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LA LEÇON DE MOLIÈRE

Publié le 27/02/2011

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     Elle est sévèrement discutée par Bossuet, Fénelon, Rousseau et Voltaire.    I. Limites:    — On peut d'abord déplorer qu'il n'y ait chez Molière aucun écho des inquiétudes profondes ou des malaises naissants en cette seconde moitié du siècle. Mais nul écrivain — pas même La Bruyère — n'a senti ou exprimé un trouble que dénonceront seulement les philosophes du siècle suivant. D'autant que Molière, auteur officiel, ne pouvait se permettre aucune liberté dans la critique.    On conviendra que Molière n'a pas, à proprement parler, édifié une philosophie ou, une morale (ce n'était pas son métier). Tout au plus faut-il parler de règles pratiques, d'ailleurs prudentes, conformes aux idées du moment et qui justement tirent leur valeur de cet accord avec la majorité.

« malgré l'élégance.

Surtout, M.

Jourdain : la naïve admiration de la noblesse ; ici Molière, bourgeois, semble en vouloirà M.

Jourdain de trahir la bourgeoisie.

Le problème de l'anoblissement est exactement posé : on peut acquérir ouusurper un titre (Arnolphe se fait appeler M.

de la Souche), mais on conserve les manières de sa « classe ». — On pourrait ajouter d'autres objets à ces luttes : les mésalliances d'âge, de condition, de convenance personnelle; l'avarice : danger social en ce qu'il détourne l'argent de sa fonction ; danger moral, familial ; chez Harpagon, elleconduit à l'usure ; la médecine : duperie dangereuse pour la santé et ruineuse pour la bourse. IV.

LA MORALE DE MOLIÈRE : — Il reste à juger la valeur et la portée de cette « morale pratique ». A.

De sévères reproches : — de l'impiété ; sévérité envers les ridicules et non envers les vices (Bossuet).

Aucontraire, le vice à l'air aimable : le libertinage de Cléante, dans Tartuffe ; Don Juan reste séduisant ; la vertu estodieuse (Alceste), prétend Fénelon. — Le plus sévère est Rousseau : Molière fonde une école de vices et de mauvaises mœurs.

Le vice est parfois raillé,mais on n'en fait pas, pour autant, aimer la vertu. — Plus précisément, on peut accuser Molière : de n'avoir pas vu ce que la société de son temps doit de décence etde correction au mouvement précieux ; de méconnaître l'effort de libération de la femme : il la veut limitée à sesdevoirs naturels, soumise à l'homme ; de faire de la foi une concession prudente de libertin et non un élan du cœur :l'essence du sentiment religieux n'a pas été sentie par l'épicurien Molière ; de préférer l'hypocrisie mondaine à lavigueur de la franchise ; de se moquer de l'effort d'élévation, touchant malgré tout, de M.

Jourdain ; même,d'oublier, pour les besoins de la caricature, l'effort scientifique que commencent à faire les médecins de son temps. Bref : Molière oublie les vices réels (avarice à part), s'en prend à des travers peu graves, dénature de louablesefforts et propose un idéal de vertu si traitable qu'elle n'est plus que conformisme. B.

Une plus juste interprétation : — Le libertinage qui scandalisait Bossuet se justifiait par le fanatisme excessif de certains dévots qui tyrannisaientles consciences (Mme de Maintenon, la Compagnie, etc...).

L'idéal de Clitandre est devenu celui de bien deshonnêtes gens. — Le vice n'est jamais aimable : Harpagon, Tartuffe sont répugnants ; Don Juan est appelé un « méchant homme ».Odieux aussi les égoïstes (Argan), les vieillards amoureux (Arnolphe).

Par contre,^on ne saurait parler du « vice » dePhilinte, modéré tout au plus, fidèle ami. — Alceste demeure sympathique par son ardeur et sa générosité, touchant par sa souffrance, grand par son orgueil. On peut donc conclure : une parfaite clairvoyance concernant les travers ou les vices qui menacent son siècle —,une morale surtout sociale —, un idéal qui se situe au « juste milieu ».. »

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