LA LITTÉRATURE PENDANT LA RÉVOLUTION ET L'EMPIRE - INFLUENCE DE LA RÉVOLUTION SUR LA LITTÉRATURE
Publié le 30/05/2012
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La Révolution produisit d'abord un avilissement inouï de la littérature. Les oeuvres où se continuait la précédente époque nous apparaissent noyées au milieu du fatras, des platitudes, des grossièretés, des violences sans caractère et sans décence, par où toute sorte d'écrivassiers flattèrent les passions du peuple, et les entretinrent honteusement sous prétexte de se mettre à. sa portée. Je parle surtout du théâtre, plus asservi que tous les genres proprement littéraires à toutes les modes, à tous les états passagers de l'opinion. Lorsqu'un nouvel ordre s'établit, la littérature n'est plus tout à fait au point où elle était en 1789 : plus affranchie du goùt mondain, de l'esprit, de l'analyse, de la finesse piquante, ....
«
plus factice, plus médiocre ou plu~ fausse de pensée.
Écartons
donc toute cette masse d'écriture inutile, qui n'ajoute qu'un poids
mort
à notre littérature.
Venons à l'essentiel : cette période nous
présente trois faits considérables qui intéressent la littérature :
la destruction de la société polie, le développement du journa lisme, l'épanouissement de l'éloquence politique.
Elle nous offre
trois grands noms : Mirabeau, Mme de Staël, Chateaubriand.
i.
RUINE DE LA SOCIÉTÉ POLIE.
La Révolution a fermé les salons.
En suspendant pendant dix ou
douze ans la vie mondaine, elle a soustrait la littérature aux con
ventions de pensée et aux élégances de diction que celle-ci impo
sait.
Même lorsque les salons se rouvrirent et que la vie de société reprit son cours, jamais l'ancienne tyrannie du goût des gens du
monde ne fut rétablie : même sous la Restauration, et à plus
forte raison depuis, les plus célèbres salons n'eurent jamais qu'une
influence très limitée.
Alors que, depuis le xviie siècle, le monde
était comme le milieu naturel de l'espèce des écrivains, alors que
les ouvrages devaient, pour réussir et vivre, lui être et destinés
et adaptés, il arrivera rarement désormais que les écrivains les
plus illustres, les plus
à la mode même, soient des hommes du
monde, et y prennent l'esprit, la couleur de leur œuvre.
Cela aura pour premier et sensible effet de reporter du dehors au dedans la
règle, la loi de la création littéraire, de rendre l'écrivain dépen
dant de son seul tempérament, de son propre et personnel idéal : à moins- ce qui arrivera aussi -qu'à la tyrannie du monde ne
se substitue la tyrannie des écoles, des ateliers, des sociétés
pro fessionnelles, imposant d'absolus mots d'ordre, d'exclusives for
mules,
et décriant la concurrence.
En tout cas, jamais depuis i 789 la littérature n'a reçu du public mondain ni impulsion ni direc
tion.
Et cela revient à dire que les femmes ont perdu leur empire
presque deux fois séculaire.
Je crois, en effet, qu'un des caractères
généraux de la littérature qui s'est développée en ce siècle, orientée tantôt vers la science et tantôt vers l'art, c'est d'être une littérature
d'hommes, faite surtout par et pour des hommes.
Avec le monde, la Révolution emporta le goût classique.
Ce n'est pas parce que les collèges, comme les salons, furent fermés :
on les rouvrit.
Mais ce qui soutenait le goût classique, c'était le monde, une aristocratie de privilégiés si bien dispensée des spé
cialisations et des actions professionnelles qu'elle en regardait la
marque comme disqualifiant l'honnête homme : alors l'éducation.
»
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