Épilogue 2 : la nostalgie - Une partie de campagne de Maupassant

racontée qu'on ne désire plus savoir ce que deviendront le lendemain les personnages les plus attachants >> (<< Le Roman >>). Le dénouement d'<< Une partie de campagne >>, au contraire, maintient l'intérêt du lecteur pour des personnages que leurs attitudes et leurs paroles (leurs silences, aussi) ne rendent jamais entièrement clairs et qui ressemblent davantage, de ce fait, à de véritables individus.

 

Le lecteur peut être ainsi amené à combler les “blancs\" du récit et notamment à préciser la figure du << garçon aux cheveux jaunes >> (à peine esquissée jusque-là) à partir des informations nouvelles, qui lui apparaissent comme autant d'indices. Le texte joue sur un topos* romanesque fréquent dans les œuvres de cette époque : citons, parmi bien d'autres exemples, la rencontre de Charles et de Rodolphe à la fin de Madame Bovary ou la relation entre M. Hennebeau, son épouse et son neveu Négrel dans Germinal. Dans Bel-Ami, Maupassant fait évoluer plusieurs trios amant/femme/mari : Vaudrec/Made-leine/Forestier, Bel-Ami/Mme de Marelle/M. de Marelle, Vau-dree/Madeleine/Bel-Ami, Laroche-Mathieu/Madeleine/Bel-Ami, Bel-Ami/Mme Walter/M. Walter, dont les maris se montrent complaisants, “jobards” ou jaloux, selon leur personnalité ou leur situation. Le dénouement permet d'imaginer ici un mari impuissant, ou du moins insensible au désir sexuel ;

de << L 'année suivante >> à «nous en aller >>.

L'année suivante, un dimanche qu'il faisait très chaud, tous les détails de cette aventure, que Henri n'avait jamais oubliée, lui revinrent subitement, si nets et si désirables, qu'il retourna tout seul à leur chambre dans le bois. Il fut stupéfait en entrant. Elle était là, assise sur l'herbe, l'air triste, tandis qu'à son côté, toujours en manches de chemise, son mari, le jeune homme aux cheveux jaunes, dormait consciencieusement comme une brute. Elle devint si pâle en voyant Henri qu'il crut qu'elle allait défaillir. Puis ils se mirent à causer naturellement, de même que si rien ne se fût passé entre eux. Mais comme il lui racontait qu'il aimait beaucoup cet endroit et qu'il y venait souvent se reposer, le dimanche, en songeant à bien des souvenirs, elle le regarda longuement dans les yeux. " Moi, j'y pense tous les soirs, dit-elle. - Allons, ma bonne, reprit en bâillant son mari, je crois qu'il est temps de nous en aller. "