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LA FIN DU SIECLE

Publié le 25/05/2012

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Il est remarquable que, du réalisme, insensiblement, par la force des choses, le Théâtre-Libre est passé au symbolisme. Les oeuvres étrangères qu'il nous présentait, l'engageaient dans cette voie : le naturalisme cru et sans signiflcation idéale ne s'y rencontrait guère, et Tolstoï, Ibsen, Hauptmann n'offraient qu'un réalisme gonflé de pensée et de poésie. Naturellement le ThéâtreLibre s'est ouvert aux Français téméraires qui voulaient faire comme ces étrangers. Et dans la guerre entreprise pour détruire la religion du vaudeville, pour ruiuer le machinisme dramatique, le genre Scribe, le genre Sardou, les pièces poétiques ou sociales n'étaient pas moins utiles que le simple naturalisme. Le Théâtre Libre contribuait donc aussi à faire aimer les idées au théâtre, idées psychologiques, morales, sociologiques, traduites lyriquement et dramatiquement, en états de conscience, en résonances de la sensibilité, en tensions de la volonté...

« 1.

ÉT.\T GÉ:SÉR\L DU MILIEU LITTÉRAIRE ET SOCI.\L, Le fait capital, en littérature, est ce qu'on a appele la banque­ route du naturalisme.

L'ecole de M.

Zola, qui regnrdait plus ses théories que ses œuvres, s'est perdue dans l'insignifiance et dans la grossièreté.

Tout caractère d'art et toute poésie ont disparu des productions de ses disciples.

Un moment est venu où les meil­ leurs parmi les jeunes naturalistes ont senti le besoin de s'affran­ chir: ils ont pris le premier prétexte de lâcher le maître 1 • Si le naturalisme n'existe plus, rien ne le remplace encore.

Chacun va de son côté, innove, imite, selon son tempérament intime ou son affection actuelle.

Des symptômes de religiosité apparaissent, une certaine soif de mystère, d'incompréhensible.

Les uns vont se satisfaire aux confins de la science, dans les phénomènes anor­ maux, d'apparence irrationnelle, insuffisamment expliqués ou établis : hallucination, hypnotisme, maladies de la personnalité, télépathie, etc.

D'autres exploitent - avec quelle sincérité?- les sciences occultes, astrologie, magie.

D'autres prennent pour thèmes lès phénomènes psychologiques du mysticisme et de l'extase reli­ gieuse.

Par réaction contre le naturalisme, on a fui les réalités lini.es, les idées délinies; le symbolisme, qui en poésie a succédé à l'art Parnassien, a semblé un moment vouloir étendre sa domi­ nation sur toute la littérature; mais voici que déjà la fièvre sym­ boliste semble se calmer, et la mode se retirer de ce mouvement.

A cette dissolution du naturalisme et à l'absence d'une doctrine dirigeante, se lie cet autre fait que l'on est allé chercher au dehors des formules et des modèles d'art.

Depuis !880 la littérature fran­ çaise a reçu de l'étranger certainement plus qu'elle ne lui a donné.

Toutes les littératures européennes ont versé dans la nôtre leurs œuvres et leurs influences.

L'Angleterre nous a donné d'abord sa George Eliot 2 , puis la Hussie son· Dostoïevski 3 et son Tolstoï • : et 1.

Ap,·ès la Te1'1'e (1887).

Le principal de ces dissidents est M.

Paul :1-largueritle.

2.

G.

Eliot (1819-1880) : Adam Bede, 1859, trad.

1861 et1886; le .Moulin sur la Floss, 1860, tr.

1887; Silas Mm·ner, 1861, tr.

1885-1889; Daniel Deronda, 1876, tr.

1881.

3.

Dostoïevski (1821-1881); Crime et Châtiment, tr.1884; Souvenir de la maison des morts, tr.

1886; Krotkaïa, tr.

1886; les Possédés, tr.

1886.

4.

Léon Tolstoï (né en 1828) a renoncé à la lillérature d'art et s'est fait, en dehors de tout dogmatisme confessionnel, l'apôtre de l'Évangile; par le livré et par sa vie, il a enseigné la justice, l'humilité, la pitié, l'amour.

Le saint-synode orthodoxe l'a récemment excommunié (1901).

L'influence de son christianisme démocratique et philanthropique a été très grande sur notre littérature.

Au comte Léon Tolstoï doit surtout se rapporter l'esprit nouveau, plus largement philosophique et plus profon­ dément humain, que je signale ici dans nos romans et notre théâtre.

-La Guerre. »

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