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LA FORMATION DE LA TRAGÉDIE CLASSIQUE

Publié le 19/05/2011

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CORNEILLE ET SON TEMPS

1. — Avant Corneille (1600-1630). Les genres. — Au début du XVIIe siècle, le théâtre sérieux est représenté par la tragédie, la tragi-comédie et la pastorale. — La tragédie n'est pas encore régulièrement constituée dans la forme que suivront Corneille, Rotrou, Racine, etc.; elle ne le sera qu'avec la Sophonisbe de Mairet (1634). Les autres genres la tragi-comédie et la pastorale, venus d'Italie (l'Aminta du Tasse est de 1571), répondaient mieux au goût du public. C'est dans les premières années du XVIIe siècle que se fondent à Paris des troupes régulières. Aux confréries, aux associations temporaires, se substituent des comédiens de profession. A l'une de ces troupes, qui s'établit à l'Hôtel de Bourgogne, était attaché un poète, Alexandre Hardy. Hardy (1569-1630) produisit, en l'espace de trente ans environ, un nombre considérable de pièces : on croit qu'il en a composé au moins de sept à huit cents; il n'en fit imprimer qu'une quarantaine : pastorales, tragi-comédies, tragédies (6 vol., 1623 à 1628). Les pièces de Hardy se jouaient dans un décor simultané, représentant, comme l'ancien théâtre des mystères, plusieurs lieux. L'action se déplaçait avec les personnages; elle se transportait d'un pays à un autre, et la durée n'en était pas astreinte à la règle des vingt-quatre heures.

Théophile de Viau (1590-1626), célèbre aussi comme poète lyrique, a laissé une tragédie de Pyrame et Thisbé (1617). On en cite volontiers deux vers ridicules sur le poignard qui rougit pour s'être lâchement souillé du sang de son maître. La pièce vaut mieux que sa réputation. Il y a, chez Théophile, du lyrisme, et un lyrisme précieux, d'une tendresse souvent délicate.

« de ses filles fut religieuse; une autre, mariée, eut pour arrière-petite-nièce Charlotte Corday. Le retour au théâtre (1659-1674).

— Dès 1658, certaines circonstances qui n'ont pas été bien éclaircies le fontrevenir au théâtre.

La troupe de Molière passe à Rouen, et joue plusieurs pièces de Corneille, qui figuraient à sonrépertoire.

De plus, Fouquet fait offrir à Corneille une forte prime, s'il veut bien composer une nouvelle tragédie, et illui propose trois sujets à choisir.

Corneille se laisse tenter.

Il donne, en 1659, son Œdipe, avec un grand succès.

Etcette pièce est suivie de dix autres, avec des fortunes diverses.

Mais, en 1674, Suréna « tombe à plat ; etCorneille, âgé de soixante-huit ans, renonce définitivement au théâtre. Les dernières années (1674-1684).

— Il a couru sur la misère de ses dernières années des légendes discutables.

Ilest certain que Corneille a relativement gagné peu d'argent avec ses pièces, et qu'il s'est appauvri en dotant sesfilles et ses fils, surtout les deux officiers, qui « tenaient état de nobles ».

La pension de deux mille livres qui luiavait été octroyée en 1662, cessa de lui être payée en 1674; elle lui fut de nouveau servie à partir de 1678, maisirrégulièrement.

On prétend même (c'est Boursault qui le raconte) que Boileau, quelques mois avant la mort dupoète, aurait offert d'abandonner sa propre pension en faveur de Corneille.

Louis XIV envoya à Corneille deux centslouis sur sa cassette peu de jours avant sa mort.C'est à Paris que mourut Pierre Corneille, le 3o septembre 1684; son corps fut inhumé dans l'église Saint-Roch.Le caractère de Corneille.

— Corneille n'avait rien de l'homme du monde; il disait de lui-même : « Comme Dieu m'afait naître mauvais courtisan, j'ai trouvé dans la cour plus de louanges que de bienfaits, et plus d'estime qued'établissement.

» Les contemporains ont été frappés d'un contraste, chez celui qu'ils appelaient le bonhommeCorneille, entre l'individu et son génie.

Corneille, citoyen paisible et timide, marguillier de sa paroisse, père de famillese ruinant pour ses enfants, est tout l'opposé d'un poète romantique.

Il ne se croit aucune fonction sociale nipolitique.

Il n'est grand que par l'esprit, « qu'il avait sublime », dit La Bruyère.On ne saurait trop signaler l'opposition absolue qui existe entre la religion de Corneille et celle de Racine : Corneillen'a jamais cru qu'il y eût incompatibilité entre la dévotion chrétienne et le théâtre; Racine, du jour où il se convertit,renonce à composer des tragédies. Analyse des principales tragédies. Corneille avait débuté par des comédies.

Sa première pièce est !délite (164), dont nous avons expliqué l'occasion.

Acette époque, la comédie était plutôt bouffonne et grossière; c'était toujours la farce.

Pour trouver de la dignité, ilfallait monter jusqu'à la tragi-comédie et jusqu'à la pastorale.

Corneille a donc la gloire incontestable d'avoir donnéavec succès les premiers modèles de la comédie mondaine et honnête.Il continue à exploiter cette veine dans : la Veuve ou le Traître puni (1633), la Galeri3 du Palais ou l'Amie rivale(1633), la Suivante (1634), la Place Royale (1634), l'Illusion comique (1636).En 1635, entre la Place Royale et l'Illusion comique, Corneille avait donné sa première tragédie, Médée, imitée deSénèque.

On a retenu la are réponse de Médée : Dans un si grand revers que vous reste-t-il? Moi. 1636.

— A la fin de cette année, le Théâtre du Marais représente la Cid, imité du romancero espagnol et surtout dudrame de Guilhem de Castro (1621).

— Rodrigue, fils de Don Diègue, aime Chimène, fille de Don Gormas et les deuxfamilles sont déjà d'accord pour ce mariage.

Mais une querelle éclate entre les deux pères : Don Gormas soufflette levieux Don Diègue.

Celui-ci, que ses forces trahissent, remet sa vengeance à son fils.

Rodrigue a un momentd'hésitation : « Faut-il laisser un affront impuni ? faut-il punir le père de Chimène ? » Enfin son devoir lui apparaîtnettement; il provoque Don Gommas et le tue.

Puis il se présente devant Chimène, et, tout en lui déclarant qu'ill'aime toujours, il ne regrette rien puisqu'il a fait son devoir.

Celle-ci approuve le courage de Rodrigue, mais elle feraelle aussi son devoir, qui est de poursuivre le meurtrier de son père et de demander son châtiment.

Cependant DonDiègue apprend que les Maures préparent une surprise contre Séville; il envoie Rodrigue les attaquer, et le jeunehomme remporte une victoire complète.

Chimène n'en continue pas moins à réclamer la tête de Rodrigue, et le roiconsent à un combat singulier entre Don Sanche, champion de Chimène, et Rodrigue.

Don Sanche est vaincu.

Le roidéclare l'honneur satisfait, et ses dernières paroles laissent entrevoir la possibilité d'un mariage entre Chimène etRodrigue.Le succès du Cid fut éclatant et révéla en Corneille un poète tragique que personne ne soupçonnait dans l'auteur deMédée.

Il passa en proverbe de dire : Beau comme le Cid.

Mais ce succès déchaîna contre Corneille cette fameusequerelle, où figurent à la fois, parmi ses adversaires, un Scudéry, un Chapelain et un Richelieu.Les années 1637, 1638 et 1639 ne voient paraître aucune nouvelle tragédie de l'auteur du Cid.

Mais Corneille nes'était pas contenté de répondre à ses adversaires ou de maudire ses juges; il avait travaillé, puisqu'il donne, en164o, deux tragédies : Horace et Cinna. 164o.

Horace.

— Horace est tiré de l'historien latin Tite-Live, I, chap.

xxiv-xxv.

Albe et Rome sont en guerre;comme les deux villes sont unies par de nombreuses alliances entre les familles, on décide d'arrêter l'effusion dusang, et de choisir dans chaque camp trois champions : l'issue du combat décidera de la suprématie de l'une desdeux villes.

Le sort tombe, chez les Romains, sur les trois Horaces, et, chez les Albains, sur les trois Curiaces.

Undes Horaces avait épousé Sabine, soeur des Curiaces; un des Curiaces était fiancé à Camille, sœur des Horaces.

Les. »

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