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L inspiration du poète (Eluard)

Publié le 15/09/2015

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eluard

« Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré. Les poèmes ont toujours de grandes marges blanches, de grandes marges de silence où la mémoire ardente se consume pour recréer un délire sans passé. Leur principale qualité est non pas, je le répète, d’invoquer, mais d’inspirer. Tant de poèmes d’amour sans objet réuniront, un beau jour, des amants. On rêve sur un poème comme on rêve sur un être. La compréhension, comme le désir, comme la haine, est faite de rapports entre la chose à comprendre et les autres, comprises ou incomprises. »

« Il est une façon toute éluardienne de se dérober au cœur du poème pour nous céder la place et mieux tenir une promesse. Qui pourrait lire une telle œuvre sans se changer en poète demeurerait éternellement extérieur à ce qu’il lit.

 

[...]

 

Mais comme il s’est fait lui-même oubli, il demande de nous une ouverture constante, il exigerait presque que nous prolongions son œuvre. Et il est bien vrai que chacun de ses poèmes forme un tout achevé, qui ne peut être lu que dans son jour. Mais il est également vrai qu’il ne cesse en nous de s’achever et de se poursuivre. D’une lecture d’Éluard, nous ne sortons guère indemne. Le chant se continue, il nous mène à la poursuite de cet insaisissable que nous y avons pressenti. »

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« que son imagination soit active comme l'a été celle de l'auteur au moment de l'élaboration du texte.

Cet aspect est bien souligné par Jean Claude dont l'édition des Œuvres complètes d'Éluard en Pléiade (1, 1495) donne l'extrait suivant: « n est une façon toute éluardienne de se dérober au cœur du poème pour nous céder la place et mieux tenir une promesse.

Qui pourrait lire une telle œuvre sans se changer en poète demeurerait éternellement exté­ rieur à ce qu'il lit.

[ ...

] Mais comme il s'est fait lui-même oubli, il demande de nous une ouverture constante, il exigerait presque que nous prolongions son œuvre.

Et il est bien vrai que chacun de ses poèmes forme un tout achevé, qui ne peut être lu que dans son jour.

Mais il est également vrai qu'il ne cesse en nous de s'achever et de se poursui­ vre.

D'une lecture d'Éluard, nous ne sortons guère indemne.

Le chant se continue, il nous mène à la pour­ suite de cet insaisissable que nous y avons pressenti.

>> Cette marge d'activité laissée au lecteur suffit-elle pour créer le déclic et mettre en branle l'imagination du lec­ teur le temps d'une lecture ou le temps d'une vie? Il faut bien sûr qu'il existe des prédispositions chez le lec­ teur.

« On n'enflamme que ce qui est inflammable» disait Jaurès.

Il faut surtout que l'agencement des mots sur la page blanche soit chargé de cette énergie mysté­ rieuse qui se communique comme un fluide électrique et caractérise les beaux textes.

A ce propos, on pourrait imaginer le poète comme un habile technicien, sachant comment, à l'aide de mots, manipuler une âme.

Staline ne parlait-il pas de l'écri­ vain comme d'un «ingénieur de l'âme»? L'écrivain serait, telle comédien de Diderot, un froid calculateur prévoyant ses effets.

Pourtant il semble bien que l'émo­ tion poétique doive être ressentie par le créateur pour. »

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