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H. de Balzac, La Duchesse de Langeais, chapitre II, 1834.

Publié le 07/09/2018

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■ Texte 1 : Honoré de Balzac, La Duchesse de Langeais (1834)

 

Antoinette de Langeais a, pour satisfaire son orgueil[ séduit Armand de Montriveau, héroïque général de l armée de Bonaparte. Elle est parvenue à se l'attacher en le rendant fou d'amour pour elle. Mais parce quelle veut « posséder sans être possédée », elle refuse de s'offrir à lui. Un soir, le général se rend chez elle, décidé à la faire céder à son désir.

 

- Si tu disais vrai hier, sois à moi, ma chère Antoinette, s’écria-t-il, je veux...

 

- D’abord, dit-elle en le repoussant avec force et calme, lorsqu’elle le vit s’avancer, ne me compromettez pas. Ma femme de chambre pourrait

 

 vous entendre. Respectez-moi, je vous prie. Votre familiarité est très bonne, le soir, dans mon boudoir1 ; mai ici2, point. Puis, que signifie votre je veux ? Je veux ! Personne ne m’a dit encore ce mot. Il me semble très ridicule, parfaitement ridicule.

 

- Vous ne me céderiez rien sur ce point ? dit-il.

 

- Ah ! vous nommez un point, la libre disposition de nous-mêmes :

 

un point très capital, en effet ; et vous me permettez d’être, en ce point, tout à fait la maîtresse.

 

- Et si, me fiant en vos promesses, je l’exigeais ?

 

- Ah ! vous me prouveriez que j’aurais eu le plus grand tort de vous faire la plus légère promesse, je ne serais pas assez sotte pour la tenir, et je vous prierais de me laisser tranquille.

Montriveau pâlit, voulut s’élancer ; la duchesse sonna, sa femme de chambre parut, et cette femme lui dit en souriant avec une grâce moqueuse : - Ayez la bonté de revenir quand je serai visible3^

 

Armand de Montriveau sentit alors la dureté de cette femme froide et tranchante autant que l’acier, elle était écrasante de mépris. En un moment, elle avait brisé des liens qui n’étaient forts que pour son amant. La duchesse avait lu sur le front d’Armand les exigences secrètes de cette visite, et avait jugé que l’instant était venu de faire sentir à ce soldat impérial que les duchesses pouvaient bien se prêter à l’amour, mais ne s’y donnaient pas, et que leur conquête était plus difficile à faire que ne l’avait été celle de l’Europe.

 

- Madame, dit Armand, je n’ai pas le temps d’attendre. Je suis, vous l’avez dit vous-même, un enfant gâté. Quand je voudrai sérieusement ce

 

30 dont nous parlions tout à l’heure, je l’aurai.

 

- Vous l’aurez ? dit-elle d’un air de hauteur auquel se mêla quelque surprise.

 

- Je l’aurai.

 

- Ah ! vous me feriez bien plaisir de le vouloir. Pour la curiosité du fait, 35 je serais charmée de savoir comment vous vous y prendriez...

 

- Je suis enchanté, répondit Montriveau en riant de façon à effrayer la duchesse, de mettre un intérêt dans votre existence. Me permettrez-vous de venir vous chercher pour aller au bal ce soir ?

 

- Je vous rends mille grâces, monsieur de Marsay vous a prévenu4, j’ai 40 promis.

 

Montriveau salua gravement et se retira.

 

- Ronquerolles5 a donc raison, pensa-t-il, nous allons jouer maintenant une partie d’échecs.

1. Boudoir : petit salon élégant de dame.

2. Montriveau a fait irruption, sans se faire annoncer, dans la chambre à coucher de la duchesse.

3. Quand je serai visible : quand je vous y autoriserai.

4. Vous a prévenu : m’a déjà proposé de venir me chercher.

5. Le marquis de Ronquerolles est un << galant », un homme à femmes. C’est lui qui a encouragé Montriveau à se montrer plus exigeant vis-à-vis de la duchesse de Langeais.

Trouver les axes de lecture

 

Il faut tout d'abord étudier le duel qui a lieu entre Armand de Montriveau et Antoinette de Langeais, en repérer les étapes et en faire apparaître le vainqueur. Il faut également considérer les deux personnages tels qu'ils apparaissent dans le dialogue et montrer leur caractère.

 

Plan du commentaire

 

I- L'amour comme un duel II - Deux tempéraments

Conclusion

 

Cet extrait marque un tournant dans La Duchesse de Langeais. En effet, jusque là, la duchesse a mené le jeu amoureux, séduisant Armand de Montriveau et excitant sa flamme en se refusant à lui. Mais, au cours de ce dialogue, qui tient moins du chant lyrique que du duel, il comprend qu’il doit prendre ses distances à son tour et faire souffrir la femme aimée pour qu’elle se donne à lui. C’est ici que se met en place le dénouement tragique du roman.

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« Mon triveau pâlit, voulut s'élancer ; la duchesse sonna, sa femme de chambre parut, et cette femme lui dit en souriant avec une grâce moqueuse : -A yez la bonté de revenir quand je serai visible3 • 20 Armand de Montriveau sentit alors la dureté de cette femme froide et tranchante autant que l'acier , elle était écrasante de mépris.

En un moment, elle avait brisé des liens qui n'étaient forts que pour son amant.

La duchesse avait lu sur le front d'Armand les exigences secrètes de cette visite, et avait jugé que l'instant était venu de faire sentir à ce soldat 2 5 imp érial que les duchesses pouvaient bien se prêter à l'amo ur, mais ne s'y donnaient pas, et que leur conquête était plus difficile à fa ire que ne l'avait été celle de l'Europe.

-M adame, dit Armand, je n'ai pas le temps d' attendre.

Je suis, vous l'a vez dit vous-même, un enfant gâté.

Quand je voudrai sérieusement ce 3o dont nous parlions tout à l'heure, je l'aurai.

-V ous l'aurez ? dit-elle d'un air de hauteur auquel se mêla quelque surpnse.

-Je l'aurai.

-Ah ! vous me feriez bien plaisir de le vouloir.

Pour la curiosité du fait, 35 je serais charmée de savoir comment vous vous y prendriez ...

-J e suis enchanté, répondit Montriveau en riant de façon à eff rayer la duchesse, de mettre un intérêt dans votre existence.

Me permettrez-vous de venir vous chercher pour aller au bal ce soir ? -J e vous rends mille grâces, monsieur de Marsay vous a prévenu\ j'ai 4o promis.

Mon triveau salua gravement et se retira.

- Ronquerolles5 a donc raison, pensa-t-il, nous allons jouer maintenant une partie d'échecs.

1.

Boudoir : petit salon élégant de dame.

2.

Montriveau a fait irruption, sans se faire annon cer, dans la chambre à coucher de la duchesse.

3.

Quand je serai visible : quand je vous y autoriserai.

4.

Vo us a prévenu :m'a déjà proposé de venir me chercher.

5.

Le marquis de Ronquerolles est un. »

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