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Extrait du chapitre XVII [L'arrivée dans Eldorado]

Publié le 22/05/2015

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Extrait du chapitre XVII

[L'arrivée dans Eldorado]

Cacambo, qui donnait toujours d'aussi bons conseils que la vieille, dit à Candide ; «Nous n'en pouvons plus, nous avons assez marché ; j'aperçois un canot vide sur le rivage, emplissons-le de cocos, jetons-5 nous dans cette petite barque, laissons-nous aller au courant; une rivière mène toujours à quelque endroit habité. Si nous ne trouvons pas des choses agréables, nous trouverons du moins des choses nouvelles. - Allons, dit Candide, recommandons-10 nous à la Providence.«

Ils voguèrent quelques lieues entre des bords tantôt fleuris, tantôt arides, tantôt unis, tantôt escarpés. La rivière s'élargissait toujours ; enfin elle se perdait sous une voûte de rochers épouvantables

15 qui s'élevaient jusqu'au ciel. Les deux voyageurs eurent la hardiesse de s'abandonner aux flots sous cette voûte. Le fleuve, recçerré en cet endroit, les porta avec une rapidité et un bruit horribles. Au bout de vingt-quatre heures ils revirent le jour ; mais leur

20 canot se fracassa contre les écueils; il fallut se traîner de rocher en rocher pendant une lieue entière; enfin ils découvrirent un horizon immense, bordé de mon¬tagnes inaccessibles. Le pays était cultivé pour le plaisir comme pour le besoin; partout l'utile était

25 agréable. Les chemins étaient couverts ou plutôt ornés de voitures d'une forme et d'une matière brillante, portant des hommes et des femmes d'une beauté singulière, traînés rapidement par de gros moutons rouges qui surpassaient en vitesse les plus

30 beaux chevaux d'Andalousie, de Tétuan et de Méquinez.

«Voilà pourtant, dit Candide, un pays qui vaut mieux que la Westphalie. «

Au moment où Candide, traqué de tous côtés par les envoyés de l'Inquisition, ne sait plus où aller, son valet Cacambo lui propose de tenter l'aventure en descendant une rivière en canot. Cacambo est le type du valet débrouillard qui a une grande expérience pratique. Par sa joie de vivre et son goût de l'action, il est lui aussi à sa manière un « optimiste«. Voltaire le met sur le même plan que «la vieille«, rencontrée par Candide et Cunégonde à Lisbonne, pour la qualité de ses conseils (l. 2). Contraire­ment à Pangloss, ces deux personnages ont une connais­sance de la vie qui ne découle pas d'un système abstrait, mais s'appuie sur l'expérience vécue ; ils savent analyser avec justesse les situations et adopter face à elles une conduite adéquate.

 

Cacambo sert aussi de moteur à la fiction : il relance l'action à un moment où tout paraît bloqué, en poussant son maître au départ. La présence d'un «canot vide sur le rivage« (l. 3-4) constitue à la fois un appel à l'aventure et une invitation à poursuivre l'enquête philosophique de Candide. Ce nouveau départ et la joie qui l'accompagne sont traduits par le rythme de la phrase où s'accumulent les verbes d'action et les impératifs : «Nous n'en pouvons plus, nous avons assez marché ; j'aperçois un canot vide sur le rivage, emplissons-le de cocos, jetons-nous dans cette petite barque, laissons-nous aller au courant« (l. 2-6). Dans ces quelques paroles se retrouvent tous les traits du caractère de Cacambo : prévoyance avec l'idée

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