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LA JEUNE TARENTINE de Chénier

Publié le 13/03/2011

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   Pleurez, doux alcyons! o vous, oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez!    Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine! Un vaisseau la portait aux bords de Camarine : Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement Devaient la reconduire au seuil de son amant. Une clef vigilante a, pour cette journée, Dans le cèdre enfermé sa robe d'hyménée, Et l'or dont au festin ses bras seraient parés, Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés.    Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles, Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles L'enveloppe : étonnée et loin des matelots, Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots.    Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine! Son beau corps a roulé sous la vague marine. Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher, Aux monstres dévorants eut soin de le cacher. Par ses ordres bientôt les belles Néréides L'élèvent au-dessus des demeures humides, Le portent au rivage et dans ce monument L'ont au cap du Zéphyr déposé mollement; Puis de loin, à grands cris appelant leurs compagnes, Et les nymphes des bois, des sources, des montagnes, Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil, Répétèrent, hélas! autour de son cercueil : « Hélas! chez ton amant tu n'es point ramenée : Tu n'as point revêtu la robe d'hyménée, L'or autour de tes bras n'a point serré de nœuds, Et le bandeau d'hymen n'orna point tes cheveux. «

Le fond même du poème n'a aucune importance; l'œuvre n'est pas écrite pour faire réfléchir à quelque problème moral, philosophique; elle n'a aucun caractère de confidence romantique et ne cherche pas à émouvoir profondément la sensibilité; la pitié pour cette jeune Tarentine inconnue, sans nom, si lointaine, reste vague et superficielle. Chénier d'ailleurs emprunte son sujet à un poète latin, Manilius. Tout le génie du poète est dans l'impression de beauté et d'harmonie qu'il sait nous donner. L'œuvre parle avant tout à l'imagination, à cette forme d'imagination esthétique qu'enchantent des visions, joyeuses, mélancoliques ou tristes, mais toutes pénétrées de ce charme mystérieux qu'on appelle la grâce et la beauté.   

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