Georges Perec - Formalisme réaliste
Publié le 02/12/2012
Extrait du document
«
de réalisme est tellement importante pour Perec qu’il a même décidé d’écrire sur ce qui risquait de
n’intéresser personne, c’est-à-dire ce qu’il appelle l’infra-ordinaire.
Dans son essai L’infra-ordinaire,
Perec définit ce néologisme par son contraire, c’est-à-dire « l’extraordinaire, l’événementiel, quelque
chose qui se remarque, qui se démarque du monde commun 2
», ou, pour reprendre ses propres mots,
c’est « ce qui semble tellement aller de soi que nous en avons oublié l’origine 3
».
Il reprend donc, ici,
l’idée de Flaubert de « fouiller le vrai ».
Et c’est donc cette difficulté de réunir ces deux contraintes
littéraires que Georges Perec met en œuvre dans son roman Les Choses et son diptyque Un Homme
qui dort .
Pour réussir à traduire objectivement et fidèlement la réalité, Georges Perec s’est beaucoup
inspiré des œuvres de Flaubert, grande figure du réalisme au dix-neuvième siècle.
En effet, pour
Flaubert, comme pour Perec, le roman est le reflet du monde réel.
Nous pouvons voir cela grâce à de
nombreux indices.
Tout d’abord, Les Choses de Perec a souvent été comparé à L’Education
sentimentale de Flaubert.
Perec lui-même a dit : « Les Choses ont été rédigées sous l’influence de
L’Education sentimentale , dont le sous-titre - Histoire d’un jeune homme - engendrera même un
moment un des titres provisoires du livre – Histoire d’un jeune couple 4
».
Puis Perec lui-même a
avoué à propos de son œuvre : « Il s’agissait sans doute d’un accaparement, d’un vouloir être
Flaubert 4
».
Enfin, l’histoire du couple qui « s’étouffe […] sous le poids des objets, des clichés, de la
répétition 5
» dans Les Choses rappelle Madame Bovary, ce qui montre un certain bovarysme dans
l’œuvre de Perec.
L’écrivain a donc pris beaucoup d’éléments des romans flaubertiens pour les mettre
dans ses propres romans.
De plus, nous pouvons souligner que Georges Perec ne semble pas oublier de
rappeler son inspiration dans l’incipit des Choses avec « Ville-de-Montereau » (l.6, p.9) qui était
également dans L’Education sentimentale de Flaubert.
Georges Perec n’est ni un écrivain engagé, ni un Nouveau Romancier, c’est un oulipien qui a
choisi de se donner comme contrainte d’unifier le formalisme, qui semble disparaître, et le réalisme de
Flaubert.
Nous savons donc que pour Perec la forme dans le roman est primordiale.
Dans Les Choses et
Un Homme qui dort , l’écrivain a effectué un travail minutieux pour ne rien laisser au hasard.
Toujours dans la même lettre qu’il a écrite à sa femme Paulette, Georges Perec explique qu’il
se sent coincé dans l’écriture d’ Un Homme qui dort : « J’avance lentement mais pas du tout sûrement
[…].
Je ne sais toujours pas vers où je me dirige ».Il ne semble pas avancé dans l’histoire qu’il veut
raconter, mais aussi et surtout dans la forme qu’il veut lui donner : « Seuls résistent l’emploi de la
deuxième personne du singulier et du présent comme temps principal […].
Mais « l’histoire » va dans
tous les sens et « l’organisation » du livre n’est pas du tout fixée ».
Mais c’est dans cette lettre qu’il
décide de la mise en page de son histoire : « une suite de fragments », qui est la seule façon pour lui de
pouvoir écrire son histoire, car, pour Perec, le contenu de son roman ne peut avancer que si la forme
est décidée, donc seulement si l’organisation est définie.
Nous savons également une partie du
processus d’écriture du futur oulipien.
En effet, à la fin de cette lettre, Perec montre à sa femme un
début de plan pour son œuvre.
Le plan ne correspond pas vraiment à la structure finale du roman, mais
on y retrouve les principales idées ; certaines parties seront développées, d’autres condensées, et à la
publication, les huit parties initialement imaginées seront changées en seize parties, soit le double.
Perec utilise également l’ironie surtout dans Les Choses .
Il l’a sans doute encore empruntée à
Flaubert puisque celui-ci l’utilisait également dans L’Education sentimentale mais aussi dans Bouvard
et Pécuchet .
Dans ce dernier roman, les deux héros reviennent de leurs études encyclopédiques et
décident de retourner à leur travail de copistes, tout comme Jérôme et Sylvie qui, après un voyage à
Sfax et après avoir essayé quelque chose de différent, reviennent en France et retourne à leur routine.
L’ironie utilisée par Perec lui permet de « se détacher de l’univers qu’il crée 6
».
L’ironie, dans son
roman, constitue bien une partie de la forme décidée par Georges Perec puisque ce sont avec des mots.
»
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