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Explication linéaire - Vénus anadyomène, Rimbaud

Publié le 05/10/2025

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« Explication texte 14 - Vénus anadyomène Rimbaud est un poète adolescent qui produit une œuvre de premier plan (= majeure) vers la fin du 19ème siècle.

Il recopie ses premiers poèmes lors d'une fugue, à 16 ans, en 1870, dans le Nord de la France, dans un cahier que l'on va nommer par la suite Les Cahiers de Douai.

La France est alors en guerre contre la Prusse.

L’auteur aborde dans ce recueil la vie de bohème, le désir amoureux, le rejet des conventions, la guerre.

Ses poèmes s'inspirent des mouvements littéraires du 19ème siècle comme le romantisme, le parnasse, tout en cherchant leur voie propre, et ont des formes très variées. “ Vénus anadyomène” est le 2ème poème des Cahiers de Douai.

Ce poème est un sonnet, dans lequel on voit une femme sortir de son bain.

Elle est présentée comme Vénus, déesse de la beauté, alors qu'il s'agit d'une prostituée.

Ce poème est considéré comme l'un des plus provocateurs de la littérature française. Comment Rimbaud, dans ce contre-blason, déconstruit-il de manière iconoclaste le mythe de la naissance de Vénus ? [Je vais maintenant vous lire l’extrait] Nous analyserons ce texte selon 2 mouvements : I.

Un portrait inattendu (3ères strophes, 2 quatrain & 1 tercet) II.

Une poésie choquante (dernier tercet) Dans un premier temps, nous montrerons que l’auteur dresse un portrait inattendu de cette femme.

Puis, dans un second temps, nous verrons que ce poème constitue une poésie choquante. I.

Un portrait inattendu (3ères strophes, 2 quatrain & 1 tercet) Le titre de ce sonnet est composé du nom propre “Vénus” et de l'adjectif directement issu du grec “anadyomène” qui signifie “qui sort de l'eau”.

Ceci témoigne de la culture du poète.

Rimbaud était un élève brillant en latin et en grec.

Il instaure ici une complicité culturelle avec son lecteur et lui propose une reprise du mythe de la naissance de Vénus, illustrée dès l'Antiquité par nombre de récits, mais aussi par des peintres comme Botticelli, Raphaël ou Le Titien et très récemment en 1863 par Alexandre Cabanel.

Le nom de Vénus, déesse de l'amour, évoque immédiatement l'esprit de féminité, la grâce, la séduction, la beauté absolue.

Le lecteur s'attend alors à un tableau poétique, un blason : genre poétique qui décrit de manière élogieuse le corps féminin.

Mais on s'aperçoit vite qu'il s'agit d'un contre blason. Dans le 1er quatrain, la comparaison avec le cercueil associe la morbidité à la survenue de Vénus et inverse le motif de la naissance.

La conque cède la place à une “vieille baignoire”, terme très prosaïque (≠ poétique), indigne de la divinité et laisse attendre l’arrivée d'une femme nettement plus modeste (humble).

La “vieille 1 baignoire” dénature le cadre de la vision et semble inscrire le tableau dans la dérision.

Le tableau du poète se présente donc d'emblée comme une parodie du motif original.

De la même façon le jeu sur les couleurs et les matières “vert en fer-blanc” dénature aussi le cadre, d'autant que le fer-blanc est un matériau commun, de bas prix qui colle mal avec l'idée du sublime associé à l'image de la déesse.

La femme, vieillissante, se dévoile progressivement, avec une certaine difficulté traduite par les allitérations en F/ V.

La grâce semble céder la place à la lourdeur et à la maladresse.

Le contre-rejet “une tête” met en valeur ce groupe nominal : la tête semble coupée, dénuée d'humanité, d'autant plus que le mot rime avec “bête” (qui peut signifier ici stupide ou proche de l'animal).

De même les “cheveux bruns” s'opposent au blond vénitien souvent attribué à Vénus et en donnent un portrait inattendu et décevant.

L'expression “fortement pommadés” suggère des soins de beauté maladroits et s'oppose à l'idée d'une beauté naturelle. Le bain n'a pas lavé cette Vénus, autrement la pommade aurait été ôtée : ce détail renforce le dégoût que produit le personnage.

Bien des aspects de la description évoquent la vieillesse : “vieille baignoire” / “cercueil” / le terme “déficits”, qui désigne des imperfections physiques / le participe “ravaudés” au vers 4, complété par le groupe adverbial “assez mal”.

Cette expression fait de cette Vénus une prostituée vieillissante et miteuse dont le maquillage ne suffit plus à gommer la laideur.

Le verbe “ravauder” désigne aussi le raccommodage des vêtements usés.

/ L'allitération en [S] et [D] au vers 4 cherche à traduire l'amollissement des chairs.

Le verbe “émerge” ôte tout caractère exceptionnel à l'apparition de cette femme, le geste semble banal et pénible.

Le poète semble s'adonner à un blason, toutefois, le portrait qu'il réalise ainsi est particulièrement dépréciatif : il s'agit donc d'un contre-blason. Le second quatrain poursuit la description introduite par “Puis”.

Suivant un regard descendant, Rimbaud se livre à un portrait cru de cette femme vue de dos.

Il insiste sur une.... »

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