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J’aurai tout manqué, même ma mort. Edmond Rostand

Publié le 19/03/2020

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rostand

« Le coq jaloux monte sur ses ergots, pour un combat suprême; sa queue a l’air d’un pan de manteau que relève une épée. Il défie, le sang à la crête, tous les coqs du ciel. »

« Feutre à panache triple et pourpoint à six basques Cape que par derrière, avec pompe, l’estoc Lève, comme une queue insolente de coq »
(acte I, scène 2, v. 109 à 111)

ROXANE

«Que dit-il? — Cyrano! — Sa tête enveloppée!... Ah! Que vous a-t-on fait? Pourquoi?

CYRANO

D’un coup d’épée, Frappé par un héros, tomber la pointe au cœur!»...

— Oui, je disais cela!... Le destin est railleur!...
Et voilà que je suis tué dans une embûche, Par-derrière, par un laquais, d’un coup de bûche! C’est très bien. J’aurai tout manqué, même ma mort.
RAGUENEAU
Ah! Monsieur!...
CYRANO
Ragueneau, ne pleure pas si fort!... »

«Mes compliments, Monsieur l’inventeur des machines. Votre récit eût fait s’arrêter au portail Du paradis, un saint ! Notez-en le détail Car vraiment cela peut resservir dans un livre ! »

(acte III, scène 14, v. 513-516)

« Venez tous, le Docteur, Isabelle, Léandre, Tous! Car vous allez joindre, essaim charmant et fol, La farce italienne à ce drame espagnol, Et, sur son ronflement tintant un bruit fantasque, L’entourer de grelots comme un tambour de basque ! »

(acte I, scène 7, v. 592-596)

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« 160 / HÉROÏSME THÉÂTRAL • 21 Grand Siècle et il réussit à utiliser la fresque sociale comme toile de fond où s'affirme la figure centrale de ce drame de cape et d'épée qu'est Cyrano de Bergerac.

Le Cyrano de Rostand s'inspire du Cyrano du XVIIe siè­ cle, soldat et poète né à Paris (et non à Bergerac), qui a vécu de 1619 à 1655.

Soldat, Cyrano de Bergerac avait appartenu à la Compagnie des Gardes, commandée par Carbon de Castejaloux et avait participé au siège d'Arras, où il avait été blessé.

Rostand reprend fidèlement ces données.

Cyrano de Bergerac était aussi un poète qui avait écrit des Lettres, deux pièces de théâtre d'un grand mérite (Le Pédant joué et La Mort d'Agrippine), dont la verve malicieuse, la bouffonnerie truculente (dans le Pé­ dant joué} fait penser à Ubu-Roi de Jarry.

On lui doit aussi deux romans philos~phiques d'inspiration anti­ cléricale, dont la libre pensée annonce l'esprit philosophi­ que du XVIIIe siècle : Les Etats et Empires de la Lune (1657) et !'Histoire comique des Etats du Soleil (1662).

Molière lui a emprunté des thèmes, des procédés et quelques bons mots, dont nous trouvons un écho dans la pièce de Rostand.

Il va sans dire que cet esprit libre était défiguré par son nez et qu'il avait tué en duel une dizaine de personnes qui avaient regardé son nez avec quelque insistance.

Ce trait se retrouve chez Rostand.

L'un des éléments distinctifs du Cyrano de Rostand est le sentiment d'échouer, tant auprès des hommes que des femmes et, au dénouement, on le voit, un instant, accablé de n'avoir pu mourir comme il l'avait toujours souhaité, c'est-à-dire en duel, d'égal à égal, l'épée à la main.

Or il vient d'être assommé par un laquais, avec une bûche et il sait pertinemment que ses instants sont comptés quand, s'adressant à Roxane, la seule femme qu'il ait aimée, il lui déclare, la tête ensanglantée, que toute sa vie passée, y compris sa mort, trahissent l'échec: ROXANE « Que dit-il? -Cyrano! -Sa tête enveloppée! ...

Ah! Que vous a-t-on fait? Pourquoi? CYRANO D'un coup d'épée, Frappé par un héros, tomber la pointe au cœur !» •••. »

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