroite, chez Julien Sorel, qui abandonne lafemme qu'il aime, Madame de Rênal, pour faire fortune à Paris, au moyen de sa nouvelle maîtresse, Mathilde de LaMole Des réussites inachevées Dès lors, les réussites de ces héros ne peuvent-elles qu'être inachevées, dans le meilleur des cas.

Ainsi Rastignac,le héros par excellence, ne défie-t-il Paris qu'à la fin du roman : tout lui reste à faire pour devenir quelqu'un. Julien, plus rapide, va trop vite, et finit sur l'échafaud, moins pour avoir tiré sur Madame de Rênal, que parce qu'il afranchi les étapes sociales sans respect des règles.

Le fils d'un petit entrepreneur de Verrières ne pouvait monteraussi haut, sans chuter encore plus bas...

C'est alors au renoncement que sont contraints nombre de ces héros :Fabrice se retire dans la Chartreuse de Parme.

Dominique renonce à son amour.

Frédéric se contente de sa petitevie manquée. III.

L'échec est-il une maîtrise ? Un apprentissage Ce que peuvent avoir appris ces héros, mais le comprennent-ils tous ? c'est que l'apprentissage n'est pasnécessairement réussite : c'est autant par leurs erreurs que par leurs victoires que les héros deviennent deshommes, et sortent de l'adolescence.

Maîtriser le réel, ce qu'ils voulaient faire jeunes, est une illusion. Aussi, parce qu'ils sont confrontés à leurs propres limites, peuvent-ils apprendre justement ce qu'ils sont, qui ilssont.

La première leçon de cet apprentissage difficile est de connaître leurs possibilités.

Cette connaissanceacquise, ils peuvent comprendre, contrairement à leurs idées initiales, préconçues, que le renoncement à certainsrêves n'est pas nécessairement un échec, mais parfois au contraire une preuve de maturité. Des choix C'est devant des choix qu'ils se trouvent.

Julien, au terme de sa fulgurante carrière, choisit de mourir, non parcequ'il n'a plus le choix, mais parce qu'il refuse de plier devant la société.

En cela, il est fidèle aux valeurs qu'il s'estpetit à petit forgées, et devient peut-être par là même un véritable héros. De même, la retraite ou le couvent, choisis par Dominique et Fabrice, sont moins des échecs complets qu'uneposture face au réel.

De maîtrise, il n'y a guère, mais de maîtrise de soi, peut-être.

L'apprentissage leur a fait perdreleurs idéaux d'adolescent.

C'est dire qu'il les a transformés en hommes, conscients de la réalité, et assumantjusqu'au bout, la mort, la retraite, ou d'autres solutions, leur propre devenir. 3.

Un discours sur le réel Le discours tenu par ces romans ne relève donc pas d'une maîtrise du réel, mais d'un jugement sur celui-ci.

L'idéalrationaliste, du XVIIIe siècle, a vécu : la raison ne triomphe pas, dans un monde de plus en plus chaotique,désordonné, amoral.

Cela ne signifie pas qu'il faut y renoncer, mais qu'il est devenu impossible d'y croire comme àune foi rédemptrice. De même, l'idéal romantique s'effondre : ces héros ne changeront pas le monde, comme l'épopée napoléonienneavait pu le leur faire croire un temps.

Souffrant du « mal du siècle », selon l'expression de Musset, ils n'en ont plusles illusions, ou les perdent peu à peu : grand amour, monde de justice et de fraternité, cela s'est envolé avec larévolution industrielle de la seconde moitié du XIXe siècle. Ils restent alors confrontés à eux-mêmes, et naissent comme des individus, non plus libres dans un monde d'espoirs,mais repliés sur eux-mêmes, s'occupant un peu moins de leur voisin et davantage de leur propre confort : c'est lanaissance de l'individualisme moderne. Conclusion Les romans d'apprentissage ne sont donc pas, pour la plupart, des romans de la maîtrise : au contraire, ce sont biensouvent des romans de l'échec.

Mais la leçon qu'ils donnent est sans doute là précisément : c'est dans cet échecqu'il faut chercher un véritable rapport au réel.. »

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