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La Fontaine et La Bruyère moralistes

Publié le 13/02/2012

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fontaine

On a dit de La Fontaine et de La Bruyère qu'ils sont moralistes et pessimistes. Ce jugement, qui n'est pas erroné, a besoin d'être expliqué. Tous deux veulent être tenus pour moralistes. La Bruyère l'avoue dans la préface des Caractères. S'adressant au public : « Il peut regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et, s'il se connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger «. Mais La Fontaine se croit-il, lui aussi, un moraliste? Cela paraît plus extraordinaire, étant connus son caractère et sa vie. Cependant il tient à ee titre : «L'apologue, écrit-il, est composé de deux parties, dont on peut appeler l'une le corps, l'autre l'âme. Le corps est la fable; l'âme la moralité.« Les prétentions des deux auteurs sont-elles fondées ?....

fontaine

« cette bravoure si familiere aux personnes nobles Y4. Mais le luxe et la mollesse affaiblissent cette qualite.

Aussi quel tableau offre la cour, ce pays c a quelque 48° d'elevation du pole », ou l'on se &guise, oit l'on in- trigue, at l'on est esclave pour reussir, jusqu'a ce qu'on se retire amoindri, mais pour redevenir honnete homme (1)! La Fontaine n'avait pas ete moins violent sur ce point : Je definis la cour un pays oiz les gens, Tristes, gals, prets a tout, a tout indifferents, Sont ce qu'il plait aux princes, ou, s'ils ne peuvent l'etre, Tachent au moins de.

le paraitre : Peuple cameleon, peuple singe du maitre. La Bruyere flagelle les jeunes magistrats, passant « de la ferule a la pourpre », et pour lesquels it s'agit de « decider souverainement des vies et des fortunes des hommes » (2).

La Fontaine avait critique surtout in pro- cedure de son temps : Le simple sens commun nous tiendrait lieu de code,11 ne faudrait point tent de frais; Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge... On ne recoil souvent que le sac et les quilles. La rancune tres particuliere de La Bruyere va contre les financiers, « Ames sales, petries de boue et d'ordure gens pleins d'orgueil et de morgue, qui ont « l'audace d'avaler en un seul morceau la nourriture de cent families » (3).

Ce sont ces memes traitants que La Fontaine montre « experts a nettoyer un monceau de pistoles ». Une classe est encore etudiee avec soin par La Bruyere, qui n'est qu'in- diquee par un seultype, faux ou exceptionnel, dans La Fontaine (Jean Chouart) :c'est le clerge.

Le gentilhomme ordinaire de la maison de Conde oppose a « ce garcon si frais, si fleuri, seigneur de dix benefices, riche de vingt-six mille livres de revenu » (4), le pauvre Tite, vegetant jusqu'a sa retraite, c'est-A-dire pendant vingt ans, jusqu'a ce que le pre- mier petit clerc le remplace dans son emploi, poste subalterne, alors qu'il est digne d'occuper la premiere place (5).

Quelles fines et malignes sil- houettes que celles du sermonneur plus tot eveque que le plus solide ecrivain n'est revetu d'un prieure simple » (6); des abbes et des abbesses, « A qui it ne manque rien de l'ajustement, de la mollesse et de la Vanite des sexes et des conditions »; du pasteur achevant sa digestion au bane d'oeuvre, tandis que le docteur, qui a « d'abord un bel habit et ensuite des titres », explique « la lumiere de gloire » A des fideles beats; des chanoines qui, ayant delaigse l'usage de l'office, ne savent plus loner Dieu (7).

A cede, se placent, mais trop rares dans cette galerie, les membres du clerge savant et pieux : Trophime (Bossuet), le prelat qui n'a jamais besoin d'etre cardi- nal (8); le cure « imitateur du zele et des vertus des Apotres » ; les clercs « dont le seul caractere est efficace » (9). Puisque la lecture de La Fontaine et de La Bruyere nous fait connaitre la societe de leur temps et assister 0 la comedie humaine, ils sont done moralistes.

Quels sont la nature et le merite de leur morale? (1) De la Cour. (2) De quelques usages. (3) Des Biens de la fortune. (4) Des Biens de la fortune. (5) De quelques Usages. (6) De la Chaire. (7) De quelques Usages. (8) Du Mettle personnel. (9) De la Chaire. cette bravoure si familière aux personnes nobles »~· Mais le luxe et la mollesse affaiblissent cette qualité.

Aussi quel tableau offre la cour, ce pays « à quelque 48• d'élévation du pôle :., où l'on se déguise, où l'on in­ trigue, où l'on est esclave pour réussir, jusqu'à ce qu'on se retire amoindri, mais pour redevenir honnête homme (1)! La Fontaine n'avait pas été moins violent sur ce point Je définis la cour un pays oû les gens, Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents, Sont ce qu'il plaît aux princes, ou; s'ils ne peuvent l'être, Tâchent au moins de.

le paraitre : Peuple caméléon, peuple singe du maitre.

La Bruyère flagelle les jeunes magistrats, passant « · de la férule à la pourpre », et polir lesquels il s'agit de « décider souverainement des vies et des fortunes des hommes » (2).

La Fontaine avait critiqué surtout la pro- cédure de son temps : · .

Le simple sens commun nous tiendrait lieu de code, ,...

Il ne faudrait point tant de frais; Au lieu qu'on nous mange, on nous gruge ...

On ne reçoit souvent que le sac et les quilles.

La rancune très particulière de La Bruyère va conti·e les financiers, « âmes sales, pétries de boue et d'ordure », gens pleins d'orgueil et de morgue, qui ont « l'audace d'avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles» (3).

Ce sont ces mêmes traitants que La Fontaine montre « experts à nettoyer un monceau de pistoles ».

Une classe est encore étudiée avec soin par La Bruyère, qui n'est qu'in­ diquée par un seul type, faux ou exceptionnel, dans La Fontaine (Jean Chouart) ·: c'est le clergé.

Le gentilhomme ordinaire de la maison de Condé oppose à « ce garçon si frais, si fleuri, seigneur de dix bénéfices, riche de vingt-six mille livres de revenu» (4), le pauvre Tite, végétant jusqu'à sa retraite, c'est-à-dire pendant vingt ans, jusqu'à ce que le pre­ mier petit clerc le remplace dans son emploi, poste subalterne, alors qu'il est digne.

d'occuper la première place (5).

Quelles fines et malignes sil­ houettes que celles du sermonneur plus tôt évêque que le plus solide écrivain n'est revêtu d'un prieuré simple» (6); des abhés et des abbesses, «à qui il ne manque rien de l'ajustement, de la mollesse et de la vanité des sexes et des conditions »; du .pasteur achevant sa digestion au banc d'œuvre, tandis que le docteur, qui a « d'abord un bel habit et ensuite des titres », explique «la lumière de gloire » à des fidèles béats; des chanoines qui, ayant délaissé l'usage de l'office, ne savent plus louer Dieu (7).

A côté, se placent, mais trop rares dans cette galerie, les membres du clergé savant et pieux ; Trophime (Bossuet), le prélat qui n'a jamais besoin d'être cardi­ nal (8); le curé « imitateur du zèle et des vertus des Apôtres »; les clercs « dont le seul caractère est efficace» (9). *** · PUisque la lecture de La Fontaine êt de La Bruyère nous fait connaître la société de leur temps et assister à la comédie humaine, ils sont donc moralistes.

Quels sont la nature et le mérite de leur morale? (1) De la Cour.

!2) De quelques usages.

·(3) Des Blens de la fortune.

(4) Des Biens de la foJ•tnne.

(5) De quelques Usages.

(6) De la Chaire •.

(7) De quelques Usages.

(8) Du Mér1te personnel.

(9) De la Chaire.. »

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