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LA FAMILLE dans Les Fleurs bleues de Raymond Queneau

Publié le 10/01/2020

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LES DIFFÉRENCES ENTRE LES CIDROLIN ET LES D'AUGE

A ► VIE ÉTRIQUÉE ET VIE HAUTE EN COULEUR

1. La famille Cidrolin végète dans une existence médiocre, sans événement : le mariage entre Cuveton et Lamélie est escamoté, hormis un repas gastronomique dont on ne sait rien ; l’acquisition d’une voiture neuve ne parvient pas à rehausser une vie grisâtre (p. 60), seule la « tévé » intéresse les filles et les gendres, qui veulent absolument que Cidrolin en achète une. Leur conversation n’est faite que de poncifs, de formules creuses, stéréotypées : « l’histoire [...] c’est quand c'est écrit » (p. 63), « la tévé, ça distrait », « ça instruit » (p. 62). Le fait que quatorze lignes du dialogue sur la télévision sont répétées, comme en boucle (p. 62-63 et p. 65), exactement identiques, montre combien la conversation est creuse et dérisoire chez les Cidrolin. De la même façon, à la fin du roman, Lamélie, visitant son père malade, reprendra exactement les mêmes formules que ses sœurs venues la veille. À l'opposé, le duc d'Auge, même s'il est impétueux et brutal, a une vraie curiosité et une vraie éloquence. Il s'intéresse à la théologie (débat sur le rêve avec Biroton, débat sur le préadamisme), à l'alchimie ; il sait avancer des arguments contre la huitième croisade face à l'envoyé de Louis IX.

2. Ensuite, Cidrolin s'oppose au duc d'Auge par son avarice. Il écarte toute aide financière pour le mariage de sa fille Lamélie, il refuse d'emblée de payer le restaurant à ses filles et ses gendres alors qu'il n'est pas dans le besoin. Au contraire, Auge est caractérisé par une vraie prodigalité aristocratique : il dilapide la fortune qu'il a obtenue de Louis XIII dans ses recherches alchimiques, il régale sa famille dans les « de luxe » à la fin.

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« so igne usement, tou t en faisant croi re à sa fami lle qu 'un inconnu s'acha rne contre lui ; le duc d'Auge peint les fresques rupestres de Dord ogne et d'E spagne en faisant croir e qu 'elles sont dues à un e hum anité préadamite.

B ....

L'INHUMANITÉ 1.

Les deux famill es sont toutes deu x incapab les de sentiments pos itifs et sont domin ées par l'indifférence et le cynisme .

Les rela tions entre les pères et les filles sont à ce sujet significatives.

Auge et Cidro lin voient dans le mar iage un e occasion de se débar rasser de leurs filles, qui ne sont que de s boulets à leu rs yeux : «j'ai mis la ma in sur tro is jeunes niais à qu i je refile mon pe tit tiercé» (p.

88 ) rime avec le soulagemen t de Cidrol in quand Lam élie trouv e un mar i (« je ne pensa is pas qu 'elle réussir ait», dit -il).

Réc ipr oquement , ses fill es et ses ge ndre s n'éprouve nt à l'égar d de Cidrolin que de l'indifférence : lor squ'ils viennent le voi r quand il est ma lade , seule leur passi on pour la télévision les retient qu elqu e peu : « ils ne parte nt pas si vit e que ça parce qu 'ils se sont mi s à parler de la tévé », p.

220.

les relati ons filia les et les rela tions co njuga les sont régies par un e sem blab le désinvolture cynique .

le pass age où le duc d'Auge ap prend la mort de sa fille Pigranelle est révélateur du cynisme du père et du ma ri : Vous prenez du ventre .

Et ma fille Pigr ane lle, en a-t-elle pris souvent? -Elle est morte stérile, répondit le sire de Ciry d'un air légèrem ent écœuré .

-La pauvre , dit le duc, qui se tournan t vers l'abbé Riphinte, ajouta : L'abbé, vous pourr ez dire des prières pour elle, puisqu'elles vont être valables encore un certain temps.

Et revenant à Ciry : -Au fait , pourquoi donc êtes-vous ici? (p.

214) La même absence d'humanité est manif este quand le du c d'Auge app rend la mort de sa femme Russule (p.

193) et quand Cidrolin évo qu e la mort de sa premiè re femme (p.

81).

2.

L'in hum an ité s'e xp rime singul ièremen t pa r le thème de l'animalité , très répan du dans Les Fleurs bleues.

Qu enea u animalise la famill e d'Auge, en premie r lieu Ph élise, qu i ne sait qu e bêler, comme une brebis .

Ma is le du c lui-même mange comme un chien (il «broie les os », p.

67), il glap it comm e un rena rd ou un chi en (« un long glapisse men t se fit ente ndre », p.

257).

Sa brutali té répétée, la réc urr enc e du ve rbe« gueuler» à son sujet, vo nt aussi dans le sens de. »

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