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G. Picon : « la peste est un récit allégorique. Si la citée en proie à la peste évoque la France en proie à l'occupation et à la guerre, elle est aussi n'importe quelle citée humaine lorsque s'abat sur elle l'un des 1000 fléaux qui sont dans la réserve du destin : elle est l'image de la condition de l'Homme, dont l'emprisonnement est le meilleur symbole. »

Publié le 24/09/2012

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 Albert Camus publie en 1947 le roman  La Peste qui s’inscrit dans le cycle de la  révolte. L’histoire se passe à Oran, dans les années 1940, durant la période de l’Algérie  Française. La ville va être le théâtre d’une épidémie de peste qui engendrera la fermeture de  ses portes et par conséquent l’isolement des habitants. On dit que l’œuvre de Camus doit se  lire sur plusieurs niveaux. Dans ce cas, pourquoi le fléau qui sévit dans La peste doit-il être  perçu à travers d’autres interprétations ? Si la peste est, comme le dit G. Picon, « un récit  allégorique «, c’est aussi une aventure humaine qui prend place dans un cadre réaliste.  Cependant, Camus se sert de La peste comme d’une réponse à l’absurdité de l’existence : il y  explique à travers le récit des personnages comment l’homme doit réagir à sa condition pour  donner un sens à sa vie. 

« n’est pas nommé, tout le monde l’a reconnu, et dans tous les pays d’Europe.

[…] La Peste, dans un sens, est plus qu’une chronique de la résis tance.

Mais assurément, elle n’est pas moins.

» Ainsi, de nombreuses analogies créent un l ien entre la mésaventure des habitants d’Oran et la dure réalité de la Seconde Guerre mond iale.

Dans un premier temps, la population de La peste refuse de croire à un évènement grave.

Les gens ne prennent pas les précautions d’hygiène nécessaires, et l’administrat ion met un certain temps à en prendre elle-même.

Les médecins, notamment le docteur Richa rd, ferment les yeux sur les symptômes qui ne peuvent pourtant être autres que c eux de la peste bubonique, et une sorte de tabou s’installe sur le mot « peste » par peur de créer la chose en la prononçant.

Cet aveuglement volontaire rappelle celui qui a emp êché les pays victimes du nazisme d’endiguer immédiatement le phénomène ; personne ne voulait voir, ni croire en de telles horreurs, et l’extermination a commencé petit à pet it sans rencontrer d’obstacle dans les premiers temps.

Quand les autorités ouvrent enfin l es yeux, l’état de peste est déclaré et la fermeture des portes de la ville qui isole les habi tants peut être assimilée à une déclaration de guerre : « Déclarez l’état de peste, fermez la v ille.

» ressemble étrangement à la formule « Déclarez l’état de guerre ».

Les portes sont par ailleurs surveillées par des gardes qui témoignent bien de l’état d’enfermement des habitan ts d’Oran, qui n’ont guère plus de chance de s’échapper que les prisonniers des camps de concentration.

La communication, comme pendant la guerre, est très difficile voire i mpossible : aucune lettre ne peut sortir de l’enceinte de la ville (sauf en soudoyant certains gardiens), les appels téléphoniques autorisés dans un premier temps, sont vite interdit s ; ne reste que le télégramme qui demande plusieurs heures d’attentes pour quelques m ots banals.

La population se divise en deux grands ensembles : ceux qui luttent contre la peste, qui représentent aisément la Résistance, et ceux à qui elle profite, qui incarne nt les collaborateurs.

Mais c’est en tout cas la même solidarité, la même fraternité qui va réuni r les résistants contre la peste, et les résistants contre le nazisme ainsi que, malheureuse ment, la même menace de mort qui pèse sur eux : tandis que les premiers risquent la conta mination, les seconds risquent la fusillade.

Dans La peste , l’identité des morts n’est plus respectée ; d’abo rd entassés dans des fosses communes, ils sont rapidement amenés au four crémat oire pour y brûler, Oran manquant de place : les morts des camps étaient traités de la m ême manière pendant la guerre.

Le narrateur souhaite s’effacer derrière ces morts et témoigner pour eux : c’est pour cela qu’il raconte après les faits et qu’il garde l’anonymat j usqu’à la fin.

Cette dépersonnalisation des individus entraîne la difficulté à dire « je » pour le narrateur ; les hommes sont broyés par le mal, comme dans les camps de concentration où, rapp elons-le, les prisonniers étaient désignés par un tatouage avec des chiffres (notamme nt à Auschwitz) et un symbole sur leur veste.

c) Oran représente une ville quelconque en proie au Ma l métaphysique Cependant La peste est, au-delà de la représentation du nazisme, une forme concrète du Mal métaphysique.

Ainsi, il s’agit pour Camus de do nner à voir les différentes réactions des hommes confrontés au Mal, et plus particulièrement le combat que certains d’entre eux décident de mener.

Pour ce faire, il se documente s ur la religion et les rapports symboliques : il lit la Bible et Moby Dick de Melville, qui relate une chasse à la baleine incarnant le Mal, avec de nombreuses références bib liques.

Si l’auteur de La peste choisit de faire d’Oran une ville au caractère particulièremen t banal et ordinaire c’est pour montrer que le Mal peut s’abattre absolument partout, qu’il ne faut pas être exceptionnel ou vivre dans un endroit extraordinaire pour que ça arrive.

Comme le dit G.

Picon, « [la ville d’Oran] est aussi n’importe quelle citée humaine lorsque s’ abat sur elle l’un des 1000 fléaux qui sont. »

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