Devoir de Philosophie

Épilogue 1 : le mariage - Une partie de campagne de Maupassant

Publié le 14/09/2018

Extrait du document

mariage
Deux mois après, comme il passait rue des Martyrs, Henri lut sur une porte : Dufour, quincaillier. Il entra. La grosse dame s'arrondissait au comptoir. On se reconnut aussitôt, et, après mille politesses, il demanda des nouvelles. " Et Mlle Henriette, comment va-t-elle ? - Très bien, merci, elle est mariée. - Ah !... " Une émotion l'étreignit ; il ajouta : " Et. .. avec qui ? - Mais avec le jeune homme qui nous accompagnait, vous savez bien ; c'est lui qui prend la suite. - Oh ! parfaitement. " Il s'en allait fort triste, sans trop savoir pourquoi, Mme Dufour le rappela. " Et votre ami ? dit-elle timidement. - Mais il va bien. - Faites-lui nos compliments, n'est-ce pas ; et quand il passera, dites-lui donc de venir nous voir... " Elle rougit fort, puis ajouta : " Ça me fera bien plaisir ; dites-lui. - Je n'y manquerai pas. Adieu ! - Non... à bientôt ! "

de << Deux mois plus tard >> à «à bientôt ! >>

L’autonomie de cette scène est clairement marquée par le fait qu'elle se présente comme un dialogue rapporté au discours direct. Le choix des deux personnages n’est pas innocent : Mme Dufour et Henri n’appartenant pas au même couple illégitime, ils ne peuvent aborder le sujet qui leur tient à cœur que de manière prudente, assurés, d’ailleurs, que leur tacite complicité leur permet de se comprendre à mots couverts. Le respectabilité affichée de la commerçante à son comptoir (ses rondeurs valent ici pour un certificat de bonnes mœurs) exige que la visite, même improvisée, sacrifie au rituel des « mille politesses», de la demande de «nouvelles», de la présentation de «compliments» et interdit toute allusion inconvenante au passé. On parle donc du présent («comment va-t-elle?») ou d’un avenir proche («dites-lui donc de venir nous voir») pour exprimer les sentiments qu’a suscités la double aventure amoureuse. Dans ce dialogue codé, le «nous» cache pudiquement les désirs de Mme Dufour, un «Adieu!» exprime l’envie de fuir pour mettre fin à un malaise. Le lecteur, qui occupe une position de supériorité par rapport aux person nages, prend plaisir à interpréter leurs paroles et leurs silences.

 

Il existe deux autres sources de comique. 

mariage

« toire d'une double intrigue réunissant des personn ages à la fo is semblables et diff érents (la mère et la fille, les deux cano­ tiers).

Henri et Mme Dufour posent ainsi les mêmes questions ( 1 >) et répondent sur le même ton d'évidence ( > 1 >).

Le lecteur perçoit sous ces parallélismes tout ce qui sépare les personna ges : Mme Dufour n'imagine pas que la nouvelle du mariage de sa fille puisse affecter le canotier parce que la manière dont ils ont vécu leur aventure amoureuse est différente.

Ainsi ce dia­ logue suscite deux attitudes chez le lecteur: il peut se moquer du badinage amoureux à peine voilé de Mme Dufour (ce per­ sonnage suscite toujours le sourire dans la nouvelle) et se mon­ trer sensible à l'> qui étreint le jeune homme.

Psycholog ie: deux manif estations de l'amour On sait que le canotier éprouvait devant la jeune fille> et (lO C).

Le texte n'a fourni depuis aucune autre indication en dehors du > qui sépare ensuite les deux amants.

Le fait qu'il entre dans la boutique puis la tris tesse vague qu'il éprou ve à J'annonce du mariage d'Henriette, montrent que leur relation aurait pu être autre chose qu'un de ces ) et suivi d'effet (>) provoque à nouveau le sourire du lee-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles