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La fin d'une femme au pouvoir, Zenobie (extrait du Roman de Raphael Toriel

Publié le 03/01/2013

Extrait du document

raphael
Journal personnel J'ai retranscrit fidèlement la visite d'Aurélien, mais quand je t'ai affirmé qu'elle s'est arrêtée là, je t'ai menti, mon ami, pouvait-il en être autrement ? Une femme ne peut tout dire à un homme. Il existe des pudeurs qui sont nos protections. Là, c'est pour moi que j'écris, pour moi seule, pour assouvir un besoin de partage à jamais frustré. La feuille est muette tant qu'elle demeure cachée. Si je meurs sans avoir eu le temps de la détruire, elle pourra étonner mais non me nuire. Lui et moi parlions donc du garçon qu'il désirait me faire Et si c'était une fille ? Nous recommençons ! Un fils et Palmyre ! Pauvres filles, juste bonnes à vous ouvrir leurs cuisses ! A faire des enfants, à les élever et à les voir mourir ! Peut-être, il arrive que ce soit vrai, mais avec toi, c'est une partenaire que j'espère ! Cet homme me troublait au point de me faire perdre le sens du danger. Il était l'Empereur, ma volonté n'était rien et mes mots, les maigres coups de dents d'un lapin au lion qui le tient sous sa patte. Mensonges, c'est mon corps que tu veux prendre. Chez vous, les hommes, le désir obscurcit l'esprit et délit la langue. Nous, les femmes, savons cela dès notre plus jeune âge. Quelque part, j'espérais que le maître prendrait l'esclave sans forme de procès. Mon honneur serait sauf et le sien ébréché ! Contrairement à mes attentes, il se fit doux. Je ne te prendrai que si c'est toi qui te donnes ! Tout en le regardant, droit dans les yeux, d'un geste que je voulais majestueux, j'ôtais de mes épaules le précieux shatoosh, don de Palmyre pour l'anniversaire de mes trente ans. Le châle, léger comme une plume voleta vers le plus proche des poufs. Il existe des instants où nous ne sommes plus nous-mêmes. Moi, si réservée, je me faisais séductrice, pire qu'une vestale délurée. Posant la main à mon épaule et faisant mine de défaire la fibule de ma tunique, je me suis entendue prononcer ces mots insensés. Me donner, c'est beaucoup attendre, mais je pourrais éventuellement... me laisser prendre ! D'une main, j'ouvrais l'agrafe, libérant le tissu qui vint lentement tomber à mes pieds. J'étais nue devant l'homme que j'affirmais détester. Celui-ci me regardait fasciné. Etais-ce ma beauté ou mon courage qui l'avait paralysé. Moi, qui n'avais pas touché un homme depuis la mort de mon époux, je me comportais en courtisane patentée. Je regardais ses mains, n'osant plus le visage. Elles étaient larges, puissantes et calleuses. J'ai saisi la gauche, elle devait être plus douce, et toujours sans rien dire, l'ai portée à mon sein. Ah, Odenath ! Je n'ai connu qu'une étreinte, la tienne. Tu avais été doux le jour de mes noces et si tendre ensuite. Si entre nous les accords étaient bons, ils manquaient d'un brin d'exubérance. Et même si j'ai aimé ton désir de me plaire, que parfois du tréfonds de mon ventre naissait une vague, celle-ci retombait bien avant le rivage. Nous n'y pouvions rien, les corps sont souvent assez mal assortis. [...] Quelle nuit ! Qu'a-t-il fait de moi ? Ai-je compté les frissons, ai-je compté les orgasmes ? Odenath, ta femme est une catin qui mendie ses caresses, se trémousse sous celles-ci et ronronne comme une chatte. Il m'a tout appris, tout donné, tout repris, tout en une seule nuit. [...] La nuit t'a donnée faim, tu dévores, mon affamé, tu te restaures. J'entends les bruits qui tu fais, je devine ce que tu manges. Reprends des forces, mon merveilleux, et reviens ! J'aspire à tes bras, je voudrais rester là, ne plus sortir de ma couche, que tu me rejoignes, que nous ne la quittions plus, mais je dois résister et me lever. Comment me reprendre ? Comment retrouver mes esprits ? Comment redevenir, moi ? Oh, que tu dois te croire fort, Aurélien. Je sais ce que tu penses, je peux même te le dire. Tu penses que les femmes sont changeantes, qu'une nuit de caresses transforme de féroces panthères en tendres gazelles ! « Te voilà amoureuse, toi qui, hier encore, disais me haïr. Je me souviens de ton regard terrible, le jour de mon triomphe, quand par un geste de clémence je t'ai fait asseoir. Si des flèches acérées avaient pu alors jaillir de tes yeux, mille traits mortels m'auraient transpercé. Toi qui sans peur, une lance à la main, combattais le lion du désert, toi qui caracolais serais-tu prêt à déposer les armes par amour de moi ? J'aimerais te croire humaine, Zénobie ! Qu'il serait doux de rêver à cette compagne superbe, mon égale en tous points, forte, intelligente, courageuse et aimante à la foi ! A deux, nous serions invincibles ! Palmyre n'est qu'un prétexte, Rome un village, le monde serait nôtre ! « Voilà ce que tu penses pendant que je m'offre un dernier moment de joie dans mon bain avant de t'affronter. Je chante même, po...
raphael

« Qu elle nuit ! Qu’a-t-il fait d e moi ? Ai-je compt é le s fris s on s, ai-je compt é le s org a s m e s ? Od e n ath, ta femm e e st un e c atin qui m e ndie s e s c ar e s s e s , s e trémou s s e s o u s c elle s-ci et ronronn e comm e un e ch att e.

Il m’a tout a p pris, tout donn é, tout repris, tout e n un e s e ul e nuit.

[…] La nuit t’a donn é e faim, tu d évor e s, mon affam é, tu te re st a ur e s.

J’ent e nd s le s bruits qui tu fais, je d evin e c e qu e tu m a ng e s .

R e pr en d s d e s forc e s, mon m erv eilleux, et revien s ! J’a s pire à te s br a s , je voudr ais re st er là, n e plu s s ortir d e m a couch e, qu e tu m e rejoign e s , qu e nou s n e la quittion s plu s, m ais je dois ré si st er et m e lever.

Comm e nt m e repr endr e ? Comm e nt retrouv er m e s e s prits ? Comm e nt red ev enir, moi ? Oh, qu e tu dois te croire fort, Aurélien.

J e s ai s c e qu e tu p e n s e s , je p e ux m êm e te le dire. Tu p e n s e s qu e le s femm e s s o nt ch a ng e a nt e s , qu’un e nuit d e c ar e s s e s tran sform e d e féroc e s p a nth èr e s e n tendr e s g a z elle s ! « Te voilà a m our e u s e , toi qui, hier e n c or e, dis ai s m e h aïr.

J e m e s o uvien s d e ton reg ard terrible, le jour d e mon triomph e, qu a n d p ar un g e st e d e clém e n c e je t’ai fait a s s e oir.

Si d e s flèch e s a c ér é e s av aient pu alor s jaillir d e te s yeux, mille traits mortels m’aur aient tran s p erc é.

Toi qui s a n s p e ur, un e lanc e à la m ain, comb att ai s le lion du d é s e rt, toi qui c ar a c olais s er ai s-tu pr êt à d é po s er le s arm e s p ar a m o ur d e moi ? J’aim er ai s te croire hum ain e, Zénobie ! Qu’il s er ait doux d e rêv er à c ett e comp a g n e s u p erb e, mon é g al e e n tou s point s, forte, intellig ent e, cour a g e u s e et aim a nt e à la foi ! A d e ux, nou s s erion s invincible s ! P almyre n’e st qu’un pr étexte, Rom e un villag e, le mond e s er ait n ôtr e ! » Voilà c e qu e tu p e n s e s p e nd a nt qu e je m’offre un d ernier mom e nt d e joie d a n s mon b ain av a nt d e t’affront er.

J e ch a nt e m ê m e, pourquoi p a s , tu dois m’ent endr e.

C el a d evr ait te réconforter.

Tu t’attend ai s à m e voir a m o ur eu s e et docile, j’en av ai s trop le d é sir pour m e p a s m e lais s er aller, pour un e fois.

[…] Tu voulais m e pr endr e p ar la taille.

Avant m ê m e qu e tu m e touch e s , j’ai s e nti mon corp s recomm e nc er à trembler.

Il m e fallait retrouver m e s e s prits, un e a utr e s é a n c e comm e c elle-ci et j’ét ais à jam ais e n ch a în é e à toi.

Le s o upçonn ais-tu ? Le s homm e s n e s av e nt p a s c e qu’e st pour nou s l’habitud e d e c e s cho s e s .

J e te repou s s ai s ferm em e nt.

[…] P a uvr e Aurélien, tu dout ai s à pr é s e nt. ­ C ett e nuit, c e m atin, j’ai cru… Il m e fallait e nfonc er le clou, là où le dout e ét ait n é. ­ C el a fais ait trop longt emp s qu e je m a n q u ai s d e c ar e s s e s .

Tu e s fort, s olid e, e n d ur a nt, rompu à l’effort.

J’ai e stim é trouver e n toi un a m a nt vigour e ux, je n e m e s uis p a s tromp é e . A pr é s e nt tu ét ais furieux mon aim é, toi un a m a nt comm e un a utr e. ­ Un ét alon e n s o mm e, comm e n’import e qu el b ellâtre ! Comm e nt n e p a s te dire la plac e qu e tu a s pris e d a n s mon c œ ur ? ­ P a s du tout, tu te tromp e s e n cor e, c’e st toi qu e je voulais.

J e te d é sir ais d e puis le pr emier jour où je t’ai vu, qu a n d jeté e à te s pied s p ar te s ru stiqu e s s old at s, tu m’a s s ai si le s m ain s pour m e relever d e terr e.

Tu a ur ais pu a u s si bien m e pr e ndr e s ur le ch a m p qu e je n’aur ais offert a u cu n e ré sist a nc e, ton reg ard imp érieux av ait d éjà mis le feu à mon ventre.

Tu a s pris ton temp s, C é s ar, pour d évor er ta proie. ­ Qu e le s homm e s s o nt b êt e s ! Qu e le s femm e s nou s s urp a s s e nt ! […]. »

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