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GLISSANT Édouard : sa vie et son oeuvre

Publié le 13/12/2018

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GLISSANT Édouard (né en 1928). Figure marquante de la littérature antillaise, Édouard Glissant a imposé une œuvre dont la puissance poétique, drue et foisonnante, est incontestable, même si elle peut dérouter, au premier abord, par le propos délibéré de jeter le lecteur au cœur d’un monde tout à la fois réaliste et fantastique, et dont la clef n'est pas donnée d’emblée. Ce qui retient alors, c’est l’attrait d’une langue pleine et riche qui livre, au cœur de phrases luxuriantes, une pensée dont l’objet est, essentiellement, la langue elle-même et la possibilité, pour l’être antillais, de s’exprimer avec les mots du français.

 

Glissant est enraciné dans le terroir martiniquais par ses origines sociales. Son père était contremaître dans une plantation, et il est né à Bezaudin, sur les hauteurs du centre de la Martinique. C’est ce terroir et les hommes qui y vivent qui fourniront l’aliment à une création littéraire épique. La terre, l’eau, les animaux, les humains

« entretiennent des rapports symboliques.

Des études d'ethnologie et de philosophie entreprises à Paris à partir de 1946, après qu'il eut été boursier au lycée Schoelcher, à Fort-de-France, où il fut l'élève de Césaire, ont certai­ nement contribué à structurer chez Glissant cette vision globale du monde, dont l'ambition est moins la recherche de 1' intelligibilité que l'expression d'une totalité com­ plexe qui unit les choses, les événements et les hommes.

Il est difficile de classer les œuvres de Glissant en poèmes, romans, théâtre, essais.

Chez lui, le poème emprunte à la prose, et le roman est poésie.

Ses premiers essais poétiques, Un champ d'fies ( 1953), la Terre inquiète (1954), posent le paysage dont les Indes ( 1955) vont écrire l'histoire.

Et déjà, dans Soleil de la conscience ( 1956), Glissant, poète avant tout, réfléchit sur l'écriture : « Ce que je voudrais établir d'abord, c'est la quasi-nécessité d'un chaos d'écriture dans le temps où l'être est tout chaos ».

Avec la Lézarde (1958), renonçant à la facilité d'aller chercher le mythe dans l'histoire, il élève à la hauteur du mythe la réalité antillaise contemporaine, ses combats bien présents : « La politique était le nouveau domaine de la dignité ».

Tl obtint, pour ce livre, le prix Renaudot.

La forme de ce roman épique et poétique fut vivement critiquée par certains.

Mais, plus que la forme, ce qui inquiétait, c'était le souffle de l'engagement qui animait le livre, lequel apparaissait bien de nature à séduire la jeunesse antillaise : «Peut-on nommer la terre avant que l'homme qui l'habite se soit levé?».

De 1954 à 1959, Glissant collabore aux Lettres nouvelles.

Certains de ses articles seront réunis dans l'Intention poétique (1969).

Après le Sel noir (1959) et le Sang rivé (1960), Glis­ sant s'essaie au théâtre avec Monsieur Toussaint ( 1961 ), reprenant le thème le plus exploité de toute la littérature antillaise.

L'exploration du passé se poursuit dans le Quatrième Siècle (1965).

Puis Glissant donne avec Male­ mort (1975) son œuvre jusqu'à ce jour la plus ambi­ tieuse, la plus totale par l'étendue du sujet et par celle des moyens utilisés.

Dans une débauche de langage d'une puissante saveur ( « notre parler impossible et quêté ») se dit un certain désarroi : «Nous? les tristes rejetons de ces sortes de statues perdues dans leur rêve d'égaler l'autre et peut-être de lui être consubstantiel, et qui s'y essayaient, au lieu de s'égaler à soi-même, par tant de biais pathétiques [ ...

], mais qui n'en demeuraient pas moins statues, hiératiques monuments, pleines caricatu­ res.

et non pas ces sortes d'ombres étirées que nous sommes devenus ».

Glissant s'est consacré, depuis 1967, à la culture antil­ laise à l'Institut martiniquais d'études qu'il dirigea à Fort-de-France avant d'occuper un poste important à l'Unesco.

Sa recherche de l'âme antillaise anime la fres­ que historique la Case du commandeur (1981) et les essais le Discours antillais ( 1981) ou Poétique de la relation (1990), qui posent avec force et lucidité les conditions de la création dans une langue imposée et celles du rapport entre le créole et le français.

BIBLIOGRAPHIE Toutes les œuvres d'Édouard GLissant, à part le Sang rivé, Paris, Présence africaine (1960), et Boises, Éd.

Acoma (1977).

ont été publiées par Le Seuil, qui a réuni ses premières œuvres poétiques (Un champ d'fies, la Terre inquiète, les Indes) en un volume de Poèmes (1963).

A consulter.

-Daniel Radford.

Édouard Glissant, Paris , Seghers, «Poètes d'aujourd'hui>>, !982; B.

Cailler, Conquérants de la nuit nue.

Glissant et l'H(h)istoire amillaise, Tübingen, Narr, 1988.

O.

BlYIOI. »

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