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Henri VINCENOT, La Billebaude

Publié le 25/02/2011

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(En 1926, l'auteur est pensionnaire dans un collège de Dijon; il évoque ici la promenade hebdomadaire des élèves.) J'avais fait cette remarque que les groupes de promenade se constituaient au gré des affinités, car on pouvait «choisir sa promenade«. Or, tous les poètes, tous les rêveurs, tous les «littéraires«, comme on disait, choisissaient, comme moi, le groupe qui devait gagner les espaces rupestres, sylvestres, champêtres, les zones imprécises et inutiles, sans clôture, sans chemin, sans ciment et sans bitume. Les forts en mathématiques, au contraire, se trouvaient tous dans le groupe qui se traînait en ville sur le macadam et cherchait à voir passer des automobiles pour les compter, fourrer leur nez dans le capot si par bonheur l'une d'elles venait à tomber en panne. A tort ou à raison, je vis dans ce clivage naturel le partage spontané de l'humanité en deux, dès l'enfance; d'un côté, les gens inoffensifs, de bonne compagnie, un tantinet négligents, mais dotés d'imagination, donc capables de savourer les simples beautés et les nobles vicissitudes de la vie de nature, et, de l'autre, les gens dangereux, les futurs savants, ingénieurs, techniciens, bétonneurs, pollueurs et autres déménageurs, défigureurs et empoisonneurs de la planète. Certes, ce n'est que quelques années plus tard que je devais découvrir ce paradoxe énoncé par Bernard Shaw : « Les gens intelligents s'adaptent à la nature, les imbéciles cherchent à adapter à eux la nature, c'est pourquoi ce qu'on appelle le progrès est l'œuvre des imbéciles. « Henri VINCENOT, La Billebaude.

sujets au choix En une trentaine de lignes, vous traiterez, À vctfre choix, l'un des trois sujets suivants : 1) Imaginez, d'après ce texte, la promenade d'un élève du groupe des «littéraires«, rêveur, poète... 2) Imaginez, d'après ce texte, la promenade d'un élève du groupe des «scientifiques«, futur ingénieur, technicien... 3) Que pensez-vous du jugement de l'humoriste Bernard Shaw?   

« — Depuis 1923 on utilise des pneus basse pression, depuis 1925 les carrosseries sont «tout acier». — A partir de 1926 les lignes s'affinent, on découvre la traction avant. — Les modèles alors en circulation : en France la 5 CV Trèfle de Citroën, la Bugatti. — Vitesse maximum : 60 km/h. • Les discussions des collégiens doivent porter sur les nouveautés mécaniques.

La voiture n'est pas un engin toutnouveau à l'époque (le premier salon date de 1898!) mais les innovations se succèdent à un rythme rapide.

Faitesdialoguer ces garçons dont la curiosité est comparable à la vôtre devant la dernière moto japonaise sortie! Sujet 3 • Le pseudo-syllogisme de Bernard Shaw recoupe curieusement les théories de Rousseau dans son Discours sur lesSciences et les Arts, rédigé en 1750 pour l'académie de...

Dijon! On peut y lire, par exemple, que les sciences sont destinées à satisfaire l'orgueil humain, qu'elles favorisent ledéveloppement d'une société contraire aux exigences de la Nature et que le progrès de la connaissances'accompagne toujours d'une décadence des mœurs. • Il faut savoir que, à cette théorie de la Nature comme mère de toutes les vertus, s'opposent les théories de ceuxqui, comme Hobbes ou Kant, décrivent l'homme naturel comme un animal non émancipé, sauvage, rapace et cruel.

• Sur ce thème, que la vogue actuelle de l'écologie rend très actuel, on ordonnera sa réflexion selon deux axesprincipaux : — Tout l'effort de civilisation des hommes consiste à domestiquer la nature pour la plier à leur loi.

C'est le rôle de latechnique. Le progrès qui en résulte s'accompagne de sérieux dangers : rupture des équilibres naturels, pollution,enlaidissement du cadre de vie. Tous nos malheurs auraient donc commencé avec l'invention du fil à plomb qui mène tout droit à celle de la bombeatomique. — La nature vers laquelle se retourne l'homme moderne, inquiet de ses audaces d'apprenti sorcier, n'est pas leparadis souvent décrit : c'est un monde cruel, où le plus fort l'emporte toujours, où la sélection (naturelle) joue sansfrein et qui ne connaît ni raison, ni justice, ni protection. —> A lire : En danger de progrès, par François de Closets.. »

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