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Publié le 29/03/2014

Extrait du document

 

Dans le monde qui était le leur 1, il était presque de règle de désirer toujours plus qu'on ne pouvait acquérir. Ce n'était pas eux qui l'avaient décrété ; c'était une loi de la civilisation, une donnée de fait dont la publicité en général, les magazines, l'art des éta¬lages, le spectacle de la rue, et même, sous un certain aspect, l'ensemble des productions communément appelées culturelles, étaient les expressions les plus conformes. Ils avaient tort, dès lors, de se sentir, à certains instants atteints dans leur dignité : ces petites mortifications — demander d'un ton peu assuré le prix de quelque chose, hésiter, tenter de marchander, lorgner les devan¬tures sans oser entrer, avoir envie, avoir l'air mesquin — faisaient elles aussi marcher le commerce. Ils étaient fiers d'avoir payé quelque chose moins cher, de l'avoir eu pour rien, pour presque rien. Ils étaient plus fiers encore (mais on paye toujours un peu trop cher le plaisir de payer trop cher) d'avoir payé très cher, le plus cher, d'un seul coup, sans discuter, presque avec ivresse, ce qui était, ce qui ne pouvait être que le plus beau, le seul beau, le parfait. Ces hontes et ces orgueils avaient la même fonction, por¬taient en eux les mêmes déceptions, les mêmes hargnes. Et ils comprenaient, parce que partout, tout autour d'eux, tout le leur faisait comprendre, parce qu'on le leur enfonçait dans la tête à longueur de journée, à coup de slogans, d'affiches, de néons, de vitrines illuminées, qu'ils étaient toujours un petit peu plus bas dans l'échelle, toujours un petit peu trop bas. Encore avaient-ils cette chance de n'être pas loin, les plus mal lotis.

Georges PÉREC, Les Choses

(Julliard).

RÉSUMÉ

La difficulté à laquelle se heurte le jeune couple dont il est question dans cette page est qu'il désire plus qu'il ne peut acquérir. Toute la publicité est là pour susciter ce désir. Ces jeunes gens ne doivent donc pas avoir honte de leur hésitation

1. Il s'agit d'un couple.

 

devant la tentation. Ils sont fiers de payer peu ou très cher, au comptant. Le système publicitaire leur fait prendre conscience de leur situation médiocre dans l'échelle sociale. Mais ils ne sont pas les plus mal lotis.

ANALYSE

L'auteur énonce la difficulté majeure de ce couple : désirer plus qu'il ne peut acquérir.

Il leur ôte à tous deux la responsabilité de cette attitude : elle fait partie des lois de la civilisation.

Il évoque alors leurs réactions : honte de ne pas avoir assez d'argent, fierté de payer moins cher, ou le plus cher d'un seul coup.

Il explique la pression psychologique qu'exerce la publicité : elle leur fait comprendre leur situation dans l'échelle sociale.

Il achève ce passage par une phrase toute faite qui a la valeur d'une dérision : ils ne sont pas les plus mal lotis.

« LE MOYEN-ORIENT • La démocratie parlementaire n'existe qu'en Israël et à Chypre .

• La Turquie a un régime ambigu : une démocratie sous surveillance militaire.

L'Iran a, depuis 1979, un régime théocratique (pouvoir du clergé, du successeur de Khomeiny, l'ayatollah Rafsandjani ).

Ill.

-Une zone de tension 1.

Tr9is sources de tension • La naissance d'Israël a provoqué un refus unanime des pays arabes.

• La présence d'énormes gisements de pétrole dans les pays du golfe Persique amène l'Occident à considérer la région, où il s'appro­ visionne, comme une zone vitale pour lui.

• La révolution khomeinyste de 1979 en Iran a un impact consi­ dérable sur les masses populaires de toute la région.

Les appels de l 'imam à renverser les gouvernements modérés, trop peu islamiques à son gré, font redouter à beaucoup une déstabilisation de la région.

À cela s'ajoute l'antagonisme arabo-persan qui est à l'origine d'une meurtrière guerre de 8 ans (1980-1988 ) entre l'Iran, qui a cherché en vain à jouer de la solidarité chiite (les chiites sont majoritaires en Irak ), et l'Irak, qui a bénéficié du soutien arabe.

Il y a eu plus d'un million de morts.

2.

Des systèmes d'alliance instables • Le « camp progressiste » rassemble les pays les plus ardemment anti-israéliens et antiaméricains : Syrie, Libye, Iran.

L'URSS a de bonnes relations avec les deux premières, mais, à cause de l'affaire afghane, pas avec l'Iran.

• Le camp modéré : les monarchies du Golfe et la Turquie ont toujours été alliées aux États-Unis, dont l'Égypte s'est rapprochée vers 1975· Washington soutient aussi discrètement l'Irak depuis 1980.

• Une réalité mouvante : les retournements s ont fréquents et imprévisibles, liés à la mort d'un leader (Nasser en Égypte), à une révolution ( Iran , 1979) .

L'Arabie Saoudite, liée aux États-Unis, joue un jeu subtil entre eux et les pays arabes « progressistes *·. »

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