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Expliquer et discuter ces lignes de Voltaire : « On s'accoutume à bien parler en lisant souvent ceux qui ont bien écrit; on se fait une habitude d'exprimer simplement et noblement sa pensée sans effort. Ce n'est pas une étude, il n'en coûte aucune peine de lire ce qui est bon et de ne lire que cela; on n'a de maître que son plaisir et son goût. »

Publié le 13/02/2012

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voltaire

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voltaire

« acquit pas cette facilite d'elocution que d'autres possedent sans etre des genies; it en souffre et soupire : J'ai la plume feconde et la bouche sterile Et l'on pent rarement sn'ecouter sans ennui Que quand je me produis par la bouche d'autrui. Si, observant autour de nous, nous y cherchons des exemples, it nous est aise de decouvrir cette difference entre Part de parler et l'art d'ecrire.

Tel beau parleur, tel causeur disert, piquant, original, reste sec devant une feuille de papier.

Et combien de discours perdent tout leur charme a Pim- pression 1 Voltaire le savait aussi bien que nous, mais it trouve une anti- these heureuse en chemin, it ne resiste pas an plaisir de l'utiliser, sans se demander si elle est d'une parfaite exactitude.

Il efit ete plus juste de dire : « Un des moyens de s'accoutumer a bien parler, c'est de lire ceux qui ont bien ecrit ).

Le commerce des bons ecrivains est, en effet, excellent pour nous preparer a la conversation.

« La lecture de tous les bons livres, ecri- vait Descartes, est comme une conversation avec les plus honnetes gens de tous les siecles passes...

et meme une conversation etudiee, en laquelle ils ne nous decouvrent que leurs meilleures pensees.

) Les lettres, les memoires, qui ne sont pas ceuvres d'a auteurs ), sembleraient les plus propres a nous former a Part de la conversation.

Mais la conversation - que La Roche- foucauld et La Bruyere ont si bien analysee - a ses lois propres.

Et pour apprendre a bien parler en societe it n'est que ces deux moyens : observer ceux qui parlent bien; s'exercer soi-meme a parler.

Nous apprendrons de ceux qui savent plaire aux gens distingues et cultives non des formules commodes, mais la facon d'accommoder la solidite et Pagrement dans les propos, le secret d'être original sans extravagance, de ne blesser personne sans rien abdiquer de nos principes, de ne point accaparer la conversation, mais de mettre en valeur ceux qui nous entourent.

Quand nous aurons nous- memes panle, nous nous soumettrons a la critique d'un ami charitable et eclair& et nous lui demanderons de nous signaler sincerement ce qui aurait pu nous echapper ou d'incorrect, ou de faible, ou d'inopportun.

Voile ce que Voltaire cut pu specifier a cette demoiselle anonyme. 2° Definition de l'art de parler.

- La definition de Voltaire est, a la ri- gueur et moyennant quelques precisions, fort acceptable.

La' simplicite est, en effet, la premiere quarite de la conversation, qui doit etre l'expression naturelle d'une ame.

La noblesse requise en la matiere n'est pas, sans doute, la solennite, la pompe de la tragedie classique, ni meme le ton di- dactique et quelque peu doctoral de Boileau; Voltaire n'efit pas verse dans ce ridicule.

Ii vent seulement que l'on se garde de toute puerilite, de la platitude, de la bassesse, de la trivialite, que l'on ne fasse, meme dans une conversation amicale, aucune concession a un certain argot qui change avec les siecles mais qui sevit en tout temps.

La simplicite, la dignite - sinon la a noblesse ) - n'excluent pas toutefois la vivacite, l'enjouement qui assaisonnent agreablement les propos les plus futiles comme les plus serieux.

Cela, Voltaire le savait et it l'efit ajoute s'il avait pule ici ex pro- fesso; mais, ne l'oublions pas, it s'adresse a une personne qui a des travers speciaux et qu'il vent mettre en garde contre ces travers, insupportables dans la conversation. Reste a savoir si la simplicite et la noblesse s'acquierent par le moyen que signale Voltaire.

A rechercher la simplicite chez les autres ne risque- t-on pas de perdre la Sienne propre? Est-ce etre simple que de parler comme Montaigne ou comme Pascal, modeles de simplicite? Its sont simples en se montrant a nous sans deguisement, mais chacun a son genre de simplicite.

Souvent l'auteur des Pensees cite celui des Essais, et pourtant quelle distance prodigieuse les separe! L'un est simple en son abondance « ondoyante et diverse ); l'autre en sa precision mathematique, en son eloquence conque- rante.

Mais a aucun moment le « moi , efface de Pascal ne ressemble au « moi >> toujours en scene de Montaigne.

Etre simple, c'est etre soi, fut-on terriblement complique.

Il ne faut done pas, en nous frottant a autrui, lui abandonner notre personnalite.

Les jeunes gens tombent aisement dans ce travers.

Racine, dans Alexandre, fait du Corneille, avant de faire du Racine dans Andromaque.

Simple dans cette tragedie, it ne Petait pas dans la pre- cedente.

La formule de la simplicite, La Bruyere nous l'a leguee Ne point se montrer, ne point se cacher; se laisser voir.

» Cela ne s'apprend pas. acquit pas cette facilité d'élocution que d'autres possèdent sans être des génies; il en souffre et soupire : J'ai la plume fér;onde et la bouche stérile Et l'on peut rarement m'écouter sans ennui Que quand je me produis par la bouche d'autrui.

Si, .observant- autour de nous, nous y cherchons des exemples, il nous est aisé de découvrir cette différence entre l'art de pàrler et l'art d'écrire.

Tel beau parleur, tel causeur disert, piquant, original, reste sec devant une feuille de papier.

Et combien de discours perdent tout leur charme à l'im­ pression! Voltaire le savait aussi bien que nous, mais il trouve une .anti­ thèse heureuse en chemin, il ne résiste pas au plaisir de l'utiliser, sans se demander si elle est d'une parfaite èxactitude.

Il eùt été plus juste de dire : « Un des moyens de s'accoutumer à bien parler, c'est de lire ceux qui ont bien écrit ».

Le commerce des bons écrivains est, en effet, excellent pour nous préparer à la conversation.

« La lecture de tous les bons livres, écri­ vait Descartes, est comme une conversation avec les plus honnêtes gens de tous les siècles passés ...

et même une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que leurs meilleures pensées.

» Les lettres, les mémoires, qui ne sont pas œuvres d'« auteurs », sembleraient les plus propres à nous former à l'art de la conversation.

Mais la conversation - que La Roche­ foucauld et La Bruyère ont si bien analysée - a ses lois propres.

Et pour apprendre à bien parler en société il n'est CJ.Ue ces deux moyens : observer ceux qui parlent bien; s'exercer soi-même a parler.

Nous apprendrons de ceux qui savent plaire aux gens distingués et cultivés non des formules commodes, mais hi façon d'accommoder la solidité et l'agrément dans les propos, le secret d'être original sans extravagance, de ne blesser personne sans rien abdiquer de nos principes, de ne point accaparer la conversation, mais de mettre en valeur ceux qui nous entourent.

Quand nous aurons nous­ mêmes parlé, nous nous soumettrons à la critique d'un ami charitable et éclairé et nous lui demanderons de nous signaler sincèrement ce qui aurait pu nous échapper ou d'incorrect, ou de faible, ou d'inopportun.

Voilà ce que Voltaire eût pu spécifier à cette demoiselle anonyme.

2• Définition de l'art de parler.

- La définition de Voltaire est, à la ri­ gueur et moyennant quelques précisions, fort acceptable.

La· simplicité est, en effet, la première qualité de la conversation, qui doit être l'expression naturelle d'une âme.

La noblesse requise· en la matière n'est pas, sans doute, la solennité, la pompe de la tragédie classique, ni même le ton di­ dactique et quelque peu doctoral de Boileau; Voltaire n'eût pas versé dans ce ridicule.

Il veut seulement que l'on se garde de toute puérilité, de la platitude, de la bassesse, de la trivialité, que l'on ne fasse, même dans une eonversation amicale, aucune concession à un certain argot qui change avec les siècles mais qui sévit en tout temps.

La simplicité, la dignité - sinon la « noblesse » - n'excluent pas toutefois la vivacité, l'enjouement qui assaisonnent agréablement les propos les plus futiles comme les plus sérieux.

Cela, Voltaire le savait et il l'eût ajouté s'il avait parlé ici ex pro­ fesso; mais, ne l'oublions pas, il s'adresse à une personne qui a des travers spéciaux et qu'il veut mettre en garde contre ces travers, insupportables dans la conversation.

· Reste à savoir si la simplicité et la noblesse s'acquièrent par le moyen que signale Voltaire.

A rechercher la simplicité chez les autres ne risque­ t-on pas de perdre la sienne propre? Est-ce être simple que de parler comme Montaigne ou comme Pasç_al, modèles de simplicité? Ils sont simples en se montrant à nous sans déguisement, mais chacun a son genre de simplicité.

Souvent l'auteur des Pensées cite celui des Essais, et pourtant quelle distance prodigieuse les sépare! L'un est simple en son abondance « ondoyante et diverse »; l'autre en sa précision mathématique, en son éloquence conqué­ rante.

Mais à aucun moment le « moi » effacé de Pascal ne ressemble au « moi » toujours en scène de Montaigne.

Etre simple, c'est être soi, fût-on terriblement compliqué.

Il ne faut donc pas, en nous frottant à autrui, lui abandonner notre personnalité.

Les jeunes gens tombent aisément dans ce travers.

Racine, dans Alexandre, fait du Corneille, avant de faire du Racine dans Andromaque.

Simple dans cette tragédie, il ne l'était pas dans la pré­ cédente.

La formule de la simplicité, La Bruyère nous l'a léguée : « Ne point se montrer, ne point se cacher; se laisser voir.

» Gela ne s'apprend pas.. »

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