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Georges Perec - Formalisme réaliste

Publié le 02/12/2012

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Dissertation Georges Perec Dans la deuxième moitié du vingtième siècle, entre le roman « engagé « de Sartre et le Nouveau Roman, beaucoup d'écrivains se sont cherchés littérairement parlant. C'est le cas de Georges Perec. Malgré le fait que ce ne soit pas un mouvement littéraire, l'écrivain a finalement trouvé sa place lors de sa cooptation à l'OuLiPo en dix-neuf cent soixante-sept après avoir écrit Les Choses en dix-neuf cent soixante-cinq et Un Homme qui dort en dix-neuf cent soixante-sept. « Perec construit, comme Flaubert, son esthétique à partir d'une double contrainte, celle du réalisme et celle du formalisme et comme lui, il essaie d'en concilier les exigences contraires dans un « formalisme réaliste « où il réunit la recherche de la forme au souci de représenter le réel. « L'OuLiPo est un groupe de littéraires qui se réunit souvent autour de la notion de « contraintes «. Mais nous pouvons voir que même avant d'être coopté, Georges Perec s'interrogeait déjà sur cette notion. Nous le verrons donc dans Les Choses et Un Homme qui dort. Nous pouvons dons nous demander comment Georges Perec travaille son « formalisme réaliste «, qui est en fait une double contrainte, dans les deux oeuvres citées précédemment. Pour répondre à cette question, notre développement se constituera de trois parties. Tout d'abord, nous verrons la place de Georges Perec dans la littérature française dans les années soixante. Puis nous nous attarderons sur le travail minutieux concernant la forme et la stylistique dans ses deux oeuvres. Et enfin nous commenterons son choix pour le réalisme. Pendant plusieurs années, Georges Perec a cherché sa place en tant qu'écrivain dans les mouvements littéraires de son époque. Dans une lettre écrite à sa femme Paulette, il montre qu'il a conscience de ne pas savoir où il se trouve littérairement. Les deux mouvements les plus importants à son époque sont la littérature dite « engagée « et le Nouveau Roman. Pour Perec, les écrivains de la littérature engagée se concentrent surtout sur le message politique de leurs textes et non pas sur leur forme. Il explique cette idée dans L.G., une aventure des années soixante : « La littérature était une continuation de la politique, l'on voulait convaincre et seulement convaincre [...] L'on oubliait que le roman est un genre spécifique ayant à exprimer autre choses que ce que peuvent exprimer, par exemple, des tracts ou des pamphlets «. Le Nouveau Roman n'est pas mieux perçu par Perec. En effet, pour l'écrivain, le Nouveau Roman ne représente pas le réel. Même si les auteurs de ce mouvement, tel que Alain Robbe-Grillet, se revendiquent objectifs et voulant donner « à voir le monde tel qu'il est, c'est-à-dire sans signification, sa...

« de réalisme est tellement importante pour Perec qu’il a même décidé d’écrire sur ce qui risquait de n’intéresser personne, c’est-à-dire ce qu’il appelle l’infra-ordinaire.

Dans son essai L’infra-ordinaire, Perec définit ce néologisme par son contraire, c’est-à-dire « l’extraordinaire, l’événementiel, quelque chose qui se remarque, qui se démarque du monde commun 2 », ou, pour reprendre ses propres mots, c’est « ce qui semble tellement aller de soi que nous en avons oublié l’origine 3 ».

Il reprend donc, ici, l’idée de Flaubert de « fouiller le vrai ».

Et c’est donc cette difficulté de réunir ces deux contraintes littéraires que Georges Perec met en œuvre dans son roman Les Choses et son diptyque Un Homme qui dort . Pour réussir à traduire objectivement et fidèlement la réalité, Georges Perec s’est beaucoup inspiré des œuvres de Flaubert, grande figure du réalisme au dix-neuvième siècle.

En effet, pour Flaubert, comme pour Perec, le roman est le reflet du monde réel.

Nous pouvons voir cela grâce à de nombreux indices.

Tout d’abord, Les Choses de Perec a souvent été comparé à L’Education sentimentale de Flaubert.

Perec lui-même a dit : « Les Choses ont été rédigées sous l’influence de L’Education sentimentale , dont le sous-titre - Histoire d’un jeune homme - engendrera même un moment un des titres provisoires du livre – Histoire d’un jeune couple 4 ».

Puis Perec lui-même a avoué à propos de son œuvre : « Il s’agissait sans doute d’un accaparement, d’un vouloir être Flaubert 4 ».

Enfin, l’histoire du couple qui « s’étouffe […] sous le poids des objets, des clichés, de la répétition 5 » dans Les Choses rappelle Madame Bovary, ce qui montre un certain bovarysme dans l’œuvre de Perec.

L’écrivain a donc pris beaucoup d’éléments des romans flaubertiens pour les mettre dans ses propres romans.

De plus, nous pouvons souligner que Georges Perec ne semble pas oublier de rappeler son inspiration dans l’incipit des Choses avec « Ville-de-Montereau » (l.6, p.9) qui était également dans L’Education sentimentale de Flaubert.

Georges Perec n’est ni un écrivain engagé, ni un Nouveau Romancier, c’est un oulipien qui a choisi de se donner comme contrainte d’unifier le formalisme, qui semble disparaître, et le réalisme de Flaubert. Nous savons donc que pour Perec la forme dans le roman est primordiale.

Dans Les Choses et Un Homme qui dort , l’écrivain a effectué un travail minutieux pour ne rien laisser au hasard. Toujours dans la même lettre qu’il a écrite à sa femme Paulette, Georges Perec explique qu’il se sent coincé dans l’écriture d’ Un Homme qui dort : « J’avance lentement mais pas du tout sûrement […].

Je ne sais toujours pas vers où je me dirige ».Il ne semble pas avancé dans l’histoire qu’il veut raconter, mais aussi et surtout dans la forme qu’il veut lui donner : « Seuls résistent l’emploi de la deuxième personne du singulier et du présent comme temps principal […].

Mais « l’histoire » va dans tous les sens et « l’organisation » du livre n’est pas du tout fixée ».

Mais c’est dans cette lettre qu’il décide de la mise en page de son histoire : « une suite de fragments », qui est la seule façon pour lui de pouvoir écrire son histoire, car, pour Perec, le contenu de son roman ne peut avancer que si la forme est décidée, donc seulement si l’organisation est définie.

Nous savons également une partie du processus d’écriture du futur oulipien.

En effet, à la fin de cette lettre, Perec montre à sa femme un début de plan pour son œuvre.

Le plan ne correspond pas vraiment à la structure finale du roman, mais on y retrouve les principales idées ; certaines parties seront développées, d’autres condensées, et à la publication, les huit parties initialement imaginées seront changées en seize parties, soit le double.

Perec utilise également l’ironie surtout dans Les Choses .

Il l’a sans doute encore empruntée à Flaubert puisque celui-ci l’utilisait également dans L’Education sentimentale mais aussi dans Bouvard et Pécuchet .

Dans ce dernier roman, les deux héros reviennent de leurs études encyclopédiques et décident de retourner à leur travail de copistes, tout comme Jérôme et Sylvie qui, après un voyage à Sfax et après avoir essayé quelque chose de différent, reviennent en France et retourne à leur routine.

L’ironie utilisée par Perec lui permet de « se détacher de l’univers qu’il crée 6 ».

L’ironie, dans son roman, constitue bien une partie de la forme décidée par Georges Perec puisque ce sont avec des mots. »

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