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Il reste toujours quelque chose, Pierre REVERDY, La Lucarne ovale

Publié le 11/02/2011

Extrait du document

reverdy

Les rideaux déchirés se balancent

C'est le vent qui joue

Il court sur la main entre par la fenêtre

Ressort et s'en va mourir n'importe où

Le vent lugubre et fort emporte tout

Les paroles montaient suivant le tourbillon

Mais eux restaient sans voix

Amants désespérés de ne pas se revoir

En laissant partir leur prière

Chacun de son côté ils s'en allèrent

Et le vent

Le vent qui les sépare

Leur permet de s'entendre

La maison vide pleure

Ses cheminées hurlent dans les couloirs

L'ennui de ceux qui sont partis

Pour ne plus se revoir

Les cheminées des maisons sans âme

Pleurent les soirs d'hiver

Eux s'en vont bien plus loin

Le soir tarde à descendre

Les murs sont las d'attendre

Et la maison s'endort

Vide au milieu du vent

Là-haut un bruit de pas trotte de temps en temps.

Pierre REVERDY,

La Lucarne ovale, 1956.

Vous ferez de ce texte un commentaire composé que vous organiserez de façon à mettre en évidence l'intérêt qu'il vous inspire.

Vous pourriez, par exemple, montrer comment le poème, sous son apparente simplicité, essaie d'exprimer l'insaisissable à partir de traces infimes.

Mais ces indications ne sont pas contraignantes et vous avez toute latitude pour orienter votre lecture à votre gré.

Le texte se suffit à lui-même pour mener l'étude du commentaire. Il conviendrait de partir des thèmes dominants : le déchirement d'une situation, la tristesse d'une maison vide et, au-delà du dépouillement, le faible espoir puisqu'« il reste toujours quelque chose «.

Renseignements et rédaction : Le poème de Pierre Reverdy

(1885-1960) s'apparente au surréalisme. L'écrivain fonde la revue Nord-Sud à laquelle participent les futurs chefs de file de ce mouvement nouveau et se lie aux peintres cubistes dont il s'inspire pour sa technique poétique. Les textes sont exigeants, tendus et difficiles.

reverdy

« reste toujours quelque chose ». Renseignements et rédaction : Le poème de Pierre Reverdy (1885-1960) s'apparente au surréalisme.

L'écrivain fonde la revue Nord-Sud à laquelle participent les futurs chefs de file de ce mouvement nouveau et se lie aux peintres cubistes dont il s'inspire pour sa technique poétique.

Les textes sont exigeants, tendus et difficiles. Or le texte « Il reste toujours quelque chose » (1956) semble plutôt s'inspirer de thèmes assez traditionnels, uneséparation, une maison vide.

Cette clarté correspond sans doute au besoin de « mettre au net ce qu'il y a...

de plus secret, de plus caché, de plus difficile à déceler, d'unique.

» En effet, l'écrivain cherche dans les lieux la trace infime de ceux « qui sont partis » (on se souvient aussi du pouvoir magique de certains lieux dans Nadja de A. Breton). remarques préalables Un commentaire composé s'élabore grâce à des lectures successives.

Une méthode consiste à partir d'uneimpression, d'une sensibilité et de la justifier par des références au texte. Une autre façon de procéder s'appuie sur le relevé des données objectives pour aboutir, ensuite, à une signification. Le poème de Pierre Reverdy laisse, à une première lecture, une impression de simplicité et de tristesse.

Mais cette approche facile risque de se bloquer sur « l'insaisissable », « l'ineffable »...

ce qui est ennuyeux un jour d'examen ! C'est pourquoi, à partir du libellé, nous reproduisons ici la première approche. première lecture active Réseaux lexicaux Il convient donc de grouper les termes en réseaux lexicaux, de façon assez schématique d'abord.

Nous nuancerons ensuite. 1.

La maison : « rideaux », « fenêtre », « la maison », « les couloirs », « les cheminées », « les murs ». Ajoutons que l'adverbe « Là-haut » laisse entendre qu'il y a un grenier ou que la maison comporte un étage. Commentaires : Le texte commence par l'élément le moins essentiel à la maison, « les rideaux ».

Un détail, une piècedécorative ouvrent donc le poème d'une façon presque anecdotique et le lecteur ne perçoit pas immédiatement l'importance de ce premier vers et de l'adjectif « déchirés ». Le terme maison est employé à plusieurs reprises : deux fois au singulier, une fois au pluriel.

Les vers : « Les cheminées des maisons sans âme/ Pleurent les soirs d'hiver » ont une tonalité romantique et douce, à moins qu'ils n'évoquent quelques vers de Verlaine. D'où vient leur pouvoir ? Comme nous l'avons dit, du pluriel qui généralise et qui semble étendre la désolation à toutes « les maisons sans âme », lieux marqués d'un signe de malédiction.

De plus, les sonorités reposent, pour le premier vers, sur la répétition des « m », et pour le second, sur la répétition des « r ». Pour décrire la maison, l'auteur a utilisé des mots qui peuvent évoquer le passage : le couloir, de façon très évidente.

La cheminée aussi, suivant un axe vertical.

La fenêtre, espace vide par excellence, délimite la frontière entre l'intérieur et l'extérieur, frontière plusieurs fois franchie par le vent.

Son souffle explique aussi Je « hurlement » des cheminées. Animation de la maison.

A la suite de ces remarques, on constate que tout « vit » dans cette maison, ou plutôt que la maison elle-même s'anime et éprouve des sentiments : « La maison vide pleure » repris par : « Les cheminées des maisons sans âme/ Pleurent les soirs d'hiver.

» Parfois les sentiments se font plus forts, créant une atmosphère fantastique : « Les cheminées hurlent dans les couloirs.

» Parfois, c'est l'apaisement : « Les murs sont las d'attendre/ Et la maison s'endort.

» Enfin, on notera l'absence de mobilier, trop chargé de présence humaine.

L'adjectif « vide » encadre la troisième strophe, c'est dire son importance. 2.

Le mouvement : « se balancent », « court », « entre par », « ressort et s'en va », « emporte », « montaient », « partir », « ils s'en allèrent », « sont partis », « descendre ». Commentaires :. »

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