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La Chanson du mal-aimé d'Apollinaire : commentaire

Publié le 27/12/2022

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« Les cinq dernières strophes de « La Chanson du Mal-Aimé » poème d’amour en lien avec la musicalité du « Pont Mirabeau » et dans la même catégorie de poème. Les éléments d’introduction : strophes 55 à 59 Les cinq dernières strophes constituent un ensemble qui s’oppose par ses thèmes au reste du poème.

En effet, le poème a montré le cheminement douloureux d’un jeune homme : celui-ci n’a pu, malgré ses efforts, cesser d’aimer la jeune femme qui, après avoir paru répondre à son amour, l’a repoussé. Le Mal-Aimé a frôlé la folie, il a envisagé la mort.

Soudain, et sans explications, sa crise psychologique et morale se trouve résolue : il est en mesure de voir la ville (Paris) qui l’entoure et qui l’aime ; et simultanément, il retrouve ses pouvoirs créateurs et sa nature profonde. Idée générale et mouvement du poème : Dans ces strophes écrites au présent (// « Le Pont Mirabeau »), le Mal-Aimé exprime ses émotions et montre ses visions.

Il reconnaît d’abord sa tristesse (qui est un apaisement par rapport au désespoir du reste du poème), et il la projette sur le « beau Paris » où il erre (début vers 1 à 10).

Puis, il évoque la vie nocturne de la grande ville en insistant sur les lumières et sur les bruits (vers 11 à 20).

Ceux-ci s’organisent en une vaste composition musicale que rejoint, à la dernière strophe, le Mal-Aimé : car il s’y reconnaît poète énumérant dans leur diversité les différents chants qu’il sait écrire. Strophe 55 Elle permet de situer le dernier épisode du poème dans le temps « juin » et dans l’espace « Paris ».

Les deux premiers vers (1 et 2) livrent une image qui se déroule sur deux plans. 1/ Le plan simple de la réalité physique : rues au mois de juin où le soleil ardent « brûle les doigts » . 2/ Le plan de la métaphore plus complexe : dans la mythologie gréco-latine, le dieu Apollon est le dieu de la musique et de la poésie, symbolisées par la lyre.

Le nom d’Apollinaire en dérive. Par ailleurs, Phébus est le conducteur du char du soleil car il est dieu de la lumière. Le poète associe ces deux emblèmes, le soleil et la lyre, sans mentionner les noms des dieux.

Dans les vers suivants3, 4 et 5 , Apollinaire se réfère tantôt au champ lexical du soleil, tantôt à celui de la lyre, tantôt aux deux à la fois. Le soleil explique le verbe « brûle » au vers 2, la lyre explique « les doigts » ; « endoloris » et renvoient à l’un et à l’autre.

Ainsi, apparaît la figure du Mal-Aimé joueur de lyre, donc poète ; c’est ce que confirme l’exclamation « mélodieux délire » du vers 3 où « délire » renvoie à l’état d’inspiration de celui qui crée. D’autre part, les «doigts endoloris » évoquent par association d’idées le cœur endolori du jeune homme (relation avec Annie Playden en 1901 Guillaume a 21 ans et il est engagé comme précepteur de français auprès de la fille de la vicomtesse de Milhau qu’il accompagne sur les bords du Rhin avec la gouvernante Annie dont il tombe éperdument amoureux) dont l’immense désespoir amoureux a été chanté dans les cinquante-quatre strophes précédentes. Ainsi, s’explique « triste » qui qualifie « délire » au vers 3.

La crise psychologique et morale s’est résolue d’elle-même, la tentation du suicide n’aboutit pas, comme le confirme le vers 5 « sans avoir le cœur d’y mourir ».

Le cœur est synonyme de courage comme dans la langue du XVII e siècle, mais il peut recouvrir la résonance amoureuse (strophe 41 l’image du cœur percé de sept épées) Strophe 56 Les images de l’errance se développent et suit la tristesse évoquée dans la strophe précédente.

Nous remarquons, lecteurs, que le Mal-Aimé ne semble rencontrer aucun être humain dans la ville à l’inverse de sa démarche ultérieure dans « Zone » au début et à la fin de ce poème.

Dans la chanson, Apollinaire exprime sa solitude. Vers 6, il s’attarde sur la longueur des dimanches où l’hyperbole (exagération à valeur expressive) traduit son ennui. Les dimanches s’y éternisent (octosyllabe) Apollinaire ne décrit que des choses inanimées « orgues de barbarie » vers 7 et « fleurs au balcons » vers 9 auxquelles le poète prête parfois des sentiments humains, les orgues sanglotent au vers 8 comme s’ils prenaient à leur compte la peine du jeune homme.

Au vers 10, les fleurs « penchent » comme saturées de soleil et prêtes à mourir.

Pourtant, la strophe s’achève sur une comparaison insolite : Penchent comme la tour de Pise L’humour de la comparaison rééquilibre la tristesse des vers précédents.

Tout se passe comme si le jeune homme avait à présent maîtrisé sa peine et pouvait dès lors renoncer à sa tristesse : les deux strophes suivantes vont célébrer la lumière, la musique, la vie. Strophe 57 Vers 11 et 12 Soirs de Paris ivres de gin Flambant de l’électricité Cette strophe comme la suivante sont consacrées aux soirs vécus dans la capitale. Ces derniers sont personnifiés par le groupe épithète « ivres de gin/Flambant ».

De plus, cette personnification s’accompagne d’une métaphore ( fin de « Zone »)qui assimile à un alcool (le gin) l’électricité qui illumine la ville.

Les lecteurs comprennent les deux registres de l’épithète « flambant » = brûlant comme le gin dans la gorge, flamboyant comme l’électricité dans les rues et les cafés. Les trois derniers vers témoignent d’une écriture complexe.

Au niveau de la réalité physique, ils évoquent le déplacement, saccadé et sonore sur les « rails » vers 15, des « tramways » vers 13 munis, à l’époque, tels des bateaux d’aujourd’hui, de « feux » de route « verts » vers 13. Mais, Apollinaire superpose (complexité de l’écriture et de la composition du recueil) plusieurs niveaux distincts de métaphore. D’une part, il assimile ces tramways à des animaux portant le long des flancs « sur l’échine » vers 13 ces « feux » de route « verts ».

D’autre part, il tire de l’oubli le verbe « musiquer » très employé aux XVI e et XVIII e et s’appuyant sur l’analogie de forme qui unit les rails et les portées sur lesquelles on écrit la musique (cinq lignes horizontales parallèles) Apollinaire transforme ces mêmes tramways en notes qui vers 14 et 15:.... »

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