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LA COMÉDIE AU DIX-NEUVIÈME SIÈCLE (19e)

Publié le 19/05/2011

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I. — Scribe (1791-1807).

De 1810 à 1861, Scribe a écrit près de quatre cents pièces. Il débuta par de petits vaudevilles, tels que l'Ours et le Pacha. A l'ouverture du Gymnase (Théâtre de Madame) en 182o, il devint le fournisseur attitré d'une scène où l'on ne pouvait faire jouer que des pièces en un acte. De là, cette abondance de vaudevilles ou le sujet est « ramassé « avec tant de précision et de sûreté : la Demoiselle à marier, le Charlatanisme, la Manie des places, etc. Cependant, il avait pénétré au Théâtre-Français en 1822, avec Valérie ; il y donnait, en 5827, le Mariage d'argent, puis Bertrand et Raton (1833), la Camaraderie (5837), la Calomnie (5840), le Verre d'eau (1840), Une Chaîne (1841), etc. —Depuis 1823, Scribe écrivait avec un égal succès des livrets d'opéras et d'opéras-comiques : la Dame Blanche (1825), la Muette de Portici (1828), Robert le Diable (1831), la juive (1835), les Huguenots (1836), etc. Il ne faut demander à Scribe ni une profonde psychologie, ni un style : il est préoccupé avant tout de nous attacher par une intrigue bien faite; il excelle à poser, à compliquer, à dénouer son sujet; et ce sujet est souvent très hardi, mais l'auteur sait habilement en esquiver les difficultés (Une Chaîne).

« Dumas fils soutient que le théâtre doit être utile ; il est, en cela, le disciple de Diderot.

Il ne se contente pas, comme Augier, de rappeler la société présente, viciée par les bêtisesromantiques, à la pratique des vieilles vertus de famille; il est réformateur, et lathèse anime et gâte toutes ses pièces.

Il est à la fois un des esprits les plusgénéreux et les plus faux de notre temps : il a des idées justes, et il aboutit àdes conclusions discutables.Le style de Dumas fils est cinglant, spirituel, souvent oratoire et éloquent.

Cen'est pas, à vrai dire, un style dramatique.

Tous les personnages parlent dansces pièces la même langue, et leur style ne les caractérise jamais. IV.

- Autres auteurs de Comédies. Eugène Labiche (1815-1888) est, après Scribe, le plus illustre représentant duvaudeville.

Il est peut-être supérieur à Scribe par un certain don de finesseironique, de bon sens à la fois bienveillant et malin qui apparaît dans sesmeilleures pièces : le Misanthrope et l'Auvergnat (1852), le Voyage de M.Perrichon (186o), la Poudre aux yeux (1861), la Cagnotte (1864), etc.

De plus,il renouvelle la forme du grand vaudeville, en construisant d'ingénieuses etahurissantes intrigues bâties sur des quiproquos, et disposées en un crescendoétourdissant : le modèle du genre est le Chapeau de paille d'Italie.

Enfin, dansle dialogue toujours aisé et naturel, il a tantôt des coq-à-l'âne les pluscomiques, tantôt des mots plus profonds que ceux de Dumas fils; M.

Perrichon dira par exemple, à celui qu'il croit avoir sauvé : « Vous me devez tout...

je ne l'oublierai jamais.

»Victorien Sardou (1831-1908).

— Sardou fut un des plus féconds écrivains dramatiques du luxe siècle.

Il débutamodestement; mais le succès des Pattes de mouches (1860) le mit « hors de page ».

Ses meilleures pièces sont : laFamille Benoiton (1865), Nos Bons Villageois (1866), Patrie (1869), Rabagas (1873), Fédora (1884), Thermidor(1891), Madame Sans-Gêne (1893), l'Affaire des Poisons (1907), etc.Il faut d'abord signaler en Victorien Sardou un de nos plus habiles constructeurs d'intrigues.

Comme Scribe, et plusaisément encore, il pose, noue, et dénoue le sujet le plus complexe et le plus simple à la fois.

Il a égalementcontribué à la peinture satirique des moeurs de son temps; on pourra consulter comme des documents souvent trèspénétrants, des pièces comme : la Famille Benoiton, Nos Bons Villageois, Rabagas, etc...

— Enfin Sardou a souventcomposé des pièces d'une inspiration plus franche, et ce sont des drames remarquables par leur unité d'action et deton, que Patrie, la Haine, Fédora, qui resteront, sans doute ses trois chefs-d'oeuvre.

Par là s'atteste la souplesse deson talent.Édouard Pailleron (1834-1899) est sorti de l'aimable médiocrité où l'auraient rangé ses autres pièces, en écrivant leMonde où l'on s'ennuie (188i), piquant tableau des salons académiques, des pédantismes qui y fleurissent, et desrivalités qui, sous la politesse et sous les grands mots, s'y dissimulent.

V.

— Le Naturalisme au Théâtre. Henry Becque (1837-1901) marque une vive réaction contre l'école de Scribe et de Victorien Sardou.

A leuroptimisme moral, à leur philosophie indulgente, Becque substitue le plus noir pessimisme : il est le premier auteur deces pièces tristes et amorales, où l'on prétend représenter la société telle qu'elle est, composée de canailles et dedupes : c'est la comédie rosse.

Les deux meilleures pièces de cet écrivain, qui travaillait difficilement, et quiparvenait plus difficilement encore à se faire jouer, sont les Corbeaux (188z) et la Parisienne (1885).Le Théâtre libre (1887-1895).

— Un acteur amateur, Antoine, fonda à Montmartre, le Théâtre libre, ainsi nomméparce que les pièces, représentées seulement devant des invités, n'étaient pas soumises à la censure.

Permis à luipar conséquent, de risquer tout.

Le Théâtre libre présenta souvent au public des pièces brutales et cyniques, mais ila tout de même révélé quelques vigoureux et hardis auteurs dramatiques, tels que Georges Ancey (l'École desveufs), Émile Fabre (l'Argent), Henry Céard (les Résignés), etc.

— D'autre part, il a contribué à vulgariser les chefsd'oeuvre du théâtre étranger.

N'oublions pas que les pièces d'Ibsen : les Revenants, k Canard sauvage, la Dame dela mer, y ont été jouées pour la première fois en France, ainsi que les Tisserands de Hauptmann. VI.

— Edmond Rostand (1868-1920). Une autre réaction devait se produire et créer un courant adverse, qui continue à lutter contre le précédent.

Lenom qui incarne cette réaction idéaliste poétique et morale, est celui d'Edmond Rostand.

Son premier succès est lesRomanesques, joués en 1894, au Théâtre-Français.En 1895, Rostand donnait la Princesse lointaine, empruntée à une légende du moyen âge.

En 1897, la Samaritaine,sujet tiré de l'Évangile, montrait le talent de Rostand sous une nouvelle face, plus simple et plus mystique.

— Endécembre de la même année, le théâtre de la Porte Saint-Martin jouait pour la première fois avec un éclatantsuccès Cyrano de Bergerac.La pièce était d'une veine bien française.

Par-dessus le naturalisme des trente dernières années, Rostand donnait la. »

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