Explication de texte Diderot Jacques le fataliste
Publié le 21/01/2025
Extrait du document
«
INTRODUCTION
Contexte historique et littéraire
Parution JLF dans la Correspondance Littéraire
Ecriture apparemment décousue, qui permet en réalité introduction d’une multitude
d’interlocuteurs et d'histoires parallèles à celles de Jacques et son Maître durant leur voyage.
Dialogisme dans JLF.
Situation du passage
Auberge du Grand Cerf, où demeurent deux protagonistes, l’hôtesse fait le récit à Jacques et
son Maître de l’histoire de Mme de la Pommeraye, marquise qui s’est vengée du Marquis des
Arcis (lui-même hébergé dans l’auberge au même moment) suite à leur « mariage
saugrenu ».
Schiller décrit [voir cours].
Mme de la Pommeraye met en place les conditions de
sa vengeance, avec pour objectif le mariage du marquis des Arcis avec une jeune « dévote »
qui est en réalité une prostituée (bien qu’issue de la noblesse) que Mme de la Pommeraye fait
passer avec sa mère pour « dévotes » en changeant jusqu’à leur nom (d’Aisnon au lieu de
Duquênoi)
Description du passage
Nous sommes en plein dans le mécanisme de la vengeance.
Mme de la Pommeraye a déjà
fait déménager les deux femmes dans un appartement, elles y entretiennent des mœurs
vertueuses et se font passer aux yeux de tous pour deux dévotes.
Il s’agit-là de la première
rencontre (préméditée lors d’échanges antérieurs entre les trois femmes) entre le marquis et
la jeune d’Aisnon.
Mme de la Pommeraye a tout organisé afin qu’ils se rencontrent sous un
hasard factice dans les Jardins du Roi (cadre extérieur), après le dîner qu’elle a tenu avec le
marquis.
Le récit est fait par l’hôtesse, qui modalise ses propos avec son propre avis sur la
situation.
LECTURE DU PASSAGE
Dynamique du texte :
1er temps : mise en scène de la surprise, de la rencontre hasardeuse entre les femmes et le
marquis.
2nd temps : dialogue entre les femmes qui dressent implicitement le portrait de leur vertu et
leur petite condition, pour préparer les conditions de la vengeance (tout est prémédité et
savamment orchestré)
3ème temps : le marquis pris au piège, le stratagème de la marquise peut continuer à se
refermer sur lui (ouverture sur la suite de sa vengeance)
Axe de lecture :
Observer comment le mécanisme de la vengeance est mis en place par la marquise, où le
marquis en est la victime et les trois femmes actrices d’une scène théâtrale.
Comment
intrinsèquement nous pouvons y voir une illustration d’un mécanisme de la fatalité (principe
de Jacques le Fataliste), et politique, où Mme de la Pommeraye use du corps des femmes
pour mettre en place sa vengeance.
Enfin, nous pourrons aussi y lire que les trois femmes
forment un corps, un dispositif qui se met en place et s’anime pour parvenir à des fins
précises, et que cela donnera matière à la création d’un espace politique dans le livre, un lieu
d’échange de point de vue sur la situation (question morale).
Explication linéaire :
1er Temps :
Introduction de la scène, avec description du lieu, comme didascalies de théâtre.
« Au sortir
de … », nous entrons dans un nouveau passage qui succède à un autre, où la marquise a
prémédité sa vengeance en invitant les deux fausses dévotes à venir au Jardin du Roi pour y
croiser « par hasard » le marquis.
Focalisation externe, l’hôtesse est le narrateur d’un récit, et adopte un certain point de vue
ironique sur la situation (multiplicité des ironies) : seul le marquis ignore totalement ce qui se
passe, le lecteur a connaissance par les pages précédentes du plan en marche.
« fit un cri de surprise » : expression quasi hyperbolique, nous savons que c’est un jeu
théâtral, que tout est prémédité.
Fabrication des conditions avec feinte de surprise, amplifiée
par la « réplique » de la marquise : formules antiphrastiques « je ne me trompe pas »,
hésitantes « je crois que ce sont elles », finalement confirmé par la dernière partie : « oui, ce
sont elles-mêmes ».
Répétition épiphorique du « ce sont elles », avec confirmation qu’elle se
donne « elles-mêmes ».
Durant tout le passage, jusqu’au 3ème temps, aucun détail n’est
donné sur l’identité des deux femmes, imprécision voulue pour attiser curiosité du marquis,
tout en dressant le portrait de leurs conditions de vie.
« On quitte le marquis, et l’on s’avance… » Utilisation du « on » à plusieurs reprises dans
passage pour désigner marquise : ton ironisant de l’hôtesse, externalisation du récit (prise de
distance ironique), formule entre mondanité et sarcasme.
Marquis est mis à part, 2 nde partie
du passage commence où les femmes sont au cœur du dispositif.
Amplification par expression « nos deux dévotes » : le lecteur/l’auditeur sont complices par
l’usage du pronom personnel « nos », et du qualificatif « dévotes » qui réduit les deux
femmes aux personnages qu’elles jouent (alors qu’on sait d’où elles viennent).
Mise en avant
de la jeune fille, objet de la négociation, du complot : « était à ravir ».
Nous comprenons que
tout est mis en scène par les formules : le « vêtement simple » a été choisi avec soin pour
porter « l’attention toute entière sur la personne ».
2nd Temps :
Apostrophe exclamative débute le dialogue « Ah ! » = surprise feinte
Formules démonstratives « c’est vous » (question presque rhétorique) / « Oui, c’est moi »,
tout à fait imprécises : les femmes se reconnaissent et mettent volontairement le marquis
hors de la discussion, il est spectateur de la scène de théâtre, il est passif = victime du
mécanisme
Fausses questions de la marquise qui introduisent la mise en scène : « comment allez-vous »
/ formule hyperbolique « depuis une éternité » qui l’est d’autant plus que le lecteur/auditeur
savent qu’elle ne les a quittées que la veille.
Cadence mineure de la « réplique » suivante de la d’Aisnon pour mettre en avant la
prétérition qui débute : « vous savez nos malheurs » : elle tait les détails, que la marquise
est supposée savoir, et qui attire dans le même temps curiosité auditeur.
Présente les
conditions fabriquées par la marquise, « habitus » : champ lexical de la pauvreté, de la
résignation « falloir », « résigner », « vêtement simple », « vivre retirées », « petite
fortune », « décemment »
Mme LP se sert des deux femmes pour faire valoir sa propre bonté : malignité du
personnage, fausse vertu (cruauté, faisant presque regretter au marquis de l’avoir quittée).
Phrases exclamatives de LP, théâtralisation de son discours.
Insistance sur sa personne, répétition insistante du « moi », et phrase ironique « qui ne suis
pas de ce monde », où nous pouvons lire implicitement figure divine (Toute-Puissance qui
n’est pas du monde = ressort = fatalité)
« Un des inconvénients… » Réplique d’Aisnon résonne comme une vérité générale, comme
une réplique toute faite (présent gnomique), un proverbe fataliste et donne matière à LP pour
faire valoir son action charitable = elle va leur venir en aide, objectivisation des deux femmes
qui sont objets de sa vengeance, et dont la pauvreté sert au plan (et amplifier la pitié).
Réponse de LP « est une bonne....
»
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