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Est-il exact de dire que la notion de liberté est la découverte centrale du siècle des Lumières ?

Publié le 17/08/2012

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Toutefois, on ne peut se contenter de cette unique preuve en restant à la surface des choses : il faut entrer au cœur même de l’idée de liberté.  Le peuple français, aveuglé et dominé depuis des années dans les domaines qui fondent leur vie quotidienne, ne découvrent pas la liberté avec les philosophes des Lumières, mais la redécouvre. En effet, cette liberté existait déjà auparavant, elle était même l’état naturel de l’homme jusqu’à ce qu’il se laisse influencer et trompé jusqu’à ne plus réagir à l’esclavage auquel il est soumis. Par son ouvrage Des femmes et de leur éducation, Chorderlos de Laclos réussit à démontrer cette idée en se centralisant sur le cas des femmes. Dans un extrait, l’auteur commence son discours en utilisant le passé pour rappeler aux femmes leur ancienne situation (« ce que la nature vous a donné «, « nées compagnes des hommes «) : par ces expressions, il prouve bien que les femmes connaissaient auparavant la liberté, qu’il nomme « avantages «, que c’était l’état naturel dans lequel elles ont été créées. De Laclos insiste alors sur le fait que cette liberté leur a été enlevée (« la société vous a ravis «, « tombées «, « parvenues «, « dégradées «), ce qui renforce la démonstration puisqu’ils se basent ici sur des preuves réelles, à cette époque tout le monde sait que les femmes sont inférieures aux hommes.  C’est en citant l’histoire tout en s’appuyant sur le présent que de Laclos montre que la liberté existait déjà auparavant et que ce que les philosophes font et essaient de faire passer au peuple, ce n’est pas une découverte mais une redécouverte.

« discrimination et de trahison envers les femmes, mais aussi une critique des femmes elles-mêmes qui ont des vices (elles utilisent leurs charmes à mauvais escient etne sont pas solidaires).

En les appelant à la révolte avec véhémence, Olympe de Gouge souhaite arracher les femmes à l'esclavage des hommes et redonner leur vertuaux femmes par la liberté.Rousseau, à travers son écrit Emile ou de l'Education, conjugue plusieurs formes de liberté à la fois.

En mimant d'abord une mère noble scandalisée qui apprend queson fils doit travailler, puis un précepteur qui critique le statut de ces mêmes nobles, Rousseau dénonce cette catégorie oisive qui empêche leurs enfants d'apprendre etde prendre un travail : il revendique donc la liberté de s'instruire.

Il y associe deux autres libertés qui sont la liberté de circuler lorsqu'il décrit un artisan qui s'en vacomme il le souhaite, et la liberté de commerce en prenant l'exemple deux métiers – agriculteur et artisan – dont la vente de la production va permettre de faire vivrel'homme.

On peut alors en déduire une dernière sorte de liberté globale que l'homme va pouvoir acquérir s'il respecte, développe et utilise les trois précédentes :l'indépendance, c'est-à-dire la liberté individuelle.Bien que certains de leurs idées, les philosophes ne les exposent pas immédiatement sans détours.

C'est au fil des années que la liberté va se développer et s'affirmeravec de plus en plus de force.Malgré l'époque de la Régence où l'autorité est beaucoup moins stricte que sous Louis XIV (décédé peu avant en 1715), Montesquieu préfère éviter la censure parplusieurs subfertuges.

En 1721, il fait publié son roman épistolaire les Lettres persanes à Amsterdam, sous anonymat, en disant dans sa préface que « je ne fais doncque l'office de traducteur » : il ne s'affirme donc pas comme étant l'auteur de cet ouvrage.

Mais malgré une situation d'énonciation placée dans le cadre de l'histoirefictive de deux perses venus en séjour à Paris, le message de Montesquieu, critiquant sa société, transparaît fortement.

Au contraire, dans le « Postambule » de laDéclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne d'Olympe de Gouge publié en 1791, l'auteur n'utilise pas une énonciation différée : elle s'adresse aux femmesun message de scandale et de révolte directement, sans détours.

Elle utilise des interjections pour appuyer la véhémence de l'appel, des apostrophes impératives pourinciter à l'action et des exclamations accompagnées de nombreuses questions rhétoriques pour interpeller la lectrice.

Alors que soixante-dix ans exactement se sontécoulés entre ces deux écrits, on remarque un total changement de mode de situation d'énonciation, qui se fait donc parallèlement à la chronologie.On constate à travers la littérature et les points de vue variés des plus grands philosophes français qu'il y a en effet de nombreuses formes de liberté, et cela montreque cette liberté touche à tous les domaines de la société.

Cela lui donne toute son importance et la rend aussi centrale dans la vie de chaque homme que globaled'autant plus que les philosophes s'affirment de plus en plus au cours du temps. Léon Blum a dit que « Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté, doit commencer par leur garantir l'existence ».

On peut ici s'interroger sur cette« existence » évoquée et sur la façon dont les hommes peuvent la mener : en effet, au-delà du fait d'être vivant, exister c'est avoir conscience d'être une réalité.

Et pourcela, chaque personne doit avoir en tête certains concepts.

La liberté ne pourra être atteinte qu'à travers le développement de ces idées primordiales. Le siècle des Lumières se caractérise par le refus de l'absolutisme et de nombreuses idées nouvelles.

Ce nom de « Lumières » a été choisi pour montrer que sedéveloppe une clarté nouvelle a contrario de l'obscurantisme des siècles précédents, surtout durant la longue période des guerres de religion.

Les Lumières sontcomme la continuité de l'humanisme, mais dans un cadre encore plus laïque et privilégié.

Pour cela, des idées extrêmement importantes doivent être développées.Le concept principal accompagnant l'intelligence qui, depuis la naissance de l'Homme, le distingue de toute les autres races animales est la faculté de connaître et dejuger, de distinguer le vrai du faux et de régler sa conduite, de justifier et argumenter : c'est la raison.

Elle est l'idée principale du mouvement des Lumières.

Lesphilosophes ont conscience de cette raison qu'ils développent et vont essayer de transmettre au peuple.

Dans ce but, Diderot utilise un exemple simple et concret, etécrit donc l'article « Paix » de l'Encyclopédie.

Il y dénonce la maladie mentale des hommes qui détruisent la paix alors que la guerre les détruits eux-mêmes.

Maisl'auteur cherche surtout à culpabiliser des princes qui ont énormément de défauts : emportés dans leur passion, ils cherchent à étendre leurs possessions et poursuiventleurs entreprises destructrices jusqu'à l'épuisement sans faire le moindre cas des pertes humaines considérables et du malheur du peuple.

Diderot décrit alors quelserait le prince idéal, pour amener le lecteur à s'interroger, à ouvrir les yeux sur la réalité et donc, dans un second temps, à réagir : ce prince serait satisfait de ce quilui a été donné et soucieux de la tranquillité et du bonheur de son peuple.

En un mot, il serait raisonnable.

L'appellation du « mouvement des Lumière » montre quecette idée, cette raison s'est propagée et a bien éclairé peu à peu les esprits du peuple.

Une preuve supplémentaire est l'aboutissement historique de la présence de cetteraison : la Révolution française, relatée à l'écrit par de nombreux contemporains de l'époque, témoins, écrivains et journaux tels Révolutions de Paris ou encreJournal politique national.La raison est l'idée abstraite qui sert de base et permet de construire les quatre autres concepts les plus importants de cette époque.Au XVIIIème siècle, la notion de citoyenneté apparaît de plus en plus.

Elle se développe dans les esprits jusqu'à être clairement exprimée à travers la Déclaration desDroits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789 qui dit que tous les hommes ont droits naturels, inaliénables et sacrés, mais aussi des devoirs qu'ils doiventrespecter : ils apparaissent comme des citoyens vivant au seins d'une même société, sous un même système institutionnel, et qui ont un pouvoir politique.Cette DDHC traite également de l'égalité des hommes, sur laquelle Choderlos de Laclos intervient six années auparavant, en 1783, avec son ouvrage Des femmes etde leur éducation.

Dans un discours direct, il s'adresse aux femmes en leur prouvant qu'elles se sont laissées esclavager sans résistance, qu'elles vivent à présent dansde très mauvaises conditions et, finalement, les appelle à la révolte car c'est le seul moyen pour elles de relever la condition féminine.

Il souhaite les indigner pour lesfaire réagir, car leur situation lui est intolérable.

Il veut, à travers cette « révolution » qu'il cite avec véhémence, atteindre une égalité sociale homme-femme au seinde la société du XVIIIème siècle.A cette époque, la religion est partout présente dans la société.

L'affaire Calas, par exemple, dans laquelle on inflige une terrible torture à un homme pour raisonsreligieuses montre à quel point l'église peut se montrer violente.

Voltaire, qui d'ailleurs réagit face à cette affaire, montre également son mécontentement à traversCandide ou l'Optimisme : en élaborant une monstration ironique par l'absurde et à travers la naïveté du personnage, l'auteur montre que la religion s'est transforméeen fanatisme immodéré qui ne peut être respecté : il faut imposer une tolérance religieuse.

Mais au-delà de la religion, Voltaire veut aussi atteindre une tolérance pluslarge et donc une véritable justice, comme le montre son ouvrage le Traité sur la tolérance, inspiré du supplice de Jean Calas.

Voltaire ébranle l'opinion publique enremettant en cause les erreurs fatales qu'ont commises les autorités qui, avec de la raison et une tolérance au niveau de l'Homme en général, auraient pu êtreparfaitement évitées.Un concept qui reste primordial puisque c'est lui qui détermine le savoir et les pensées d'une génération est l'éducation.

Par son ouvrage Emile ou de l'éducation,Rousseau montre l'importance de l'éducation à travers le travail.

En effet, il prouve l'utilité et même la nécessité d'avoir un travail en citant deux métiers quis'opposent (agriculteur et artisan) mais qui ont chacun des avantages.

Cette éducation, si elle peut être transmise par un précepteur à l'oral, doit pouvoir se baser surdes bases écrites : l'imprimerie, dont on peut retrouver des informations dans « L'imprimerie en lettres » de l'Encyclopédie permet de regrouper les connaissances dansdes ouvrages facilement accessibles à l'enseignement puisqu'ils sont diffusés largement et en grande quantité (pour l'époque).

Et comme « le savoir c'est le pouvoir »,plus on est instruit, plus on a la capacité d'agir dans le monde qui nous entoure, d e comprendre donc d'influencer la société.Ces concepts sont le point de départ de l'engrenage social qui va permettre d'arriver à la liberté revendiquée par les philosophes, d'autant plus qu'ils allègent lapression de la société sur le peuple, ce qui leur permet d'apprendre à penser par eux-mêmes : leurs esprits s'éclairent.

Ces idées sont donc tout aussi primordiales etcentrales que leur aboutissement. Charles Alexis Clérel de Tocqueville déclare que « L'histoire est une galerie de tableaux où il y a peu d'originaux et beaucoup de copies ».

Il est donc possible quel'idée originale de la liberté ait été inventée au siècle des Lumières.

Néanmoins, si l'on en croit la citation, il est aussi très probable que cette liberté ait déjà étédécouverte auparavant, d'autant plus que l'humanité à des millénaires d'Histoire avant le XVIIIème siècle : dans ce cas-là, il faudrait plutôt parler de« redécouverte ». La remise en question de la notion « d'invention » de la liberté peut se faire par deux moyens : on est en mesure d'utiliser les moyens de propagation des idéesphilosophiques qui ne sont pas nées au XVIIIème siècle, ainsi que l'idée même de liberté qui existait déjà auparavant.. »

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