La musique dans La Règle du jeu

« résumé, les sources de musique sont presque toujours justifiées visuellement.

qu'il s'agisse des automates de La Chesnaye, de son limonaire, des radios égrenant des fox­ trots, de la pianiste et du trompettiste animant la soirée de La Colinière ...

D'où, pour la musique, un statut forcément «in-» (source à l'image) ou «hors-champ» (source présente mais ne figurant pas dans l'espace délimité par le cadre*).

On peut penser que, par souci d'aller vers un sentiment de vérité, Renoir a donc opté pour un réalisme musical qui, toutefois, appelle plusieurs remarques.

--·LA MUSIQUE COMME REFLET DU PASSÉ Si on devait définir sa couleur, on pourrait dire que la musique de La Règle du jeu possède l'esprit du xv111• siècle.

Et pour cause : le film s'ouvre et se referme sur Mozart.

Cette utilisation est d'autant plus signifiante que, comme le rappelle Renoir lui-même dans Ma vie et mes films (Flammarion, 1974), La Règle du jeu puise partiellement sa genèse dans ce même répertoire : «Je ne peux pas dire que la musique baroque française m'ait inspiré La Règle du jeu, mais elle a contribué à me donner l'envie de filmer des personnages se remuant suivant l'esprit de cette musique.

Je ne me suis appuyé sur elle qu'au départ.

[ ...

] Je commençais une période de ma vie où mes compagnons habituels devenaient Couperin, Rameau, Lully.

Peu à peu, mon idée prenait corps et le sujet se précisait.» On trouve là l'une des particularités de La Règle du jeu: une musique d'époque (essentiellement xv111• siècle) pour un film qui n'évoque pas l'époque en question1.

À travers ces compositions préexistantes, Renoir donne au passé une valeur de refuge : Christine évoque avec émotion le souvenir de son père, Stielher, chef d'orchestre à Salzbourg, 1.

Selon un autre processus.

Renoir avait employé une partition plutôt moderne de Darius Milhaud pour Madame Bovary, dont l'action se déroule vers 1850.

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