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Jean-Paul Sartre, écrivain et penseur du XXème siècle, affirme la fin de son autobiographie Les mots : « Longtemps j'ai pris ma plume pour une épée : à présent, je connais notre impuissance. » Vous vous interrogerez sur le caractère pessimiste de cette position et vous demanderez si la « plume » d'un écrivain peut être une arme efficace. Votre réflexion prendra appui sur les textes que vous avez étudiés et sur les oeuvres que vous avez lues.

Publié le 08/01/2013

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sartre

L affirmation de Sartre est donc quelque peu pessimiste, car la littérature n est pas totalement

impuissante. Certes, elle peut être confrontée à des enjeux qu elle ne saurait dépasser. Toutefois, l

Histoire fournit la preuve, que l écrivain est un prophète défendant la société de son temps, et la

littérature, reste son « épée « dans le combat qu il livre. Cependant, cette épée peut être une arme à

double tranchant. Elle n est pas toujours utilisée à des fins probes et justes. Car l engagement reste avant

tout la vision de l artiste de son temps. Certes, pour la majorité des cas, cette vision n est que bénéfique.

Pourtant certains auteurs se sont servis de la force des mots pour transmettre des convictions qui ne

sauraient servir la société dans laquelle ils vivaient. PierreJoseph Proudhon en est l exemple. A travers

ses écrits, l anarchiste invite à la guerre, et ses lecteurs se sont vite imprégnés de ses idées. Il leur a donc

inculqué l amour de la violence, grâce à ce même art qui la combattit avec ardeur. Un autre exemple :

Hitler. Ce nom suscite les frissons de bon nombre de personnes, traumatisées par les atrocités qu il a

commises. Pourtant, posons-nous la question, qu est ce qui lui donna autant de notoriété ? Rien d autre

que son livre Mein Kampf, qu il rédigea pendant qu il était en prison. La littérature, maniée par le tyran a

donc directement participé à l un des plus grands crimes contre l humanité.

sartre

« objectifs des écrivains.

Les moins vaillants s autocensurent, les autres sont censurés soit pour des raisons religieuses, soit pour des raisons politiques.

Certes, la censure religieuse était beaucoup plus aberrante jusque la fin du XVIIIème siècle.

En effet, les auteurs étaient censurés pour leurs attaques contre l Eglise, et les m urs qu elle prêche.

Les idées ne parvenaient donc pas à leurs destinataires, pas de façon intégrale du moins.

L exemple le plus connu reste incontestablement le Tartuffe de Molière.

En effet, sa virulente satire des dévots indigna l Eglise, qui demanda à ce qu il soit censuré.

Ainsi, bien que Molière transmette dans sa pièce des idées pouvant influer sur la société, la censure s avéra comme un obstacle qu il ne put franchir.

Autre le motif religieux, la censure a également pour motif la politique. Beaucoup d auteurs furent censurés pour avoir critiqué le régime politique en place, certains furent même tués pour leurs idées.

Certes, les exemples d aujourd hui sont très nombreux, la censure étant monnaie courante dans les dictatures militaires, comme en Algérie, où le célèbre écrivain Tahar Benjelloun fut même condamné à mort à cause des articles qu il publiait.

Cependant, nous pouvons remonter jusqu au XVIIIème siècle, période des Lumières, pendant laquelle une partie de l Encyclopédie de Diderot et d Alembert fut censurée par le Conseil du roi, et ce à cause de la critique qui y est faite de la monarchie absolue.

Une nouvelle fois, la censure intervient pour bloquer les philosophes, et limiter, voire détruire la force de leur plume.

Enfin, la censure peut avoir un motif social et culturel. Certains auteurs et philosophes sont vus comme des corrupteurs d esprits.

Et dès l Antiquité, Socrate fut condamné à boire la Ciguë « pour avoir incité les jeunes à la débauche ».

Vingt siècles plus tard, Flaubert, pour avoir critiqué la petite bourgeoisie dans célébrissime roman Madame Bovary, est condamné pour le même motif, soit « atteinte aux bonnes m urs ».

Il est donc indiscutable que la littérature est freinée par la censure, et ce, quel que soit le niveau d engagement des auteurs.

Pour finir, la littérature peut s avérer impuissante, tout simplement parce que les enjeux en face sont trop importants.

Les mots ne suffisent pas lorsqu il s agit d affaires de grande ampleur.

Ce qui finit par décourager bon nombre d auteurs, dont Sartre lui -même.

En effet, beaucoup d auteurs s impliquèrent dans des débats devant lesquels ils sont restés impuissants.

Nous pouvons citer Victor Hugo, et son roman le Dernier jour d un condamné dans lequel il dénonce la peine de mort.

La peine de mort continuera d exister par la suite, et un dénommé Claude Gueux est guillotiné.

Hugo est tout de suite prévenu, et se voit indigné, il écrit donc un autre roman, portant le nom du condamné Claude Gueux, et encore une fois, cet ouvrage sera inefficace vu que la peine de mort restera l un des châtiments les plus utilisés du Second Empire.

Ce genre d uvre nous intéressent beaucoup moins par leur efficacité en leur temps que par la valeur encore actuelle des problèmes humains qu'elles posent.

Aussi, on peut également parler des nombreux auteurs tels Albert Camus qui, après la Première Guerre mondiale multiplièrent les écrits, afin d éviter un autre carnage semblable.

Une vingtaine d années plus tard, la Seconde Guerre mondiale éclate, et se fait encore plus meurtrière.

Devant des enjeux trop grands, la littérature est impuissante, et l engagement de l écrivain ne vaut pas plus que celui de n importe qui.

Il est donc clair que la littérature admet des limites, certaines plus contraignantes que d autres, des fois voulues, des fois subies.

Ce n est pas pour autant qu il faut dénigrer la force de la plume, car cette dernière peut s avérer une épée, forgée dans l esprit de l écrivain, et dont la lame a laissé des marques que l Histoire même ne pourrait effacer. En effet, la littérature, malgré tout ce qui s oppose à son épanouissement est l Excalibur des écrivains. Comme pour un guerrier, elle est d autant plus tranchante que l écrivain est habile avec les mots.

L Histoire nous en fournit la preuve irréfutable.

Car depuis des siècles, auteurs et philosophes se sont servis de l écriture pour véhiculer leurs idées, commençant par les Humanistes du XVIème siècle et finissant par les fameux auteurs de la Résistance au XXème.

Le XVIème et XVIIème siècle sont deux siècles où l engagement était rare, mais non absent pour autant.

En. »

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