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Hippolyte : héros tragique

Publié le 06/10/2018

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Dans Phèdre, lorsque Hippolyte prend conscience de son amour pour Aricie. Il devient alors un homme parmi les autres, sujet aux lois de l'amour (« Moi, qui contre l’amour fièrement révolté... » v.531-536 Phèdre). Sa passion est un obstacle sur la route de l'héroïsme puisqu’elle le conduit assurément à s'opposer à son père. Hippolyte aime une femme que son père lui refuse pour des raisons politiques. En effet, Aricie est la descendante d'une famille qui a autrefois régné sur Athènes et que Thésée a décimée. Elle ne doit donc pas avoir d'enfant qui puisse un jour réclamer le trône. L'amour d'Hippolyte déstabilise le pouvoir de son père. Hippolyte doit choisir entre l'honneur (Thésée) et l'amour (Aricie).

 

III. Hippolyte, héros tragique malgré lui.

 

A. Acceptation de son sort : la fatalité.

 

Selon Aristote, le genre dramatique cherche à inspirer la crainte et la pitié, c'est pour cela que le héros tragique ne peut être ni totalement bon, ni totalement méchant. Il se doit d'être un homme qui, « sans être un parangon de vertu et de justice, tombe dans le malheur non pas à cause de ses vices ou de sa méchanceté mais à cause de quelque erreur ». (Aristote, Poétique.)

 

Cette facette humaine d’Hippolyte ne lui donne pas réellement la possibilité d’être maître de ses actesqu’il semble pourtant conduire avec prévoyance et responsabilité. Ce n'est qu'à la fin du drame, selon la décision souveraine des dieux, que le sens exact de ses actions lui sera révélé.

 

Dans l’œuvre d’Euripide, Hippolyte se confie à Artémis avant de partir. Il capitule, ne voulant pas aller à l’encontre de la décision de son père et il fait ses adieux, mais non sans prôner une ultime fois sont innocence. (« Jamais vous ne verrez homme plus vertueux quoi qu’en pense mon père. » l.1100 Hippolyte.)

 

Dans Phèdre, une donnée supplémentaire se greffe à l’histoire : Aricie. Hippolyte décide donc de fuir avec elle. Le bannissement lui offre la possibilité de contrer son père en donnant un époux à Aricie, la femme qu’il aime. Racine s'est écarté de la légende antique. Il n'a pas repris l'extrême perfection morale et physique qui caractérise Hippolyte dans la tradition mythologique (« Nulle femme à ce jour, n’a touché mon corps resté pur » l.1002 Hippolyte) pour que la mort du personnage ne suscite pas un sentiment de révolte et d'injustice chez le spectateur. L’auteur préfère respecter la prescription aristotélicienne : la tragédie doit engendrer la pitié, et pour qu'il y ait pitié, il faut que le personnage soit humain en ayant une défaillance. En faisant d'Hippolyte l'amant d'Aricie, il rend accessible son personnage, le spectateurpeut s’identifier à lui. Le tragique, c'est humain. Racine présente l'amour d'Hippolyte pour Aricie comme antithétique au reste de son caractère, voire à l’encontre de ses principes.

 

Dans L’amour de Phèdre, cela va au-delà de l’acceptation. Hippolyte voit en l’accusation de Phèdre une bénédiction face à l’ennui qui le ronge. Etre un violeur, c’est être quelqu’un. Il ne dément pas le viol non pas par lâcheté ou faiblesse, mais parce que l’idée lui plaît. Il prend le risque d’être exécuté parce qu’il préfère une fin tragique à une fin vide de tout sens. (« C’est le cadeau qu’elle me laisse. » p.57 L’amour de Phèdre). Cette fatalité est pour lui une délivrance face au néant qu’est sa vie.

« de son propre fils qu’il préfère condamner. B.

La malédiction divine. Les tragédies grecques montrent l'homme face à son destin.

Or, celui-ci est intimement lié avec les dieux, qu’ils soient présents sur scène, comme dans l’ œ uvre d’Euripide, ou non, comme dans celle de Racine.

Ils sont maîtres de la fatalité en influant sur les passions des protagonistes ou en précipitant l'action tragique.

Les personnages sont manipulés, telles des marionnettes au bout de leurs doigts divins. Dans l’ œ uvre de Racine, Phèdre est poursuivie par la vengeance de Vénus.

Dès les premiers instants de sa passion, elle comprend que son ardeur est dictée par la déesse de l'amour (« Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable Je péris la dernière, et la plus misérable » v.258-259 Phèdre). Dans la version d’Euripide, c’est Aphrodite qui introduit la pièce.

Elle explique, dès le prologue, son plan machiavélique à l’encontre d’Hippolyte.

Pour arriver à ses fins, elle se sert de toutes les personnes de l’entourage de sa victime,qu’importent les conséquences pour chacun d’eux.

La déesse impose une passion mortelle à Phèdre envers Hippolyte, passion non réciproque qui causera la perte des deux protagonistes et elle anticipe la réaction de Thésée à qui Poséidon doit trois v œ ux. En plus de déchaîner les passions humaines, les dieux peuvent également précipiter l'action tragique, voire la créer.

Ils sont redoutables et meurtriers. Dans Phèdre, Neptune, selon le souhait de Thésée, organise l'assassinat d'Hippolyte.

Le jeune homme sera déchiqueté par ses propres chevaux (« Et toi, Neptune […] tu promis d’exaucer le premier de mes v œ ux » v.1065 Phèdre.).

Alors que dans Hippolyte, c’est Poséidon qui offre un de ses trois v œ ux à Thésée en la mort d’Hippolyte (« O dieux ! Poséidon, je le vois, tu es vraiment mon père, car tu as exaucé mes malédictions.

» l.1170 Hippolyte.). Ces crimes sont à l'origine même du tragique et ont pour but de basculer la pièce vers la catastrophe finale.

Nous nous apercevons que les dieux ont un rôle omniscient très important.

Ils provoquent, ou simplement relancent, l'action tragique, et sont l'une des composantes de la fatalité.

Mais il faut également prendre en considération la force de l'hérédité dont ils se servent. C.

La solitude et l’amour impossible. Le héros tragique est par la force des choses un personnage solitaire.Incompris par ses proches qui lui interdisent toute formes de défense et d’argumentation.

Condamné d’office sans le moindre bénéfice du doute, il n’a aucunement le droit à la parole et doit accepter son destin, aussi cruel soit-il. Ainsi, Hippolyte ne pourra pas, ou ne voudra pas, se défendre et exposer la vérité au grand jour auprès de son père qui sera aveuglé par sa haine.

(« Sors traître.

N’attends pas qu’un père furieux te fasse avec opprobre arracher de ces lieux.

» v.1155-1156 Phèdre) ; (Gardes, saisissez-le.

N’ai-je pas dit et répété que l’homme qui est là n’est plus qu’un étranger.

l.1085 Hippolyte) ; (Vont tous de même pas écrouer un prince, si ? Quoi qu’il est pu faire.

p.70 L’amour de Phèdre.) L'impossibilité de communiquer n'est pas la seule cause de la solitude d’Hippolyte.

Dans Phèdre, il est également séparé de celle qu'il aime, Aricie, ennemie de la famille.

Aricie est la seule à connaître la vérité car elle est la seule à écouter et à croire Hippolyte.

Elle l’incite à proclamer son innocence auprès de Thésée, mais Hippolyte refuse et préfère la convier à son exil.

Elle accepte, mais la mort d’Hippolyte les sépare.

Jusqu’au bout, il fait preuve de fidélité envers Aricie à qui vont ses dernières paroles (« Le ciel m’arrache une innocente vie. Prends soin après ma mort de la triste Aricie… » v.1561-1566 Phèdre).Tous les éléments. »

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