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Expliquez et discutez cette critique des Misérables par Flaubert : Les Misérables m'exaspèrent... je ne trouve dans ce livre ni vérité, ni grandeur... Hugo a des attentions et des prévenances pour tout le monde. Saint-Simoniens, Philippistes et jusqu'aux aubergistes, tous sont platement adulés. Et des types tout d'une pièce comme dans les tragédies !... Ce livre est fait pour la crapule catholico-socialiste, pour toute la vermine philosophico-évangélique... La postérité ne lui pardonne

Publié le 06/05/2011

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VICTOR HUGO: Les Misérables (1862)

Les Misérables, « épopée sociale « de dix volumes, appartient à la période la plus féconde de l'exil de Victor Hugo. Les préoccupations philosophiques et sociales, qui animent les Contemplations et la Légende des Siècles, se développent dans ce roman-fleuve sous forme de récits de plus en plus nombreux et vastes, qui se rattachent au sujet central, le rachat d'un forçat, Jean Valjean. Le sentiment essentiel est la pitié pour les victimes de la société et la foi dans le progrès général de l'humanité.

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« d'une pièce, comme les héros de tragédie, auxquels Molière reprochait déjà de ne pas être réels.

Or le roman permet des analyses détaillées et nuancées : le romancier n'a pas l'excuse del'optique théâtrale et des exigences de la scène. • La troisième critique porte sur la philosophie de Victor Hugo, qu'il trouvedéplacée dans le roman et ridicule en soi, M.

Prudhomme étant le symbole dela bourgeoisie solennelle et stupide.

Ce grief déborde donc le cas desMisérables et peut s'appliquer aussi bien aux Contemplations (1856) et à lapremière partie de la Légende des Siècles (1859).Dans quelle mesure le jugement est-il fondé? • Il est certain que les Misérables ne sont pas un roman objectif et queVictor Hugo y montre ses idées philosophiques et politiques.

Lui-même adéclaré que c'était une épopée sociale.

Victor Hugo n'a jamais été unpartisan de l'art pour l'art; la fonction sociale du poète l'a toujours préoccupéet peu à peu il a conçu le rôle du penseur comme celui d'un mage guidantl'humanité vers l'avenir; les oeuvres, prose ou vers, sont un moyen pouréclairer le peuple : l'épopée retrace les étapes principales de l'hommeprogressant vers la lumière, l'homme montant des ténèbres à l'idéal...l'éclosion lente et suprême de la liberté...

Le roman poursuit sensiblement lemême but, mais le drame est replacé dans un cadre historique et le progrèsmoral se manifeste chez un individu : c'est le rachat de l'ancien forçat Jean Valjean. • Le sujet hantait Victor Hugo depuis longtemps : dès 1828, il se documentait sur la vie des bagnards; en 1829,dans le Dernier jour d'un condamné, il montre sa pitié pour les réprouvés.

En 1828 encore, l'ancien préfet Miollis luiavait raconté l'histoire de son frère, qui, évêque de Digne, avait transformé un forçat libéré.

Hugo avait projeté d'enfaire un roman; ce projet fut laissé de côté, mais non oublié et Victor Hugo commençait à le développer en 1845, leroman étant intitulé Les Misères et le héros s'appelant Jean Tréjean.

On ne peut donc pas dire que les Misérablessoient une improvisation accidentelle : c'est l'aboutissement en prose de l'inspiration épique qui se manifeste en versdans la Légende des Siècles et le point de départ en est une anecdote réelle, exceptionnelle sans doute, mais vraie. • Quelle est cette philosophie et que vaut-elle ?Les préoccupations philosophiques sont fort antérieures aux Misérables : après 184o, elles envahissent toutes lesoeuvres de Victor Hugo.

La mort de sa fille préférée, Léopoldine, les déceptions politiques, l'exil, la fréquentation dephilosophes et de spirites l'ont conduit à se composer une doctrine spiritualiste composée de principes idéalistesempruntés aux doctrines les plus variées : christianisme, philosophie de Pythagore, religion de Zoroastre, souvenirsde la Cabale, visions apocalyptiques s'amalgament dans une croyance sans doute peu cohérente, mais très vive,faite d'espérance dans l'avenir de l'homme.

Le poème intitulé La Bouche d'Ombre résume le système : l'homme oscilleentre le bien et le mal; tout acte vertueux l'allège et le fait monter vers le soleil du Bien, toute faute l'alourdit et lefait retomber vers l'affreux soleil noir d'où rayonne la nuit.

L'âme ne meurt pas, mais elle émigre dans une matièreplus ou moins compacte selon son degré de pureté; malgré ses défaillances, la lumière l'attire et la relève.

Le rachatde Jean Valjean est un cas typique de cette lutte entre le Bien et le Mal.Les philosophes partagent souvent la sévérité de Flaubert pour cette doctrine, qui s'appuie plus sur une foi, que surune analyse approfondie de l'homme et de sa condition.

La philosophie de Victor Hugo n'a pas la cohésion et la forceeffrayante de celles de Schopenhauer ou de Nietzsche (t).

Est-elle méprisable? Se réduit-elle à des déclamationsgrandiloquentes et surannées ? C'est être bien sévère pour un défaut qui fut celui de toute une génération : sonoptimisme nous la rend bien sympathique malgré ses obscurités, son verbiage et ses contradictions; elle exprime unefoi dans le destin de l'homme et une confiance dans le progrès, que nous voudrions encore avoir. • Les personnages sont-ils des e types » tout d'une pièce ?Hugo pense par antithèse et plusieurs de ses personnages sont des idées personnifiées : Jean Valjean, la victime dela société, Javert le bourreau, l'évêque Myriel, la charité, Gavroche, l'esprit de liberté, etc.

Le caractère de ces héros n'est pas complexe : des sentiments simples et puissants les animent, aussi leursdécisions sont-elles toujours extrêmes.

Même lorsque Jean Valjean médite pour savoir s'il avouera son identité autribunal ou s'il laissera condamner un prévenu à sa place, ce débat est présenté comme un monologue dramatiqueplutôt que comme un examen minutieux. La déclamation.

La déclamation philosophique vient gâter cette crise de conscience :La conscience, c'est le chaos des chimères, des convoitises et des tentatives, la fournaise des rêves, l'antre desidées dont on a honte; c'est le pandémonium des sophismes (1), c'est le champ de bataille des passions.

A de. »

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