La littérature francophone
Publié le 10/11/2018
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LA FRANCOPHONIE
Forgé au XXe siècle, ce mot désigne l'ensemble des pays où l'on parle le français. Un espace à géométrie variable, suivant que le français y est parlé par la majorité de la population, comme c'est le cas en Wallonie, au Québec et en Suisse romande, ou par une très petite minorité, comme en Israël ou aux États-Unis. La France est bien sûr, au cœur de la francophonie, même si elle a pu jouer un rôle moins actif dans ses institutions que le Canada, par exemple. En revanche, quand on traite de littérature francophone, on n'inclut généralement pas les écrivains français.
Une littérature francophone a pu se développer dans certains pays pour des raisons évidentes : ainsi, en Suisse romande, on écrit depuis sept cents ans en français. Dans d'autres pays, comme ceux de l'Afrique noire, le français s'est imposé du fait de l'expérience coloniale, et parce que les langues locales n'avaient pas de forme écrite. Au Maghreb et au Proche-Orient enfin, le français est pratiqué en concurrence avec l'arabe, selon un jeu qui n'exclut pas une forme de complémentarité et implique des choix esthétiques, culturels et idéologiques.
«
Il
y a deux siècles que cette moitié d11e
a conquis son indépendance, ce qui a
contribué à en faire un lieu privilégié à
la fois de l'Identité noire et de la
littérature francophone.
Ce n'est pourtant qu'au xX' siècle
qu'apparaissent les grandes voix
haniennes.
Un médecin, Jean
Priee-Mars (1876-1970), invite dès
1927 ses contemporains à explorer
l'héritage africain (Ainsi parla l'oncle).
Il devance ainsi le mouvement de la
négritude, qui donnera lieu en Hani
à plusieurs écoles littéraires.
Il faut d'abord citer l'indigénisme,
notamment représenté par Jean
François Brierre (1909-1992), avec
les poèmes d'Images d'or (1956).
Frankétienne (1936) et Jean-Claude
Fignolé (1942) fondent ensuite le
spiralisme, à partir d'une esthétique
du mélange des genres qui oppose
le baroque hanien aux traditions
occidentales trop figées.
Du second, on
citera en particulier les romans, comme
Les Possédés de la pleine lune (1987).
La dictature de Duvalier contraint
de nombreux écrivains à l'exil.
lmile
Ollivier (1940), qui s'est fixé au
Canada, a travaillé sur les figures de
l'absence et de l'origine, avec des
romans comme Paysage de l'aveugle
(1977) ou Mère-solitude (1983).
Reni De�stn (1926), qui a vécu
à Paris et à Cuba, donne d'abord une
poésie militante avant de publier
Bonjour et adieu à la négritude (1980).
Loin du grand rêve africain, il retrouve
dans l'exil un Hani imaginaire,
qu'il va s'appliquer à faire vivre dans
une langue somptueuse et baroque
(Éros dans un train chinois, 1990).
Colonisé
entre la fin du XIX' et le début
du XX' siècle, le Maghreb a donné à
la France quelques-uns de ses grands
écrivains, dont Albert Camus.
Mais
on ne parlera vraiment de littérature
francophone que chez des auteurs liés
à la décolonisation ou ayant vécu dans
des pays libérés.
Parmi ceux-ci, le Tunisien Albert
Memmi (1920) apparaît comme un
précurseur, interrogeant dans La Statue
de sel (1953), un roman largement
autobiographique, son identité juive et
tunisienne.
Après Driss ChrDibi (1926), qui
propose avec Le Passé simple (1952)
un témoignage sur la "condition
algérienne» au sein de l'espace
français, Kateb Yacine (1929-1989,
Le Cercle des représailles, 1959)
est l'un des premiers à témoigner
directement de la réalité algérienne
et des déchirements de l'indépendance.
RDchid Boudjedrtl (1941), qui
participe lui aussi activement à la
décolonisation de l'Algérie, sera
parmi les tout premiers à porter
un regard critique sur l'indépendance
(La Répudiation, 1969).
RDchid
Mimoun/ (1945-1995) le suivra
avec Le Fleuve détourné (1982).
Après avoir publié quelques œuvres
remarquées pour la modernité de leur
écriture (Topographie idéale pour une
agression caractérisée, 1975),
Boudjedra choisit officiellement l'arabe
en 1982.
Mais les critiques se
demandent quelquefois s'il n'écrit pas
d'abord ses livres en français ...
Le Marocain Tflhflr Ben Jelloun
(1944) a pour sa part fait le choix
culturel et idéologique du français, et
s'est imposé comme l'un des meilleurs
auteurs du moment avec par exemple
La Nuit sacrée (1987), roman pour
lequel il obtient le prix Goncourt.
MohDmmed Dib (1920), l'auteur de
La Danse du roi (1968), a conquis une
audience internationale en passant
progressivement du réalisme à une
dimension allégorique dont témoigne
bien L'Infante maure (1994), où
réapparaît une Algérie largement
imaginaire.
Il faut enfin évoquer les poètes.
Mohamed Khair-Eddine (1941-1995),
qui forge avec Soleil arachnide (1969)
une prosodie de la révolte, contraste
avec l'œuvre infiniment plus classique
de Hédi Kaddour (1945) ou le lyrisme
plus apaisé d'Abdelatif Laabi (1942).
Liban,
Syrie : la terre de l'arabe
classique a donné à la littérature
francophone quelques grands poètes.
Si c'est avec Chékri Ganem (1861-1929)
qu'apparaît une littérature d'expression
française au Proche-Orient, on citera
plus facilement Edmond Jabès (1912-
1991), proche des milieux littéraires
français, qui fait revivre une .....
r;g tradition
mystique dans
une série de
méditations
poétiques (Le
Livre des
questions,
1975).
Plus
récemment
SDIDh Stétlé (1929), avec des œuvres
comme Hermès défenestré (1997),
s'est imposé comme la voix marquante
de la littérature libanaise.
Poète lui aussi, Georges Schéhadé
(1907-1989) s'est fait surtout connaître
pour son théâtre, d'inspiration
surréaliste (Monsieur Bob'le, 1951).
Enfin, il existe une tradition
romanesque, même si elle n'est pas
aussi bien représentée que l'école
poétique.
Vahé Katcha (1928), né
en Syrie, donne ainsi des romans où
l'intrigue policière met en valeur des
passions poussées à leur paroxysme
(Se réveiller démon, 1964)
Véritable mosaïque de langues dont
toutes n'étaient pas écrites, l'Afrique
noire a pu trouver dans le français sa
lingua franco, puisant de surcroît dans
son histoire littéraire les éléments d'une
écriture renouvelée : les notions
d'auteur, de création, la vocation
critique du livre sont généralement
absentes de la tradition folklorique,
quelle que soit par ailleurs sa richesse.
Le grand nom de la littérature africaine,
c'est bien sûr Léopold SédDr
Senghor (1906-2001), qui est à la fois
l'un des premiers Noirs à occuper une
position littéraire et politique dans la
France coloniale, avec le mouvement
de la négritude (les poèmes
d'Éthiapiques sont publiés en 1956),
et l'un des fondateurs d'une culture
politique et littéraire plus
spécifiquement africaine, en tant que
président du Sénégal.
Moins polyvalent, le Rwandais
Alexis Kagamé (1912-1981) s'est plus
résolument consacré à l'exploration
des traditions orales, en entreprenant
la collecte des contes en langue
kinyirawanda, complétée par
des études érudites en français.
Oralité, folklore, inexistence de la notion
d'auteur : la tradition littéraire
africaine diffère beaucoup de la
conception occidentale, et les auteurs
africains ont à inventer une position
originale entre ces deux cultures.
Amadou Hampaté Bâ (Mali, 1901-
1991) est ainsi l'un des défenseurs de la
tradition orale, mais il choisit la forme
occidentale d'un roman pour en exalter
la redécouverte (Hamkoulle/, l'enfant
peul, 1991 ).
De la même façon, le roman peut
apparaître comme un instrument
de critique et de distance après
les premières expériences de
décolonisation : on citera ainsi Soleil
des indépendances (1968) d'Amadou
Kourouma (1927), premier grand
roman de la déception.
De la même façon, le français peut
apparaître comme le lieu d'une prise
de distance culturelle : Mariama Bi
(Sénégal, 1929-1981) publie ainsi
en 1979 Une si longue lettre, véritable
coup d'envoi de la littérature féminine
africaine, dont l'un des enjeux est
précisément de réinventer le statut
de la femme en Afrique.
Si le français a pu s'imposer en Afrique
pour la forme littéraire (personnelle,
critique, privilégiant le récit) qu'il
proposait à des auteurs ne se
retrouvant pas dans le pur et simple
retour à la tradition orale, on a aussi
pu voir des écrivains s'en servir d'une
façon plus apaisée, comme l'une des
langues qui étaient à leur disposition :
camara Laye {Guinée, 1928-1980)
publie ainsi un très beau livre (L'Enfant
noir, 1983) de souvenirs sur le paradis
perdu d'une enfance, où le bonheur
d'évoquer le monde ancien l'emporte
largement sur la conscience de sa
dissolution dans la modernité.
Enfin, dans le même ordre d'idées,
Francis Bebey (1929-2000), musicien,
poète et romancier camerounais,
a peint dans Embarras et Ge (1969)
une fresque épique et amusante de
l'Afrique en proie à la modernisation.
AIIR Césalrl.
l'Inventeur de ce terme,
est né aux Antilles.
La négritude est un
mouvement littéraire rattaché avant
tout à la couleur de peau et à la
revendication d'une fierté culturelle qui
n' est pas forcément liée à l'Afrique.
Outre Césaire, ce sont surtout Léopold
Sédar Senghor et Léon Gontran Damas
qui animèrent et illustrèrent ce
mouvement La revue L'Étudiant noir.
fondée en 1935, apparut comme un
laboratoire � la fois politique et
esthétique..
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