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La laideur peut-elle être une source d'inspiration pour un poète au même titre que la beauté ?

Publié le 07/09/2018

Extrait du document

III/c) Le poète voyant

 

Au-delà du laid ou du beau, au-delà du bien et du mal, le poète est là pour aider à percevoir ce que nous ne voyons

pas, ce que le lecteur est incapable de percevoir dans la réalité. A l’instar de Rimbaud, le poète se fait « Voyant » comme l’annonce La Lettre à Paul Demeny . Il n’y a que le poète pour dépasser notre dégoût et percevoir derrière le crapaud un « rossignol d la boue ». Pour voir dans les yeux d’Elsa un monde aux multiples soleils, il n’y a qu’Aragon.

 

Conclusion

 

Finalement, bien vaste et inépuisable est la question de l’inspiration poétique. Au-delà des époques, des courants et des modes, la beauté et la laideur y tiennent une place indiscutable et la première ne peut exister –au bout du compte- sans l’autre. Bien qu’apparemment radicalement opposées, ces deux inspirations permettent au poète d’exercer son art. Qu’il fonde dans la tradition de l’esthétique du beau ou s’en déarque par la révolte du fond ou de la forme, ce dernier reste un « alchimiste du verbe », capable de découvrir les Fleurs …du Mal. Il ouvre ainsi le regard de son lecteur, non pas sur son propre monde, mais sur une réalité tout autre, sublimée, transfigurée par un langage snas cesse à réinventer. Avec le poète, le lecteur - délaissant laideur ou beauté en surface – peut, enfin, « plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau » (Baudelaire, Le Voyage)

Si traditionnellement le poète chantait la beauté, la laideur apparaît désormais elle aussi une source d'inspiration. Ainsi que le souhaitait Hugo, « tout est sujet ; tout relève de l'art ; tout a droit de cité en poésie Cela ne signifie pas cependant que le genre poétique a disparu, a perdu ssi spécificité en effet, c'est dans la quête verbale du beau, dans la beauté du geste poétique, que se reconnaît le poète.

« On peut se demander ainsi si la laideur existe pour elle-même, même chose pour la beauté, l’un renvoyant implicitement à l’autre. II/ a) La volonté de choquer La volonté de Lautréamont dans son éloge est de choquer son lecteur.

C’est un texte dérangeant, souvent violent et qui remet en causes les certitudes.

Déjà Voltaire dans le Mondain, écrivait cet éloge du luxe qui a pu surprendre et qui a choqué Rousseau : « regrettera qui veut le bon vieux temps / J’aime le luxe, et même la mollesse ». Comme disait Breton, précurseur du surréalisme dans le Manifeste DADA : « Tour produit du dégoût susceptible de devenir une négation de la famille est Dada ».

Choquer la moral devient alors presque une devoir poétique ! II/ b) La laideur : entre malaise et fascination ? La laideur traduit aussi une profonde inquiétude et un malaise de l’auteur comme par exemple dans le poème Le Crapaud de Tristan Corbière « Bonsoir – ce crapaud -là, c’est moi ».

C’est un poèle qui souligne le malaise de nl’auteur tant face à sa propre laideur que face à la société qu’il effraie.

Le crapaud inspire l’horreur, l’épouvante physique et morale, même chose chez Baudelaire : dans ses Remords posthume : « Et le ver rongera ta peau comme un remords » avec le jeu ver/vers.

La tradition du malaise de l’auteur peut être fascinant pour le lecteur : il donne accès à l’inconnu mais représente aussi le miroir de soi -même.

Le laid et surtout la laideur morale fascinent pas le goût de l’interdit et aussi parce qu’ils ont trouvé la solution aux peurs de Ronsard : « Pour ce aimez -moi cependant qu’êtes belle » (Amours) ; la beauté est éphémère.

La laideur physique fascine par sa durée comme le pense Gainsbourg dans Aphorismes : « la laideur a ceci de supérieur à la beauté qu’elle ne disparait pas avec le temps ».

La beauté se conjugue au passé, la laideur beaucoup moins ! De là à dire que la laideur est belle… On peut parler de l’esthétique de la laideur… Qu’est-ce que finalement que l’esthétique en poésie, si ce n’est pas plus la beauté que la laideur ? III/ a) Le poète est un alchimiste du verbe Par la magie des mots, le poète transforme toute réalité, quelle qu’elle soit comme l’illustre Rimbaud avec son « Alchimie du verbe » : « J’inventai les couleurs des voyelles […] Je réglai la forme et le mouvement de chaque consonne et, avec des rythmes instinctifs, e me flattai d’inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l’autre à tous les sens.

Je réservai la traduction.

» Le travail poétique, plus qu’une quête de contenu, est une recherche sur la langue.

Déjà la Pléïade cherchait à enrichir le langage, Boileau (XVII) évoque aussi la clarté nécessaire obtenue par un long travail.

Le travail est essentiel comme l’affirme Gautier « Oui, l’œuvre sort plus belle / d’une forme au travail rebelle, / vers, marbre, onyx, mail » dans l’Art.

La beauté de la langue seule compte, quel qu’en soit finalement le thème de l’inspiration.

Le Pou devient beau du fait des mots de Lautréamont : « Malheureusement, ils sont petits ces brigands de la longue chevelure.

» Il y a aussi une recherche sur la langue, le vocabulaire, un jeu sur les mots.

Même l’asticot trouve sa beauté dans la langue de Baudelaire dans une Une Charogne. III/ b) La musicalité poétique La poésie est musique comme le dit Verlaine « De la musique avant toute chose / Et pour cela préfère l’Impair ». Cela lui vient du choix des vers.

L’important est d’avoir un rythme, même si Hugo voulait détrôner « ce grand niais d’alexandrin » qu’il trouvait trop « pompeux ».

Les sonorités des vers font naître l’amour ou l’effroi.

Le choix de la forme a aussi son importance, pour donner plus d’impact par exemple dans le cas du poème en prose de Lautréamont qui a pour but de fasciner son lecteur.

Quelle que soit l’image évoquée, le langage devient alors pure émotion et le support est secondaire : Crapaud ou Albatros, le poète dit l’au-delà de notre vie. III/c) Le poète voyant Au-delà du laid ou du beau, au-delà du bien et du mal, le poète est là pour aider à percevoir ce que nous ne voyons. »

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