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Expliquez et, s'il y a lieu, discutez à l'aide d'exemples tirés de vos lectures et notamment des comédies de Molière, cette célèbre maxime de La Rochefoucauld : « Ce que le monde nomme vertu n'est d'ordinaire qu'un fantôme formé par nos passions, à qui on donne un nom honnête pour faire impunément ce qu'on veut.» (Maxime retranchée par l'auteur.)

Publié le 18/02/2011

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Parmi les maximes les plus importantes de La Rochefoucauld, certaines ont été remaniées plusieurs fois. C'est ainsi qu'à la troisième rédaction seulement, La Rochefoucauld a trouvé la forme définitive de l'une des maximes qui expriment le mieux son pessimisme en face du monde de son temps et de la nature humaine en général : « Ce que le monde nomme vertu n'est d'ordinaire qu'un fantôme formé par nos passions. « La première proposition distingue la vertu apparente de la vertu réelle; la locution « d'ordinaire « atténue ce que la condamnation pouvait avoir de trop catégorique. La deuxième proposition montre l'inanité de cette conception et en indique l'origine. Mais en lisant le mot « passions «, nous pouvons croire que cette fausse vertu est une création involontaire de nos impulsions : la suite semble nous montrer que l'hypocrisie est consciente, « on donne un nom «, et préméditée : « pour faire «. Les derniers mots par leur sécheresse presque familière : « impunément ce qu'on veut «, nous enlèvent toute illusion, nous montrent le cynisme de la comédie sociale. Cette maxime, qui débute sur un ton modéré, finit en dévoilant avec amertume le fond de l'âme humaine déchue. L'auteur l'a retranchée probablement à cause de son ton trop absolu.

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« Ils comptent les défauts pour des perfectionsEt savent y donner de favorables noms...

(v.

715-716). Il n'y a donc aucune vertu pure : « Les vertus se perdent dans l'intérêt, comme les fleuves se perdent dans la mer.» II.

PORTÉE DE CETTE MAXIME a) La vertu existe-t-elle?Il y a donc une prétendue vertu qui est hypocrisie consciente, une autre qui est hypocrisie inconsciente.

Existe-t-ilune vertu pure, désintéressée? La Rochefoucauld écrit dans les deux premières rédactions : « L'honnêteté desfemmes n'est souvent qu'un art de paraître honnête...

ce n'est pas toujours par valeur ...que les hommes sontvaillants.

»On pourrait croire que la vertu de Polyeucte, par exemple, est susceptible de démentir le pessimisme de LaRochefoucauld.

Mais là encore l'auteur des Maximes soutiendrait que Polyeucte est avant tout un passionné commeles contemporains de Corneille, qu'il se rebelle et recherche l'éclat, le martyre, par besoin de s'affirmer, par révoltecontre son milieu familial et social.

Même son désir de la mort est une spéculation, un intérêt : Cette grandeur périt, j'en veux une immortelle!Est-ce trop l'acheter que d'une triste vieQui tantôt, qui soudain me peut être ravie...? (v.

1191-1198). De même il est facile d'attribuer la vaillance du Cid, le patriotisme d'Horace, à l'orgueil, à l'ambition ou à la haine del'ennemi.

La Rochefoucauld ne croit pas à la vertu d'Auguste : « La clémence des princes n'est souvent qu'unepolitique.

» b) L'homme incapable de vérité et de pureté.S'il n'y a aucun acte vertueux vraiment désintéressé, nous sommes obligés de conclure que l'homme ne peut faire lebien que par hasard, sous l'effet d'une passion, ou, si l'on parle en langage janséniste, par grâce spéciale de Dieu.Pascal dans ses Pensées a montré l'homme incapable de vérité, de justice, victime de l'imagination.

Selon lui, ni lesmédecins n'ont le véritable art de guérir ni les juges la véritable justice : ils n'ont que des sciences imaginaires(Pascal, Pensées, Classiques Hatierp.

32).

De même, étant incapables d'un acte purement, absolument vertueux, nous avons substitué à l'essence quenous ignorons un fantôme : « quelque apparence du milieu des choses ».

Les actes d'un homme réputé vertueux sesituent légèrement au-dessus de cette ligne moyenne.

Nous employons un terme absolu pour définir le relatif. CONCLUSION Selon La Rochefoucauld, l'homme ne peut qu'essayer de se conformer à l'image qu'il se fait de la vertu.

Cette vertun'est pas le Bien absolu que l'homme souillé par le péché originel ne peut ni connaître, ni accomplir (sinon il seraitcomme Dieu), c'est une sorte de convention sociale.

Elle est toujours plus ou moins mélangée à quelques passionsqui peuvent la transformer en un vice : « Les vices entrent dans la composition des vertus comme les poisonsentrent dans la composition des remèdes.

»Mais cette philosophie janséniste porte en elle-même son germe de destruction : si les vices sont si intimementmélangés aux vertus, alors tout est égal : le fragile édifice moral s'écroule.

Si l'homme a en lui l'idée de la vertuabsolue mais ne peut jamais être vertueux, sauf s'il est pré-destiné, alors le monde est absurde.

Ce système réduitle chrétien au désespoir et pousse le philosophe à la révolte contre une telle conception de notre destinée.. »

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