Devoir de Philosophie

HISTOIRE LITTÉRAIRE: LE XIXe SIÈCLE

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

histoire
Le XVIIIe siècle avait trop bien réussi : les lumières avaient détruit toutes les illusions. Mais, loin de s'en trouver libéré, l'homme du début du XIXe siècle souffre d'avoir perdu ses points d'appui. Son désarroi le conduit à une révolte. Cette révolte s'exprime dans le romantisme. Qu'est-ce que le romantisme? Depuis toujours, l'humanité avait disposé, pour équilibrer l'angoisse qu'inspire l'écoulement du temps, de la consolation que lui offrait une certaine forme d'éternité. C'était la nature ou c'était Dieu. C'est ainsi que le christianisme avait pallié l'effacement du paganisme au début de notre ère, et qu'à la Renaissance un réveil du paganisme avait compensé le recul du christianisme. Mais, au cours du XVIIIe siècle, si le christianisme accentue son déclin, le concept de nature est lui aussi en crise. Ainsi, à la fin du siècle, les hommes ne peuvent se raccrocher, et ceci pour la première fois dans leur histoire, ni à la nature ni à Dieu.
histoire

« les langues du continent, illustrent ce nouveau mode de sentir, d'écrire et d'agir. L'histoire du romantisme va maintenant se développer en trois périodes : 1°) jusqu'en 1830 environ : la nostalgie du passé; 2°) jusqu'en 1848 environ: l'espérance; 3°) à partir de 1850 : le mouvement éclate en tendances diverses. La nostalgie du passé.

- Toute une génération a vu mourir les valeurs qui la faisaient vivre : la religion, la monarchieet un certain ordre social qui semblait devoir durer toujours; l'histoire et la civilisation accélèrent leur marche enavant.

Il reste, en apparence, la nature.

Mais est-ce encore vrai? L'exemple de Chateaubriand est, à cet égard, significatif.

On sait que ce disciple de Rousseau est parti en Amérique.C'était, bien sûr, pour ne pas assister à la Révolution française, mais c'était aussi pour retrouver une nature viergequi puisse faire contrepoids à la marche catastrophique de l'histoire.

Mais cette nature s'est révélée presqueintrouvable.

En Amérique aussi la nature meurt, rapidement détruite par la civilisation européenne.

Dieu, la nature etle roi sont morts; quand Chateaubriand le comprend, il devient véritablement romantique. Il rompt avec son temps par son Essai sur les révolutions (il les condamne), écrit en exil à Londres en 1799.

Par lasuite, rentré en France, il se raidit dans une sorte de révolte - dont il n'ignore pas la vanité - contre le sens del'histoire; il s'attache à défendre toutes les causes perdues : le christianisme par son livré Génie du christianisme,publié en 1802, et une forme quasi médiévale de monarchie par toute son action politique. A son exemple, toute une génération va prononcer l'oraison funèbre du passé, même si ce n'est pas pour chacuntoujours le même passé.

Pour Chateaubriand, le soleil s'est éteint avec la Terreur; pour la plupart des autres, c'estavec la chute de Napoléon.

Victor Hugo exalte les souvenirs de l'Empire, Stendhal, dans Le Rouge et le Noir (1830),oppose au « Rouge », symbole de la liberté, de la violence, du courage, du sang, de la passion et de la lumière, le«Noir» qui représente le crépuscule qui s'abat sur le monde.

Tous les poètes chantent l'automne.

Même lephénomène politique de la « Restauration », si l'on comprend bien le sens de ce mot, est un effet de l'effortromantique pour ressusciter le passé.

Le caractère désespérément bourgeois de la nouvelle monarchie confirme parl'absurde l'impossibilité d'une telle tentative. Sur le pian littéraire, on ne saurait trop souligner l'influence qu'exerce dès sa parution, en 1826, le livre de FenimoreCooper, Le Dernier des Mohicans1.

Aucun roman n'exprime mieux la cruauté de l'histoire, la noblesse de ce qui meurtet la bassesse du monde qui s'annonce.

Alexandre Dumas transposera cette histoire dans sa célèbre trilogie LesTrois Mousquetaires, Vingt ans après et Le Vicomte de Bragelonne. Néanmoins cet attachement au passé ne pouvait être que stérile.

On ne peut éternellement refuser l'histoire etconserver un semblant d'existence à des fantômes.

Or l'intérêt principal pour les romantiques de cet attachement aupassé était qu'il permettait de refuser le présent.

Mais il est une autre attitude qui peut présenter les mêmesavantages : c'est l'idéalisation de l'avenir; elle est même bien préférable à la précédente, en ce sens que le passéest inaccessible alors que la marche du temps nous conduit à coup sûr vers cet avenir.

Ceci explique la rapideconversion des romantiques d'une position passéiste à une attitude progressiste.

Une vieille croyance intervientaussi dans cette métamorphose soudaine : c'est l'idée que le temps, bien qu'il paraisse linéaire, est en réalitécyclique, mais à très long terme.

Cette idée se trouve chez les stoïciens chez qui le monde doit mourir, ressusciteret se répéter après une grande année de 100 000 ans.

C'est aussi la croyance chrétienne d'un retour du Christ surterre, de la résurrection des morts et du Jugement dernier.

De la même façon, on espère que le temps restituera cequ'il a ôté et que l'avenir le plus lointain fera renaître le monde des origines.

C'est aussi que l'on commence à rêver,comme le dit le philosophe allemand Hegel dès 1804, à la « fin de l'histoire ». Mais cette évolution intellectuelle aurait été insuffisante si les événements historiques ne lui avaient apporté leurconcours.

C'est d'abord l'insurrection grecque en 1821.

De toute l'Europe, des poètes romantiques, dont le pluscélèbre est Byron, viennent combattre et mourir aux côtés des Grecs insurgés.

Victor Hugo célèbre leur lutte dansLes Orientales (1826).

Mais, chose étrange, ce combat que les romantiques avaient conçu comme un combatd'arrière-garde, un hommage à une Grèce morte depuis deux mille ans, s'avère, contre toute attente, victorieux.

LaGrèce va ressusciter.

L'avenir n'est donc pas totalement noir, ce qui fut peut renaître, et même la révolution, dontles romantiques pensaient jusqu'alors qu'elle n'était qu'une explosion de barbarie, peut engendrer un progrèsvéritable.

On se réconcilie avec l'histoire.

L'espérance remplace la nostalgie. L'espérance.

- Le personnage le plus important, à cet égard, est, en France, Lamartine.

Lui dont le père avait failliêtre exécuté pendant la Terreur accueille avec enthousiasme la révolution de 1830.

Il est sans doute influencé encela par une nouvelle orientation de l'Église catholique qui se dessine sous l'inspiration de Lamennais1 vers ce qu'onappellera le catholicisme social.

Répondant implicitement à Y Essai sur les révolutions de Chateaubriand qui avaitinfluencé la première génération romantique, il proclame dans son Ode sur les révolutions, en 1831, sa foi dans leprogrès : les révolutions ne sont que l'accouchement douloureux mais nécessaire d'un monde nouveau.

Laconversion de Lamar-tine entraîne celle de presque tous les autres écrivains, et c'est toute une génération qui va, àson image, s'enivrer de l'espérance quasi mystique de l'avènement de la liberté, de la justice et du bonheur.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles