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Apollinaire: Fin de la chanson du mal aimé Alcools

Publié le 20/09/2010

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apollinaire

 

Introduction:

La modernité est un terme revendiqué dès la fin du XIX° siècle par des poètes comme Baudelaire qui se veut le peintre de la vie moderne, et renouvelle la notion du beau: « tu m'as donnée ta boue et j'en ai fait de l'or « écrit il au début des fleurs du mal en 1857. A sa suite Guillaume Apollinaire (1880-1918) modernisent les thèmes poétiques et libère l'écriture poétique. L'extrait à étudier se situe à la fin de la chanson du mal aimé, troisième pièce du recueil Alcools. Composée en 1903, elle s'inspire d'un chagrin d'amour du poète qui s'était épris d'une jeune anglaise Annie Playden, rencontrée en Allemagne en 1902 et qu'il ne réussit pas à reconquérir. Nous nous demanderons comment Apollinaire allie le thème traditionnel de la chanson d'amour à une poésie réellement novatrice.

 

   Le poème décrit l'errance du poète à travers Paris

   Un éloge de la ville moderne qui emprunte des formes poétiques et des registres nouveaux

   Malgré la modernité du poème, à certains égards, le poète renoue avec la chanson ancienne

 

I. Le poème décrit l'errance du poète à travers Paris

1. Les repères spatio-temporels sont à la fois précis et multiples

a. les repères de temps sont précis et évoquent la chaleur de l'été (chaleur de l'été comme une brulure)

str1: Juin,ton soleil ardent (ardent, ardere en latin, qui brûle)

brûle, placé en rejet,procédé d'insistance)--> douleur d'amour

b. On passe peut être du jour à la nuit.

« Soirs de la nuit « évocation de l'électricité.

 

2. En revanche, le terme de l'errance se caractérise par une progression spatiale et un changement de lieu

a. la progression

str1: v.4 un lieu générale « mon beau Paris «

str2: la rue v.8 « les cours grises «

v.9 les fleurs aux branches de Paris

v.13 Les tramways...

str4: De l'extérieur à l'intérieur « les cafés «: allusion aux « tziganes «, musicien  dans les cafés et aux garçons de café.

b. un procédé sonore  insiste sur l'errance comme un écho intérieur.

v.4 j'ère à travers mon beau Paris

 [ère]  [ère]  assonance en aire

 

3. Le poète raconte sa propre errance à la 1ère personne du singulier et s'adresse à la femme qui ne l'aime plus.

Str1: j'ère

fin de str4: « Vers toi, toi que j'ai tant aimée, allitération en [t]

début de str5: Moi, qui suis...

Le blanc entre les 2 strophes  manifeste la fin de l'amour et la séparation.

 

II. Un éloge de la ville moderne qui emprunte des formes poétiques et des registres nouveaux

 

1. Éloge de Paris: Paris répété trois fois avec des connotations positives « beau v.4 -fleurs v.9 – soirs v.11 «

La ville lumière: l'électricité anime Paris: « flambant « v.12 « feux verts « v.12

La ville cosmopolite: v.17 « tziganes «, v.19 « vêtues d'un pagne «

L'animation de la ville est suggéré parle bruit connoté positivement au fur et à mesure du poème il semble que l'animation et la beauté de la ville distrait un peu le poète de son chagrin

v.8 sanglotent--> v.14 (néologisme) musiquent--> v.17 crient tout l'amour

(-)  (+)

Elle est aussi évoquée par les cafés et l'alcool que l'on y boit (gin)

v.16 cafés gonflés de fumée, rime intérieur en é

 

2.à travers de Paris, l'éloge de la modernité.

Le progrès: le poète consacre une strophe à l'électricité et aux tramways, moyens de transport moderne: « machines « à la rime, procédé d'insistance au v.15

 

3. Le renouvellement poétique se lit à: 

a. un registre descriptif avec des phrases nominales (v.11 et 12)

b. l'absence de ponctuation qui déroule dans la lecture v.3 et disloque parfois la phrase (str 1). Elle crée des effets d'enjambement et amplifie le rythme (v.4-5)(9-10)(11-12) etc...

c. Le mouvement est aussi marqué par le traitement du temps et des objets qui subissent des personnifications étranges

tps personnifié, apostrophe vers 1, Juin ton soleil ardente lyre

vers 11, Soirs de Paris, ivres

objets personnifiées, les orgues « sanglotent «

« siphons enrhumés «

« tramways musiquent «

lieux: « cafés gonflés crient tout leur amour « (le surréalisme viendra peu après, Magritte met en scène une pipe)

 

d. Enfin le renouvellement est mis en valeur par le choix de l'italique.

 

III. Malgré la modernité du poème, à certains égards, le poète renoue avec la chanson ancienne

 

1. Nombreuses allusions aux temps anciens manifestent une continuité de la poésie lyrique, la nécessité pour l'homme d'exprimer ses sentiments de manière musicale.

a. Le poète est comparée à Orphée (celui qui aimait Eurydice et est allé la rechercher dans les Enfers) au moyen d'une métaphore filée dans la strophe 1 (lyre – endoloris-triste et mélodieuse-le coeur d'y mourir (enfer))

b. L'amour apparaît comme le thème poétique éternel: l'antiquité romaine est évoquée « des hymnes d'esclaves aux murènes «

c. L'amour apparaît aussi comme un thème universel qui revêt des formes diversifiées. - Ttes les formes poétiques sont suggérés notamment les plus anciennes

Lais (Moyen-Âge) hymnes (gd chant), romances chanson (musique)

Allusion aux légende anciennes créent le même effet (Ulysse), l'amour se chantent partout « et des chansons pour des sirènes «

 

2. Le thème du chagrin d'amour circule dans le poème et contamine le décor, le temps et la forme poétique.

Str1: métaphore de l'amour heureux « ardent « brûle « qui devient négatif « endoloris « triste « (v.6)

Str2: Le temps contaminé: le temps paraît plus long quand on est malheureux, les lieux sont contaminés « cours grises «, de même que les objets « les orgues sanglotent «, « les fleurs penchent «

Str3 progression dans le malaise du poète « Soirs ivres « Il noie son chagrin dans l' alcool + folie, l'amour rend fou

Str4: Cri Vers toi, toi // Moi qui, éloignement marqué par le parallélisme.

Str5: voc complaintes, La plainte + représentations de la femme inaccessible et cruelles rimes sirène, murène riche

 

3. le choix de l'octosyllabe, vers classique

 

4. La musicalité d'une chanson:

         Le choix des strophes et des rimes:

         strophes de 5 vers permet riimes croisées + 3 x fois répétition du même son → effet mélodieux

         rimes féminines qui encadrent rimes masculines, effet de refrain

         rimes riches, lyre, aris,reine

         musicalité provient aussi: -2 rimes intérieurs, assonances: « cafés, gonflés de fumées v.16 « Moi qui sais des lais pour les reines « en ai v.21

            - allitérations v.10 penchent pise en[p] v.17 « tout l'amour de leur tzigane en [t]

         assonances en i nombreuses (chagrin) « triste délire «, « Soirs de Paris, ivres de gin « (hiatus) « leur folie de machine «

 

Un hymne à Paris, à la modernité en même temps qu'une chanson qui réexploite les genres anciens. Apollinaire réunit la poésie moderne et la poésie classique dans ce poème à l'instar de son amis Pablo Picasso (Portrait d'Apollinaire) dont l'inspiration d'abord prisée dans l'art grec, empruntera ensuite à l'art nègre et évoluera vers l'abstraction.

 

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