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Georges FRADIER, Extrait de l'article : « Un avenir pour les cités du passé ». Commentaire

Publié le 06/11/2016

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En un temps où l'on cherche à redéfinir les perspectives du progrès en les opposant aux fatalités de la croissance et où la défense de l'environnement met en cause tant de formes d'exploitation destructrice, il devient assez clair que les villes anciennes sont au nombre des ressources irremplaçables qu'aucun pays ne peut sacrifier sans danger.

 

Comme celle de tous les biens non reproductibles par nature, leur valeur ne devrait cesser d'augmenter; elles semblent même contenir, dans une certaine mesure, les plus fragiles de ces biens : l'espace humain, le temps humain.

 

Les préserver avec la diversité de leur habitat et la multiplicité de leurs fonctions c'est rendre une chance aux rapports sociaux dont les citadins ont aujourd'hui la nostalgie. Cette nostalgie n'est pas celle du passé, mais d'un art de vivre et elle ne semble pas à dédaigner lorsque en échange on n'offre à l'individu muet dans la foule que le culte de la voiture, de l'acier et du béton.

 

C'est bien parce qu'elles paraissent interdire l'anonymat et l'isolement que les vieilles cités attirent aujourd'hui les enfants ou les petits-enfants de ceux qui les avaient délaissées. C'est en partie pour les mêmes raisons qu'elles attirent des bâtisseurs parmi les moins routiniers : il ne manque pas d'architectes ni d'urbanistes pour penser que les villes anciennes que décriaient leurs prédécesseurs représentent non des reliques attendrissantes mais des modèles dont il sera bon de s'inspirer.

 

Pour les jeunes le besoin de maintenir ces oeuvres ressemble souvent à un réflexe vital. En plus d'une contrée ce sont eux qui hantent le plus volontiers les centres anciens et, quand il le faut, s'efforcent de les protéger. Peut-être devinent-ils que lorsqu'une vieille ville succombe, ce ne sont pas seulement des rues accueillantes qui sombrent dans le néant.

 

Pour l'immense majorité des hommes que la culture livresque ne touche pas, la cité ancienne est le seul témoignage intelligible et tangible de l'histoire. En elle se perpétuent les travaux, les chances et les infortunes, les coutumes et les aspirations de ceux qui ont lentement préparé le monde où nous vivons.

 

Mémoire de la ville neuve, de la nation qui peut y trouver plus clairement que dans le langage lui-même les fondements de sa personnalité, elle devient à présent, pour des générations exilées du

L’auteur de l’article prend la défense des cités anciennes, apparemment vouées à la ruine et à la démolition, du fait de l’explosion démographique d’après-guerre, des exigences de la circulation automobile etc. Contrairement à Baudelaire qui, à l’époque d’Haussmann, s’attendrissait sur le vieux Paris, G. Fradier n’adopte pas un point de vue sentimental mais réaliste. Il parle en économiste et en sociologue (croissance, environnement, biens non reproductibles : style technocratique), soucieux de la qualité de la vie, hostile à la production de masse, aux paysages inhumains d’acier et de béton, à cet ersatz de religion : le culte de la voiture.

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