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« La Bruyère ne se propose pas de développer une doctrine, plutôt d’amener son lecteur à en désirer une […]. Il annonce, et il va le rappeler plusieurs fois, […] qu’il ne veut que peindre. Ce refus d’exposer, de mettre au clair une vision d’ensemble constitue une décision capitale. Le moraliste n’a pas à présenter un système philosophique […]. » (Jean DAGEN).

Publié le 05/04/2011

Extrait du document

 Le mouvement classicisme est un courant littéraire français qui se développe dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Il est fondé sur un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s’incarnant dans « l’honnête homme « qui se définit lui-même par le développement de l’esthétique et sur une recherche de la perfection.

Les Caractères ou les Mœurs ce siècle de La Bruyère s’inscrit dans le XVIIème siècle (1688). A cette époque, le mouvement littéraire le plus important était encore le classicisme. De plus, tous les écrivains étaient soumis à la censure du Roi. Ainsi, il paraît incongru d’inscrire La Bruyère dans un autre mouvement. Cependant, en observant son œuvre, on trouve peu de similitudes avec les caractéristiques de ce mouvement littéraire. Jean de La Bruyère est célèbre pour cette unique œuvre qui se trouve être une étude de mœurs, composée en grandes parties de portraits satiriques, mais aussi de réflexions sur la société inspirées des Caractères de Théophraste. Cette œuvre est un mélange de genres : pensées, maximes, tableaux et bien sûr portraits.

« est digne d'un dépouillement extrême, d'une croyance à la forme.

Flaubert appréciait les qualités de style deLa Bruyère : « Hier soir, j'ai lu La Bruyère en me couchant.

Il est bon de se retremper de temps à autre dansces grandes styles là » (Flaubert, Correspondance ).

La Bruyère adhère totalement à la doctrine de l'ut pictura qui est que « tout écrivain est peintre, et tout excellent écrivain excellent peintre ».

Cette formulation permetà définir l'art de donner à voir, de représenter.

La Bruyère s'est inspiré d'une réalité humaine, il a doncobservé le monde, la cour, la ville, les hommes, ce qui lui a permis de peindre divers comportements etconduites de l'homme.

Cette observation est universalité, puisqu'il admet avoir peint les hommes en« général ».

La Bruyère se plaît à peindre des caractères et non des hommes spécifiques.

Les premiers motsde la préface de La Bruyère accentue l'idée qu'il s'agit bien de peindre : « je rends au public ce qu'il m'a prêté(…) ce portrait que j'ai fais de lui d'après nature » ; le modèle de peintre domine chez La Bruyère.

Lemoraliste doit alors observer puis peindre ces observations sur les comportements de l'homme, sur sesmœurs. La Bruyère donne plus d'épaisseur à son œuvre en se plaçant au point de vue de ses lecteurs ; cela contribue à une critique indirecte qui corrobore celle qu'il fait en son propre nom.

L'écrivain est placé dansun contexte social de discussion et de dialogue.

La Bruyère joue le rôle, en plein La Bruyère, du lecteur deLa Bruyère, non seulement de ce lecteur critique de soi-même qu'est tout auteur, mais créant un personnagefictif, un autre « caractère », le lecteur de La Bruyère : « tout écrivain, pour écrire nettement, doit se mettre àla place de ses lecteurs, examiner son propre ouvrage comme quelque chose qui lui est nouveau, qu'il litpour la première fois, où il n'a nulle part, et que l'auteur aurait soumis à sa critique ; et se persuader ensuitequ'on n'est pas entendu seulement à cause que l'on s'entend soi-même, mais parce qu'on est en effetintelligible ».

Quand La Bruyère avance des pensées qui proviennent du bon sens et des jugements qui sefondent sur la raison, il ne se demande pas s'il n'y a pas une bonne part d'imagination dans notre jugement ;il offre un choix d'idées, sans les approuver. Grâce à ses observations et à ses peintures, l'auteur amène son lecteur à l'interprétation de ses propos. Une relation nouvelle naît alors entre La Bruyère et son lecteur : l'auteur amène le lecteur à lire Les Caractères , non pour lire passablement son œuvre mais pour cherche un sens nouveau derrière les mots.

Le lecteur doitréfléchir au message qu'a voulu faire passer La Bruyère et doit se faire son propre avis.

La Bruyère veutdonner à penser à son lecteur.

Il veut que le lecteur pense mais l'auteur ne veut pas qu'il pense comme lui.Le lecteur doit se faire son propre avis.

C'est là où se trouve la complexité mais aussi l'originalité del'écriture de La Bruyère.

Dans « Des ouvrages de l'esprit », à la remarque 16, La Bruyère dit à son lecteur que« l'on devrait aimer à lire ses ouvrages à ceux qui en savent assez pour les corriger et les estimer » ; c'est aulecteur de réfléchir et de se faire un propre jugement pour pouvoir avancer dans la lecture de l'ouvrage.

LaBruyère ne veut en aucun cas imposer une doctrine à son lecteur ; son but premier est de faire penser lelecteur sur des comportements humains. L'auteur veut faire penser son lecteur.

Mais ce ne serait pas le seul but de La Bruyère à travers Les Caractères .

En effet, ce livre aurait un double objectif.

Certes l'auteur insiste sur l'observation et la peinture des mœurs, pour mettre sous les yeux du lecteur les vices et les vertus de l'homme ; il désire égalementaider l'homme à se corriger des vices. Il ne s'agirait plus seulement de peindre des comportements humains : l'auteur voudrait aiderl'homme à se corriger.

Dans sa préface, La Bruyère nous dévoile qu'il s'est inspiré d'une réalité humaine ; iln'a jamais pris un exemple précis, il n'y a pas de portraits d'un individu mais il a pris un trait ici, un autre là.Ce sont des images de synthèse, images qui sont alors à déchiffrer, selon deux interprétations possibles : soitun modèle à suivre, soit un modèle à fuir.

Les portraits sont mis au service de l'instruction de l'homme, pourl'aider à se connaître, et, en second plan, pour corriger ses vices, ses défauts.

Avec l'expression « Tout estdit », on pourrait penser que La Bruyère reconnait qu'il n'a plus rien à ajouter suite aux Anciens, il pense nerien pouvoir apprendre de nouveau à son lecteur ; en réalité, Les Caractères a une visée instructive.

En effet, dans sa préface, il dit à son public que « s'il se connaît quelques-uns des défauts [il peut] s'en corriger ».L'œuvre de La Bruyère est un outil pour aider l'homme à corriger ses défauts dans la quête à la perfection.Par exemple, la remarque 119, «Des Jugements», dénonce l'égoïsme que l'homme peut avoir, le mépris qu'ila envers les hommes qui l'entoure ; La Bruyère blâme ses vices avec l'expression « espèce d'animauxglorieux et superbes, qui méprisez toute autres espèce, qui ne faites pas même comparaison avec l'éléphant. »

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